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Vers une guerre mondiale ?

Publie le vendredi 5 juin 2009 par Open-Publishing
7 commentaires

de Jean-Claude Lefort

Il est assez rare, et même exceptionnel, que des auteurs puissent publier, quatre ans après la sortie d’un premier livre nous alertant sur les risques patents du déclenchement d’une guerre mondiale, une version nouvelle de leur livre initial. Une version certes actualisée mais non pas modifiée en ses fondements.

Quand on peut s’adonner à cet exercice, c’est que l’auteur du livre initial voyait juste – « terriblement » juste en l’espèce – et que les événements nombreux survenus depuis, qui auraient pu faire fondre son raisonnement comme neige au soleil, sont venus au contraire renforcer son opinion et ses analyses, prémonitoires en quelque sorte. C’est assez rare pour être souligné d’emblée car combien de livres sont éphémères en cette matière.

C’est ce que vient de faire Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, avec la sortie, non pas revisitée mais actualisée, de son livre fondamental : "Vers la 4ème guerre mondiale ?"*

La question qu’il pose, ou plutôt la démonstration rigoureuse qu’il fait, aboutissant à cette interrogation en forme d’affirmation suspendue, car si tout est possible rien n’est jamais fatal, est suffisamment sérieuse pour que les médias, qui connaissent les travaux de l’auteur, son sérieux, ses sources d’information incontestables, les médias donc devraient lui ouvrir tout grand leurs plateaux, leurs micros ou leurs colonnes pour qu’il s’explique. Il n’en va rien de moins, en effet, que de l’existence humaine sur la planète, et dans le « meilleur » des cas du devenir chaotique mais durablement dangereux des relations internationales. Au lieu de cela, c’est un silence assourdissant.

C’est une question sérieuse, s’il en est, mais le simple citoyen est loin de mesurer qu’elle se pose aujourd’hui et qu’elle n’est pas du tout résolue dans un sens qui pourrait l’amener à être soulagé. Alors on préfère lui offrir les jeux du cirque, le Loto, le « Qui veut gagner des millions ? » et autres anesthésiants du même acabit.
On est donc amené logiquement à se poser la question : mais pourquoi donc sur un sujet aussi sérieux et vital, cette chape de plomb ?
La lecture de ce livre nous apporte une explication qui est loin d’être flatteuse pour ces censeurs irresponsables : les stratégies mises en œuvre aujourd’hui par les puissances dominantes – qui sont donc délibérées – ne sont rien de moins que porteuses, en toute connaissance de cause, d’une guerre mondiale.

On pourrait se dire : « Mais c’est trop grave, il faut alerter l’opinion ! ». Ce serait logique si, comme il serait normal, on veut empêcher que le pire ne se produise. Mais si on le faisait, alors on ne verrait que trop que leur responsabilité est manifeste et accablante. Et évidemment il faut cacher cela au « bon peuple ».

Pascal Boniface, avec son livre, rompt le silence contenu en lui. On le sent à le lire. Son livre est une alerte « rouge » basée, comme le font les « scientifiques », non pas sur des hypothèses mais sur des faits réels, prouvés et incontestables. C’est pourquoi, pour peu que son livre soit largement connu par l’opinion publique, celle-ci se mobiliserait pour empêcher absolument cette folle course vers « l’abîme déluge » que les « Grands qui nous gouvernent » nous préparent. Sciemment. Mais bien loin de tout regard. Secrètement, presque.

Je ne veux ni ne peux ici résumer ce livre, un livre dense mais d’une lecture aisée et accessible au plus grand nombre. Ce n’est pas du BHL ou du Glucksmann qui vous embrouillent pour peu que vous parveniez à les lire. Il leur échoit de rendre présentable ou acceptable ce qui ne l’est pas ! Contorsions verbales confuses et mensongères poudrées de philosophie de bazar font le reste. Incompréhensibles à l’évidence, ineptes de manière flagrante, égocentrés à coup sûr mais qu’importe, ils ont « table ouverte » à TF1 ! Notamment.
Je ne résumerai pas, car je ne le peux, ce livre d’opinion et de géostratégie d’autant plus que mon message principal, après avoir lu ce livre d’une traite, est simple : « Courez vite l’acheter ! Organisez des rencontres avec l’auteur ! Faites la chaine pour la paix ! Et vite, car il y a urgence. »
Mais on comprendra, que dans des temps pas si anciens, ayant suivi avec une attention toute particulière ces questions à la « Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale », je décide d’écrire – ce qui est très rare – une présentation de ce livre.
En effet, Pascal Boniface évoque avec son travail couché sur papier « une quatrième guerre mondiale ». Pourtant il n’y a pas eu de 3ème ! Si, la « troisième » s’étant terminée dans un fracas inévitable avec la fin du monde bipolaire – Est-Ouest. Elle n’a cependant pas, fort heureusement, donné lieu à une guerre « chaude ». Les camps en présence à l’époque étaient également équipés militairement et non sans heurts ils se sont tenus en respect jusqu’à ce que l’un des deux chute sous le poids de ses propres contradictions avec un coup d’épaules, pour accélérer le mouvement, de la part de l’Ouest. Celui-ci s’est empressé de déclarer « la fin du monde », pas la fin physique du monde mais la fin de l’histoire en termes de choix différents autres que le modèle triomphant.
Cette « quatrième guerre mondiale » dont parle, pour nous alerter vivement, Pascal Boniface, est bien différente de la précédente.
Depuis que le monde n’est plus lisible comme il l’était avant avec sa grille de lecture simple, bipolaire et binaire – Est contre Ouest – « on » a introduit une nouvelle dimension autrement moins claire, autrement moins définissable et atteignable, une course contre un adversaire qui peut durer des lustres. Un adversaire sorte de « furet » qui est passé effectivement par ici et qui à coup sûr repassera par là.

Car il faut toujours un ennemi pour régner en maître. Dans son livre, Pascal Boniface rapporte cette phrase qui ne manque pas de sel, d’un conseiller diplomatique de M. Gorbatchev, Gueorgui Arbatov de son nom, annonçant malicieusement en 1987 à ses interlocuteurs américains : « Nous allons vous rendre le pire des services : vous priver d’ennemi. »
Mais l’ennemi nouveau est vite arrivé, pour les Occidentaux, sorti tout droit de quelque école de Chicago ou d’ailleurs : le « choc des civilisations », le monde musulman et l’Islam, seraient devenus l’ennemi. Et pas n’importe lequel. Un ennemi particulièrement dangereux et très différent du précédent, car insaisissable, divers, une nébuleuse non organisée à la manière d’une armée. Un point commun à cet ennemi : il est classable dans la rubrique par eux concoctée de « terroriste ». La version « douce » de cette thèse étant : « Non pas que tous les musulmans soient terroristes, mais tous les terroristes sont musulmans. », comme le note Pascal Boniface.

Et de fait des événements tragiques sont intervenus, notamment aux USA, en septembre 2001. Pour la première fois, un Etat à l’apogée de sa grandeur a été frappé en plein cœur. Ce qui indique que la supériorité militaire ne fait plus tout pour assurer la sécurité. Et depuis, si Ben Laden n’a (curieusement) toujours pas été attrapé, face à cet « adversaire », une seule réponse basée sur la force a été mise en œuvre. Une politique qui, comme le remarque l’auteur, n’a qu’une façon d’aborder le problème : la force brutale des armes. Non pas qu’il ne faille pas se protéger. Mais l’éradication des causes est plus efficace que celle des effets, laquelle provoque une véritable montée de haine contre l’Occident de la part du monde musulman. C’est un engrenage fou qui est à l’œuvre. Fou et dangereux. Plus il y a de coups violents et militaires portés de manière aveugle mais systématique et plus le fondamentalisme monte en écho. Et le terrorisme, prétendument adversaire déclaré.

En toute chose c’est une solution politique qui peut avoir raison et nous éviter le pire, nous dit ce livre. Loin d’éradiquer le « terrorisme » cette politique lui donne une matière propice à prospérer, c’est son engrais. Car la haine qu’elle provoque inévitablement accouche de radicalismes encore plus nombreux.
Mais on retiendra toute son attention sur la thèse centrale de Pascal Boniface. Le cœur du cœur de tout cela, pour lui, c’est le conflit israélo-palestinien. C’est sa thèse principale, que je partage totalement. Il n’affirme pas, il la démontre comme il souligne comment et pourquoi, dans cette optique, Israël bénéficie de cette protection sans faille qui place ce pays au dessus du droit international. Et il est encouragé à le faire puisque ce pays, qui bafoue et foule aux pieds non seulement le droit mais ses propres engagements, connaît une incroyable impunité. Une totale et absolue impunité. C’est un cas unique au monde.
Au terme de son raisonnement, plus exactement de sa démonstration étayée avec soin et rigueur, sans manichéisme d’aucune sorte, Pascal Boniface en arrive à cette conclusion : l’épicentre de tous les dangers mondiaux qui nous guettent aujourd’hui c’est cela, le conflit israélo-palestinien. La centralité de ce conflit pour le présent et l’avenir du monde est clairement établie.

Car avec raison il écrit à propos de ce conflit qui n’en finit pas de durer tandis que la solution est connue mais qu’on se refuse à imposer, uniquement, encore, dans ce cas, et en totale contradiction avec le chapitre VII de la Charte des Nations unies. « La paix est un choix difficile mais hasardeux. Mais l’absence de paix est la garantie de la catastrophe qui ne concerne pas les seuls Israéliens et Palestiniens. Car chaque jour qui passe et qui ne nous rapproche pas de la paix élargit le fossé entre le monde musulman et le monde occidental ». Et l’auteur enfonce le clou : « Cet état de guerre permanent ne sera pas confiné au seul Proche-Orient et au fur et à mesure, il y aura contagion dont nous ferons les frais ».
La nouvelle direction israélienne extrémiste totale (qu’on reçoit sans scrupules sous les lambris dorés de la République) n’a qu’un objectif au demeurant déclaré : frapper l’Iran. Imaginez un instant la somme des réactions qui s’enchaineraient. Pascal Boniface ne pourrait plus écrire de livres, et nous ne pourrions plus les lire. Des livres qui seraient intitulés : « Vers une 4ème guerre mondiale ? » ne seraient plus. Plus de livres de ce type pour nous alerter. Il y aurait une guerre mondiale sans point d’interrogation.

L’avenir du mode contemporain se joue là-bas, et cela on ne nous l’avait pas dit, à ne rien faire pour régler cet « épicentre » de l’instabilité internationale à partir duquel prolifèrent tous les risques encourus.
Allez vite, encore une fois, acheter le livre de Pascal Boniface. Et offrez-le. A coup sûr, ceux qui sont spectateurs d’un monde rendu incompréhensible volontairement, deviendront des acteurs d’un monde qui soit au moins un monde de paix. Et donc de justice. C’est trop sérieux pour s’abstenir de le faire.

* Pascal Boniface, « Vers la 4ème guerre mondiale ? », 210 pages, chez « Armand Colin ».

Messages

  • Les peuples du monde se comportent (globalement) comme du betail (qui va a l’abattoir) !!!! il ne faut pas affoler le betail pour avoir une bonne viande , pour les humains c’est le travail et le profit que l’on peut en retirer qui fait qu’ils ne doivent pas s’affoler.
    Demander vous ce qui se passerait si tout le monde etait convaincu d’un coup qu’il n’y aura probablement pas de "demain"
    Et pour continuer dans l’analogie avec le betail , une autre particularité du monde des humains est de croire qu’ils seront toujours dans la peau du boucher et pas du veau ce qui evidemment est particulierement faux car en regardant autour de nous , on peut facilement constater qu’il y a enormement plus de veaux que de bouchers !!!! C’est un malheureux constat, deplorable , mais comment changer le veau en fauve ????

  • Ben, on peut pas nier qu’en septembre 2001 il s’est passé quelque chose de pas courant aux USA... Non ?

    Après qui l’a fait et qui ça sert... C’est une autre histoire !

    G.L.

  • Le 11 septembre vu par un ancien ministre allemand...

    C’est triste à mourir... Une déclaration de guerre...
    Interview plus ancienne (2002) de von Bullow

    AUTANT DE TRACES QU’UN TROUPEAU D’ELEPHANTS

    Interview d’Andreas von Bülow réalisée par les journalistes Stephan Lebert et Norbert Thomma du quotidien berlinois Der Tagesspiegel - 13 janvier 2002 -
    De CSP de Viktor Dedaj

    Andreas von Bülow est avocat à Bonn. Il a été secrétaire d’Etat à la Défense et ministre de la Recherche scientifique dans le cabinet Helmut Schmidt dans les années 1970-80, en outre député SPD au Bundestag durant 25 ans. Dans son livre La CIA et le 11 septembre, von Bülow développe de manière très détaillée les idées exprimées ici et analyse la manipulation des groupuscules islamistes par les services secrets américains.

    Q-Vous donnez l’impression d’être en colère...

    Ce qui me met en colère, c’est de voir que depuis les odieux attentats du 11 septembre, on pousse l’opinion publique dans une direction que je tiens pour néfaste.

    Q-Que voulez-vous dire par là ?

    Je m’étonne que beaucoup de questions ne soient pas posées. En temps normal, lorsque quelque chose d’aussi terrible se produit, on présente diverses pistes, on exhibe des preuves, qui sont alors commentées par les enquêteurs, par les médias, par le gouvernement. Que faut-il en penser ? Est-ce plausible ou non ?... Cette fois-ci, rien de tel. Déjà quelques heures après les attentats de New York et de Washington, ...

    Q-... des heures d’horreur et de deuil...

    C’est tout à fait vrai... Mais voyez-vous, ce qui est étonnant au fond, c’est que, bien qu’il y ait aux Etats-Unis 26 services secrets totalisant un budget de 30 milliards de dollars, ...

    Q-C’est plus que le budget allemand de la défense...

    Ce qui est étonnant, disais-je, c’est que ces services secrets aient été incapables de prévenir les attentats. Ils n’ont pas eu le moindre soupçon. Et durant les soixante minutes décisives, les militaires et les services secrets ont laissé au sol les avions de la chasse aérienne... Ce qui n’a pas empêché le FBI de présenter, quarante-huit heures plus tard, une liste complète des kamikazes. Mais dix jours plus tard, sept d’entre eux étaient encore en vie.

    Q-Quoi ?... Comment ?... [Apparemment les journalistes du Tagesspiegel ne sont pas au courant]

    Eh oui... Pourquoi le chef du FBI n’a-t-il pas commenté ces incohérences ? D’où vient cette liste ? Pourquoi est-elle fausse ? Si j’étais le procureur responsable de l’enquête, je me présenterais devant l’opinion à intervalles réguliers pour dire quelle piste a été abandonnée et quelle autre est encore actuelle.

    Q-Après les attentats, le gouvernement américain a souligné qu’on se trouvait dans une situation exceptionnelle, qu’on était en guerre. Dans ces conditions, n’est-il pas normal de cacher à l’ennemi ce qu’on sait sur lui ?

    Bien sûr. Mais un gouvernement qui veut faire la guerre, doit d’abord engager une procédure pour constater qui est l’agresseur, qui est l’ennemi. Et il est tenu d’apporter les preuves de ce qu’il avance. Comme il l’a lui-même admis, le gouvernement américain ne dispose d’aucune preuve utilisable en justice.

    Certaines informations sur les auteurs des attentats sont étayées par des recherches. Ainsi Mohammed Atta, le chef présumé du commando, a pris l’avion le matin du 11 septembre pour se rendre de Portland à Boston, où il est monté dans l’appareil qui s’est écrasé contre le World Trade Center.

    Si Atta était l’homme clé de cette action, il est étrange qu’il ait couru le risque d’arriver à Boston en avion, avec une marge de temps si réduite pour la correspondance. Si le premier avion avait eu quelques minutes de retard, Atta n’aurait pas pu monter à bord de l’appareil qui a été détourné. Pourquoi un terroriste aussi consciencieux aurait-il pris un tel risque ? En consultant le site de CNN, on peut d’ailleurs voir qu’aucun des noms indiqués par le FBI ne figure sur les listes officielles de passagers. Aucun des terroristes présumés ne s’est soumis à la procédure d’enregistrement. Et pourquoi aucun des pilotes menacés n’a-t-il envoyé au sol le signal 7700 prévu en pareil cas ?... En outre, les boîtes noires, construites pour résister au feu et aux chocs, ne contiennent aucune donnée utilisable...

    Q-Ce sont des choses qui arrivent...

    Oui, comme il arrive aussi que des auteurs d’attentats préparent leur coup en laissant derrière eux autant de traces qu’un troupeau d’éléphants... Ils paient avec des cartes de crédit établies à leurs noms, ils prennent des cours de pilotage sans même dissimiuler leurs véritables identités. Ils laissent traîner dans les voitures de location des manuels de pilotage pour Jumbo Jet en arabe. Avant de se suicider, ils rédigent des lettres d’adieu et des testaments qui tombent aux mains du FBI parce qu’ils avaient été rangés dans une valise restée au sol ou expédiés à la mauvaise adresse. Vraiment, on se croirait dans un jeu de piste... Il y a aussi cette théorie d’un ingénieur anglais, selon laquelle on a pu, de l’extérieur, diriger les avions sans intervention des pilotes. Les Américains auraient expérimenté cette méthode dès les années 70 pour récupérer les avions détournés en prenant le contrôle de l’ordinateur de bord. Cette technique a pu être utilisée ici de manière abusive. C’est une théorie...

    Q- Une théorie abracadabrante dont personne n’a jamais entendu parler...
    [Encore une fois, les journalistes ne sont au courant de rien. La technique en question a bel et bien été utilisée dans le cadre du projet Global Hawk]

    Je ne fais pas mienne cette théorie, mais je la trouve digne d’être prise en considération... Et les transactions boursières louches, la semaine avant l’attentat, sur les titres d’American Airlines, d’United Airlines et des compagnies d’assurance ? Il y aurait eu des gains de 1200 %, une somme de 15 millards de dollars serait en jeu. Il est probable que quelqu’un était au courant. Mais qui ?...

    A vous de spéculer...

    On a pris prétexte de ces horribles attentats pour soumettre les démocraties occidentales à un lavage de cerveau. L’anticommunisme ne fonctionne plus pour désigner l’ennemi, on s’en prend maintenant aux peuples de confession musulmane. On les accuse d’être à l’origine des attentats-suicides.

    Q-Lavage de cerveau ? Vous y allez un peu fort...

    Ah oui, vous trouvez ?... L’idée vient pourtant de Zbigniew Brzezinski et de Samuel Huntington, deux maîtres à penser des services secrets et de la politique extérieure américaine. Dès le milieu des années 90, Huntington était d’avis que les gens en Europe et aux Etats-Unis avaient besoin d’un adversaire qu’ils puissent haïr - de manière à renforcer le sentiment d’identification avec leur propre société. Et Brzezinski, ce cinglé, lorqu’il était conseiller du président Jimmy Carter, plaidait déjà pour la mainmise des USA sur toutes les ressources naturelles du monde, à commencer par le pétrole et le gaz.

    Q-Vous voulez dire que les événements du 11 septembre...

    Ils sont tout à fait dans la ligne de ce que veulent les industries d’armement, les services secrets et tout le complexe militaro-industriel avec son soutien académique. Cela crève les yeux. Les immenses réserves naturelles sur le territoire de l’ex-URSS sont à redistribuer ; il faut tracer de nouveaux oléoducs...

    Eric Follath en a longuement parlé dans le magazine Der Spiegel. Il écrit : "Ce qui est en jeu, ce sont les bases militaires, la drogue, les réserves de pétrole et de gaz naturel..."

    Je constate que la planification des attentats, tant au niveau technique qu’au niveau de l’organisation, représente une performance exceptionnelle. En quelques minutes, on a détourné quatre gros porteurs, et en l’espace d’une heure, on leur a fait effectuer des manoeuvres compliquées avant de les diriger vers leurs cibles respectives. C’est impossible à réaliser, à moins de pouvoir s’appuyer de manière permanente sur les structures occultes de l’Etat et de l’industrie.

    Q-Vous croyez donc à ces théories de la conspiration...

    Oui, oui, allez-y... C’est là le genre de sarcasme que lancent volontiers ceux qui suivent la ligne officielle. Même les journalistes dont c’est le métier d’enquêter, se nourrissent de propagande et de désinformation. Quiconque a des doutes doit forcément être dérangé... C’est bien ce que vous me reprochez.

    Q-Votre carrière nous conduirait plutôt à penser qu’il n’en est rien. Au milieu des années 70, vous avez été secrétaire d’Etat au ministère de la Défense. En 1993, vous étiez porte-parole du parti social-démocrate dans la commission parlementaire d’enquête sur l’affaire Schalck-Golodkowski... [Schalck-Golodkowski, haut fonctionnaire au ministère du commerce extérieur de la RDA jusqu’en 1989, était agent double de la Stasi est-allemande et du BND ouest-allemand. Après la réunification, il fut accusé de malversations, mais l’affaire fut étouffée grâce à l’intervention de ses amis occidentaux.]

    En fait, c’est là que tout a commencé. Jusqu’à cette époque, je ne savais pas grand-chose du travail des services secrets. J’ai très vite constaté une étrange contradiction : nous essayions de faire la lumière sur les tractations illégales de la Stasi et d’autres services secrets est-européens dans le domaine économique, mais dès que nous posions une question sur le rôle du BND ou de la CIA dans ces affaires, il n’était plus possible d’obtenir le moindre renseignement. Plus la moindre volonté de coopération, plus rien. Ça m’a mis la puce à l’oreille...

    Schalck-Golodkowski avait, entre autres, noué des contacts à l’étranger en vue d’effectuer diverses transactions pour le compte de la RDA. En y regardant de plus près...

    Nous avons par exemple découvert une piste à Rostock. Schalck y avait établi un entrepôt d’armes. Et voilà que nous découvrons également que Schalck a créé une filiale à Panama, et qui trouve-t-on là-bas ? Manuel Noriega, l’homme qui avait été à la fois président, trafiquant de drogues et blanchisseur d’argent sale, n’est-ce pas curieux ? Et ce même Noriega recevait pour ses activités 200.000 dollars par an de la CIA. C’est ce genre de choses qui a véritablement devenu un expert pour ce qui est de dévoiler les incohérences dans le travail des services secrets.

    Incohérences est loin d’être le mot juste. Ce qu’ont commis les services secrets, et ce qu’ils commettent encore, ce sont de véritables crimes.

    Q-A votre avis, qu’est-ce qui caractérise en premier lieu le travail des services secrets ?

    Entendons-nous bien, je trouve que les services secrets ont tout à fait leur raison d’être...

    Q-Vous ne soutenez donc pas cette ancienne revendication des Verts qui demandaient la suppression de tous les services secrets ?

    Non. Il faut qu’on puisse jeter un coup d’oeil derrière les coulisses. Le renseignement en vue de connaître les intentions d’un ennemi éventuel est légitime. C’est important quand on veut se mettre à la place de l’adversaire pour savoir comment il va se comporter... Mais pour comprendre les méthodes de la CIA, il faut réaliser que sa tâche principale consiste à mener des opérations clandestines. Sans recourir à la guerre, mais en se plaçant en dehors du droit international, elle fait pression sur les états étangers, en organisant par exemple des soulèvements ou des attentats terroristes, en général combinés à du trafic de drogue ou d’armes ou à du blanchiment d’argent. Au fond, c’est relativement simple : on arme des gens prêts à la violence. Mais comme il ne faut en aucun cas que l’opinion sache qu’un service secret tire les ficelles, on s’applique à effacer les traces, ce qui nécessite des efforts considérables. J’ai l’impression que les services secrets impliqués passent 90 % de leur temps à construire de fausses pistes. Et lorsque quelqu’un met en cause les services secrets, on peut parler à son propos de paranoïa ou de phobie de la conspiration. La vérité éclate souvent avec des décennies de retard. Allan Dulles, qui était chef de la CIA, a dit un jour : "S’il le faut, je mens même devant le Congrès..."

    Q-Le journaliste américain Seymour Hersh a écrit dans le New Yorker que des membres de le CIA et du gouvernement considéraient que certaines des pistes pouvaient très bien être de fausses pistes destinées à embrouiller les faits. A votre avis, qui pourrait être responsable d’une chose pareille ?

    Je n’en sais rien - comment le saurais-je ?... J’essaie simplement de faire preuve de bon sens et je constate que les terroristes ont été aussi imprudents qu’il est possible de l’être. Et bien que musulmans intégristes, ils sont allés se soûler et s’amuser dans un boîte de strip-tease.

    Q-Ça s’est déjà vu...

    Peut-être... En tant qu’individu isolé, je ne peux rien prouver, cela dépasse de loin mes possibilités. Mais j’ai vraiment beaucoup de mal à imaginer qu’un homme, au fond de sa caverne, puisse être à l’origine de ce mauvais coup.

    Q-Vous reconnaissez que vous êtes bien seul avec votre critique. Jadis, vous faisiez partie de l’establishment politique ; aujourd’hui, vous faites figure de marginal.

    C’est parfois problématique, mais on s’y habitue. D’ailleurs, je connais quantité de gens, y compris des gens très influents, qui me donnent raison à voix basse.

    Q-Avez-vous encore des contacts avec vos anciens collègues du SPD, comme Egon Bahr ou l’ancien chancelier Helmut Schmidt ?

    Pas vraiment. J’avais l’intention d’assister au dernier congrès du SPD, mais je suis tombé malade.

    Q-Vos prises de position actuelles seraient-elles calquées sur l’antiaméricanisme classique ?

    C’est absurde. Ce que je dis n’a rien d’antiaméricain. Je suis un grand admirateur de cette société de liberté que sont les USA, je l’ai toujours été. J’ai fait mes études aux Etats-Unis.

    Q-Comment vous est venue l’idée d’associer les services secrets américains aux attentats ?

    Vous vous souvenez du premier attentat contre le World Trade Center, en 1993 ?

    Q-Un attentat à la bombe qui a fait six morts et un millier de blessés...

    Eh bien, au centre du groupe terroriste, il y avait un ancien officier égyptien ; c’est lui qui a bricolé la bombe. Pour perpétrer l’attentat, il a rassemblé autour de lui quelques musulmans : des gens à qui le State Department [ministère des Affaires étrangères] avait refusé le visa d’entrée, mais que la CIA a fait passer clandestinement aux Etats-Unis. Il se trouve que le chef de la bande était en même temps un indicateur du FBI. Celui-ci, mis au courant, lui a demandé de faire comme si de rien n’était, lui promettant de remplacer, au dernier moment, l’explosif de la bombe par une poudre inoffensive. Le FBI n’a pas tenu sa promesse ; c’est en connaissance de cause qu’il a laissé exploser la bombe. La version officielle fut très vite trouvée : les coupables étaient tous des musulmans intégristes.

    Q-Vous étiez membre du gouvernement Helmut Schmidt lorsque les soldats soviétiques sont entrés en Afghanistan. Que s’est-il passé à l’époque ?

    Les Américains nous ont poussés à décréter des sanctions économiques ; ils ont réclamé le boycott des Jeux Olympiques de Moscou. [1980]

    Q-Le gouvernement fédéral allemand a donné suite à cette demande...

    Aujourd’hui, nous savons que la stratégie de Brzezinski, le conseiller du président Carter pour les questions de sécurité, consistait à déstabiliser l’URSS à partir des Etats musulmans limotrophes. Il s’agissait d’attirer les Russes en Afghanistan et de leur faire connaître l’enfer - leur Viêt-Nam en quelque sorte. Avec l’aide majeure des services secrets américains, on a entraîné en Afghanistan et au Pakistan 30.000 combattants musulmans, tous des malfaiteurs et des fanatiques, prêts à tout - et ils le sont encore aujourd’hui. L’un d’eux est Oussama Ben Laden. Il y a déjà plusieurs années, j’écrivais : "C’est cette sale engeance qui a produit les talibans, formés dans les écoles coraniques avec l’argent américain et saoudien, et qui maintenant terrorisent et détruisent le pays."

    Q-Vous dites que les USA en veulent aux ressources naturelles de la région. Mais ce qui a déclenché les attaques américaines, c’est quand même bien l’attentat terroriste qui a coûté la vie à des milliers de personnes...

    C’est tout à fait exact. Il faut toujours avoir à l’esprit l’horreur de cet acte. Néanmoins, quand j’analyse des événements politiques, je suis en droit de me demander à qui ils profitent et qui en subit les conséquences, et quelle est la part du hasard. Dans le doute, il suffit de jeter un coup d’oeil sur la carte : où se trouvent les ressources naturelles, quelles sont les voies d’accès ? Prenez ensuite la carte des guerres civiles et des points chauds. Comparez - elles sont identiques. Même chose pour la troisième carte : celle de la drogue. Quand tout colle, vous pouvez être sûr que les services secrets américains ne sont pas loin. D’ailleurs, le gouvernement Bush est très lié à tout ce qui touche le pétrole, le gaz naturel et l’armement - et ce, via la famille Ben Laden.

    Q-Que pensez-vous des vidéos de Ben Laden ?

    Quand on a affaire aux services secrets, on peut s’attendre à une manipulation de grande qualité. Hollywood dispose de la technologie nécessaire. A mon avis, une vidéo ne prouve absolument rien.

    Q-Vous croyez que la CIA est vraiment capable de tout...

    Au nom de la raison d’Etat, la CIA n’est tenue par aucune loi lorsqu’elle intervient à l’étranger. Pas de droit international qui compte ; un ordre présidentiel suffit. Si le terrorisme existe, c’est notamment parce qu’il existe des services secrets comme la CIA. Et lorsqu’on diminue les crédits, lorsque la paix s’annonce, alors une bombe explose quelque part. Ce qui prouve que rien ne va sans ces services secrets, que tous ceux qui les critiquent sont des crétins, des nuts comme les appelait Bush père, qui a été président et directeur de la CIA. Il faut savoir que les USA mettent chaque année 30 milliards de dollars dans leurs services secrets et 13 milliards dans la lutte contre la drogue. Et le résultat ? Le chef d’une unité spéciale de lutte stratégique anti-drogue a déclaré, résigné, au bout de 30 ans de service : "Dans tous les cas importants de trafic dont j’ai eu à m’occuper, la CIA est intervenue avant la fin afin de me retirer le dossier."

    Q-Reprochez-vous au gouvernement allemand la manière dont il a réagi après le 11 septembre ?

    Non. Il serait naïf de penser que le gouvernement puisse faire preuve d’indépendance dans ce genre d’affaire.

    Q-Qu’allez-vous faire à présent ?

    Rien. Ma tâche se limite à dire : les choses n’ont pas pu se passer de cette facon-là ; à vous de rechercher la vérité...

  • La campagne des Europeennes s’acheve apres publications de millions de professions de foi,produit de 160 listes rien qu’en France, sans qu’une seule fois ne soit mentionné la guerre mondiale a venir.

    Les champions de l’ecologie oublient comme les autres que les guerres et les militaires sont les principaux pollueurs de la Planete.

  • Cher Monsieur Lefort,

    Je suis totalement en accord avec la démonstration de M. Patrice Boniface que j’ai eu l’honneur de rencontrer à Dakar, en avril 2004, invité par mon ami Gerhard Weinberger, ambassadeur d’Autriche, pour animer l’une des réunions du Centre de Réflexion Europe-Afrique pour la prévention des conflits et des crises internationales. Le thème de sa conférence tournait autour de la nouvelle donne stratégique internationale au lendemain de la Guerre d’Irak et ses conséquences pour l’Afrique.

    L’actualité donne raison à M. Boniface, suivez mon raisonnement :

     échec des négociations israélo-palestinienne en raison du non renouvellement par Israël de son moratoire sur les constructions dans les territoires colonisés. Il n’est donc pas douteux qu’il faille s’attendre à une réaction en chaîne et à un scénario castatrophe. D’abord dans la bande de Gaza sous l’impulsion du Hamas qui recrutera d’autant plus facilement des combattants acquis à sa cause au sein du Fatah que celui-ci sera gagné par la déception. Ensuite à la frontière libano-israëlienne par une intervention massive du Hezbollah libanais, lequel s’engagera avec davantage de moyens militaires qu’au cours de la dernière guerre libano-israëlienne.

    Prétextant une agression israëlienne à sa frontière, le Liban portera main forte aux miliciens du Hezbollah.. De son côté, la Syrie volera à la rescousse du Liban pour contrer l’offensive israélienne violant l’intégrité territoriale du Liban. Les troupes américaines basées en Irak recevront quant à elle l’ordre d’aider l’armée israélienne si celle-ci est débordée. Ce qui sera forcément le cas.

    L’iran profitera de la confusion pour semer le désordre dans ce conflit en envoyant sur les champs de bataille des miliciens fortement équipés en matériels militaires iraniens et chinois. L’ONU demandera l’arrêt immédiat des hostilités, mais nul n’aura envie de l’écouter et le conflit continuera de plus belle par un renforcement des forces et de l’armement en présence. Le Pakistan qui est une poudrière incontrôlable sera frappé par des attentats ressemblant davantage à des actes de guerre. Les extrémistes pakistanais imputeront la responsabilité des attentats aux américains. mais il est plus vraisemblable que certains membres des services secrets pakistanais soient à l’origine de l’attentat, leur but étant à terme de faire tomber le régime en place. De nombreuses désertions seront observées dans l’armée pakistanaise les déserteurs iront rejoindre les insurgés afghans, créant davantage de préoccupations pour les armées alliées chargées de réduire les talibans.

    Ce scénario est d’autant plus catastrophique qu’entre le Pakistan et l’Inde, ( deux puissances nucléaires faut-il le rappeler ?) existe un vieux contentieux risquant de dégénérer lorsque ces mêmes services secrets auront lancé une série d’attentats sur le territoire indien. Entretemps, l’Iran, craignant qu’Israël et les Etats-Unis prennent la décision de bombarder ses installations nucléaires, menace d’envoyer des missiles sur Israël.

    Face à cette menace prise au sérieux par Israël, celui-ci décide unilatéralement de détruire les installations iraniennes.

    La Russie intervient pour tenter d’arrêter l’escalade et protéger ses intérêts en territoire iranien, mais rien n’y fait, la décision est prise et elle l’est avec l’utilisation de moyens de destruction hautement performants, peut-être nucléaires.

    L’Iran décide d’entrer pleinement dans la Guerre. La condamnation est unanime, la Uma, l’OCI, la ligue arabe, toutes les institutions islamiques, l’ensemble des pays arabes, l’ONU et de nombreux pays, Chine, Russie, Corée du Nord, Vénézuela, Brésil, Cuba, Indonésie ,etc..

    Les pays arabes mettent en place des institutions de recrutement de combattants islamiques pour venir combattre les impies et demandent à leurs ressortissants vivant dans les pays occidentaux de créer des corps armés.

    La quatrième guerre mondiale vient de commencer et Dieu seul sait quand et comment elle s’achèvera...

    Cela parait excessif ? Pardonnez m’en mais il se peut bien que la réalité soit plus cruelle.

    A bientôt, Cher Monsieur Lefort.

    Yves Marlière