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Un proche de Fillon à l’assaut de Champigny-la-rouge
Publie le lundi 18 février 2008 par Open-Publishingde FRANÇOIS WENZ-DUMAS
Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), bastion emblématique du Parti communiste français dans l’ex-« ceinture rouge » de Paris, va-t-il basculer à droite ? En 2001, Jean-Louis Bargero qui présidait depuis 1975 aux destinées de la ville l’avait emporté au premier tour, mais avec seulement 51,80 % des voix. A mi-mandat, il avait passé les rênes à son premier adjoint Dominique Adenot, lequel conduit aujourd’hui une liste d’union de la gauche PC-PS, mais sans les Verts.
Rébellion. Face à lui, l’UMP présente un jeune énarque de 36 ans, Vincent Chriqui, ancien directeur de cabinet du ministre de l’Emploi Gérard Larcher et aujourd’hui conseiller de François Fillon à Matignon. Une candidature qui a suscité localement quelques remous, avec la rébellion d’un conseiller municipal sortant Yves Juhel, qui se présente à la tête d’une liste divers droite. Ce dernier est soutenu par l’ancienne ministre Marie-Anne Montchamps, députée (UMP) suspendue de son parti pour avoir voulu se présenter à Nogent-sur-Marne contre le maire sortant officiellement investi.
Cette dissidence pourrait être pour Vincent Chriqui un handicap, et l’occasion inespérée pour Dominique Adenot de sauver la mise du PCF dans une ville qui compta parmi ses plus illustres citoyens l’ancien secrétaire général du parti, Georges Marchais, décédé en 1997, et où vit toujours sa veuve, Liliane. « S’il y a à Champigny un David Martinon, en tout cas ce n’est pas moi ! », ironise Yves Juhel.
Lors des réunions publiques du candidat UMP, comme celle qui se tenait mercredi soir au centre culturel Gérard-Philipe, les sympathisants ne manquent pas de s’interroger sur cette primaire à droite. Vincent Chriqui dédramatise : « Dans une ville de 75 000 habitants comme Champigny, il aurait été étonnant qu’il n’y ait pas de liste dissidente. Et de toute façon nous avons avec Yves Juhel un accord de désistement réciproque au second tour ».
Car l’élection au premier tour n’est pas acquise pour le communiste Dominique Adenot, 53 ans, même avec le soutien du PS. Surtout si la liste Modem conduite par Laurent Jeanne mord autant sur l’électorat de gauche que celui de droite. « Ceux qui vont faire la différence, estime Vincent Chriqui, ce sont les nouveaux habitants. » En particulier les jeunes couples, classes moyennes et cadres, qui ont trouvé, comme il l’a fait lui-même en 2002, un pavillon près des bords de Marne à un prix plus raisonnable que dans les villes voisines et bourgeoises de Nogent-sur-Marne, Joinville-le-Pont ou Saint-Maur-des-Fossés. Des communes nettement plus cotées sur le marché de l’immobilier que la petite république post-soviétique de Champigny-sur-Marne et ses 39 % d’HLM.
Assumer. Le maire communiste et son challenger UMP sont donc confrontés au même problème : comment gagner ces nouveaux électeurs ? Et surtout comment les gagner sans perdre les anciens, qui ne comprendraient pas que Dominique Adenot mette son drapeau rouge dans la poche, ou que Vincent Chriqui n’assume pas son étiquette sarkozienne et sa proximité avec François Fillon.
L’élu communiste parle donc aménagement urbain, environnement, vante les 7 000 équivalents logements que permet de chauffer la géothermie. « A aucun moment il ne parle du bilan de l’équipe sortante », s’étonne le dissident de droite Yves Juhel, soulignant que Dominique Adenot se présente comme s’il n’avait rien à voir avec les soixante dernières années de gestion communiste.
Mais les candidats de droite ne sont guère plus à l’aise pour attaquer les communistes. Jean-Louis Bargero, maire pendant près de 30 ans, était apprécié des anciens Campinois, et son prédécesseur Louis Talamoni, militant communiste issu de la Résistance, fait figure de héros. Alors ils préfèrent épingler les petits travers du PCF en restant sur le terrain strictement local. « Ils ont su doter la ville d’équipements sportifs et culturels intéressants, reconnaît Vincent Chriqui, mais chaque fois qu’il y a un problème, au lieu de chercher une solution, ils mettent une banderole sur la mairie, sortent les drapeaux rouges et disent aux gens : la mairie vous soutient dans cette lutte contre les injustices. » « A chaque rentrée scolaire, ils nous rejouent le même scénario, assure son colistier Jean-Michel Schmitt, enseignant et troisième sur la liste UMP. En oubliant d e rappeler que, pour les écoles, la Ville a son mot à dire et que les collèges sont du ressort du Conseil général dirigé par les communistes ».
« Beaucoup de nouveaux habitants sont tiraillés entre leur sensibilité souvent à gauche et leur souhait de voir tourner la page pour que la ville devienne aussi attractive que ses voisines », analyse Vincent Chriqui. Pour ne pas froisser ces électeurs, le candidat UMP a promis s’il était élu de ne pas jouer les règlements de comptes et de ne pas débaptiser le boulevard Stalingrad ou la rue Maurice-Thorez. Seule exception : la place Lénine. « Mais à Champigny, tout le monde l’appelle la place du marché », s’excuse-t-il.