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Vers d’autres références

Publie le mardi 13 janvier 2009 par Open-Publishing

Les convergences d’intérêt que l’on peut aisément percevoir entre la société de consommation, la plupart des médias et les orientations gouvernementales sont renforcées par la mise sous tutelle de l’audiovisuel public.

Pour l’instant, cette concentration des pouvoirs alarme modérément nos compatriotes. Ils paraissent étourdis par les coups qu’ils reçoivent de toutes parts.

Il faut dire aussi que le rythme vibrionnant de l’action présidentielle, avec ses caractéristiques d’improvisation et de dispersion, tout comme sa mise en scène permanente qui sature les médias, sont des éléments d’une stratégie de manipulation de l’opinion. Le jeu sur les imaginaires collectifs n’est certes pas nouveau. Mais des instruments comme la télévision l’amplifient. Ils favorisent, par exemple, l’illusion de proximité, l’identification aux célébrités et la fascination par le luxe. Du reste, on recherche désormais volontiers la notoriété, même au prix du ridicule.

La société de consommation, dont il est bien difficile de s’affranchir, repose sur le postulat : « Je consomme, donc je suis ». Elle suscite des attentes immédiates et individualistes. La consommation détermine l’image sociale de sorte que, d’une part l’endettement personnel devient presque inéluctable et que, d’autre part l’acquisition d’un bien, fût-il modeste, confère le sentiment d’appartenance à la catégorie des riches. Chacun se valorise par rapport à ceux qui possèdent moins d’objets que lui. Le glissement vers la droite du corps électoral français s’explique sans doute en partie ainsi. D’ailleurs, le capitalisme nous pousse à croire que l’argent, critère de la réussite, ne serait que la juste récompense du mérite, qu’il conférerait le respect social, très difficile à obtenir par d’autres voies. Cette reconnaissance sociale serait un gage de bonheur.

Dans ce contexte, les questions relatives au travail sont rarement abordées. Pourtant, sa nature a changé. Aujourd’hui, il ne s’attache guère à l’épanouissement personnel, à la valorisation de l’individu. S’il permet de vivre plus ou moins décemment, il a surtout pour finalité de profiter au capital. Il peut dès lors se révéler aliénant ou destructeur.

Quand l’aptitude à consommer conditionne ainsi l’existence, quand l’information est dévoyée en un spectacle dont la banalité, si ce n’est l’insignifiance, fait diversion par rapport aux réalités de la vie, quand la gesticulation ou l’exploitation de l’émotion prévalent dans l’action publique, la pensée et la raison sont à peu près inopérantes. Pourtant, la crise économique révèle les artifices d’un système en perte de sens. Les prochains mouvements sociaux porteront probablement d’autres références.