Un rassemblement d’espoir face à l’hiver qui vient

Baisse des APL, hausse de la CSG, destruction du code du travail, suppression des contrats aidés… Nous sommes à l’aube de l’hiver promis par l’oligarchie. C’est tout le pacte social français qu’ils veulent violemment renverser. La mise en cause de la hiérarchie des normes dans le code du travail est une attaque globale contre l’ordre public social républicain. Voilà le mandat qu’ils ont confié au monarque Macron. Face à cet assaut sans précédent des marcheurs en cols blancs, reste au peuple sa capacité à s’ériger en défenseur de ce qui a fait l’exception française et son aptitude à créer les conditions d’un nouvel avenir humaniste. Le 23 septembre 2017 devait être la première démonstration de cet éveil populaire : pari réussi !

En effet, avec plus de 150.000 manifestants qui ont défilé joyeusement et pacifiquement entre Bastille et République, cette grande marche, à l’appel de la France Insoumise, a incontestablement constitué un immense succès populaire. Les polémiques grotesques que tentent d’ériger les petits soldats de la macronerie ne dissipent pas la véritable démonstration de force politique qu’a constitué cet événement.

Un « tous ensemble » politique et social !

La première démonstration de cette journée fut de donner à voir à tout un pays un « tous ensemble » inédit. Traditionnellement, la contestation sociale en France s’articule autour des journées de grève et des mobilisations syndicales. L’action des responsables et les militants politiques se bornant souvent à un soutien, plus ou moins effectif, aux secteurs de la société mobilisés. Cette fois, les choses ont été autrement. A l’initiative de la France Insoumise, le camp politique ne s’est pas contenté de soutenir : il a mis la contestation à l’ordre du jour de l’agenda et a entraîné dans l’action de nombreuses et diverses composantes du peuple.

Des dizaines de milliers de citoyens sont ainsi descendus dans la rue pour exprimer leur refus de la destruction de notre ordre social et appuyer, par leur présence consciente, le combat des salariés mobilisés. Rarement un mouvement social aura bénéficié d’une expression et d’un appui politique et populaire aussi fort que celui qui s’est exprimé samedi dans la rue.

Philippe Poutou, lui-même présent dans le rassemblement, salue ce regain de combativité : « On était très nombreux à manifester hier et ça fait chaud au cœur, ça fait du bien au moral ».

Ainsi, malgré les nombreuses tentatives venant des cyniques et des puissants de vouloir opposer l’action de la CGT à celle de la France Insoumise, nous sommes parvenus à construire une convergence qui sera un point d’appui crucial pour l’avenir. La réussite du 23 septembre vient prolonger et renforcer les mobilisations du 12 et du 21. Par son ampleur, la marche d’hier donne un souffle puissant aux secteurs qui vont engager, dès lundi, des grèves reconductibles. Ils savent désormais qu’ils ne sont pas seuls. Les acclamations nourries et fraternelles que la foule a adressé aux syndicalistes lors du discours de Jean-Luc Mélenchon sont un témoignage de cette convergence.

Voilà donc quelle fut la première réussite de ce 23 septembre : avoir réuni les conditions « d’un tous ensemble » social et politique inédit dans notre pays.

La France Insoumise : un label commun pour les aspirations du peuple !

Par le nombre et la diversité des acteurs mobilisés samedi, la France Insoumise a permis d’élargir les secteurs de la société qui ont basculé dans l’action. Cela fut déjà le cas lors de la campagne présidentielle : notre mouvement avait su entrainer autour de lui de nombreuses composantes de la société : étudiants, retraités, salariés, fonctionnaires, ouvriers, chômeurs, militants associatifs, artistes… Beaucoup avaient perdu espoir en la politique. Certains avaient renoncé à voter. Samedi, ils sont un certain nombre à avoir réinvesti le champ démocratique. Enfin.

Car c’était bien là l’objectif recherché par les organisateurs : profiter d’un samedi qui ne nécessitait pas de renoncer à une journée de salaire pour mobiliser très largement celles et ceux qui refusent qu’on impose au pays une politique contraire à l’intérêt général. Il fallait leur redonner voix au chapitre.

Ce succès est sans conteste celui d’une stratégie de mise en mouvement du peuple qui ne s’est pas résumée à proposer un rassemblement étriqué d’étiquettes partisanes. Nous n’avons pas défilé qu’entre nous, nous avons été rejoint et dépassé par des milliers d’individus. Cela parce que les insoumis-es ont résolument tourné leur action vers les énergies populaires et citoyennes disponibles. Le succès et la force de cette marche réside dans le fait d’avoir proposé au peuple, en tant qu’entité politique, un cadre de mobilisation qui lui permette pleinement de faire irruption dans le champ politique et d’exprimer ses colères et ses aspirations de manière positive.

Ce résultat est d’autant plus enthousiasmant qu’en plus d’avoir créé les conditions d’une mobilisation citoyenne, la marche du 23 a également permis de rassembler une grande diversité de forces politiques opposées au libéralisme dans notre pays. Ont donc manifesté aux côtés des députés de la France Insoumise, les socialistes Benoit Hamon et Emmanuel Maurel, de nombreux élus communistes, des membres d’Ensemble, du NPA ou du Parti Ouvrier Indépendant ainsi que de nombreux militants syndicaux ou associatifs.

Cette capacité de rassembler, au-delà des étiquettes et des appartenances, a contribué à forger, dans l’action, une volonté collective : celle de rompre avec l’hégémonie libérale et capitaliste qui a contaminé une trop grande partie du champ politique de ces dernières décennies et dont les tenants sont de plus en plus voraces. Non contents du saccage de nos droits sociaux, les voilà qui font désormais peser un grand risque sur notre environnement, lui qui constitue pourtant le seul écosystème compatible avec la vie. Le CETA, traité de libre-échange avec le Canada est symptomatique de leurs intentions : libéraliser les règles du jeu économique pour mieux affaiblir les normes sociales, sanitaires et environnementales. Le monde qu’ils nous préparent c’est l’enfer pour l’humain et pour la nature.

Les marcheurs en cols blancs veulent aller vite et fort, car ils savent que la contestation les guette. Face à l’hiver qui s’avance, notre action doit s’intensifier. Parce qu’elle a réussi à construire une mobilisation large et populaire, rassemblant celui qui milite dans un parti, comme celui qui n’y milite pas, la France Insoumise a fait la démonstration de ce qu’elle était : un label commun pour les aspirations du peuple. C’est sur cette base solide désormais qu’il convient d’avancer et de répandre nos idées pour construire une majorité populaire. Chacun peut désormais venir y prendre sa place.

Et maintenant ? On amplifie !

Revenons à la bataille qui est devant nous. Depuis notre marche, le combat contre le « coup d’état social » s’est amplifié. Avec courage et détermination, les routiers ont ouvert la voie à une grève reconductible. Leur énergie est à saluer. Il faut soutenir les blocages à où les salariés se mettent en action, il faut contribuer aux caisses de grève qui permettent de construire le mouvement dans la durée. Enfin et surtout, il faut tout faire pour amplifier le mouvement à de nombreux secteurs économiques du pays. Macron est un colosse aux pieds d’argile, la mobilisation peut avoir raison de ces funestes ambitions.

Dans les entreprises, les ports, les universités, les industries, la mobilisation doit s’ancrer et s’amplifier. L’éparpillement des secteurs mobilisés et la dispersion des journées de mobilisation doivent être dépassés. La priorité doit être à la construction d’un mouvement qui fédère toutes les énergies dont notre peuple regorge lorsqu’il s’agit de réaffirmer sa dignité et de s’opposer aux mauvais coups que les puissants veulent lui porter. Et si l’hiver n’était pas si rude que ce que l’on nous prédit ?

A la place qui est la sienne, la France Insoumise devra se mettre au service de cette ambition.

https://carnetsinsoumis.wordpress.com/2017/09/25/premier-article-de-blog/