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Walid, 19 ans, condamné pendant la lutte anti-CPE, révise le bac en prison

Publie le mardi 30 mai 2006 par Open-Publishing
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Walid, 19 ans, n’est plus un candidat au bac comme les autres. Condamné pendant la lutte anti-CPE, il a passé 40 jours en prison à bachoter. Une fois sa peine purgée, il a voulu retourner à son lycée qui lui a claqué la porte au nez. Une "double peine" dont il se serait bien passé.

"J’ai beaucoup révisé en prison, il n’y avait que ça à faire de toute façon. Mon lycée avait dit à l’administration pénitentiaire qu’il me reprendrait, mais le 4 mai, quand je me suis présenté devant, j’ai été refusé", témoigne le jeune homme qui ne veut pas que son nom soit cité.

Il raconte son histoire sans colère. "Si je m’étais appelé Jean-Paul, je n’aurais pas eu ce sort, j’ai été le seul de mon lycée mobilisé contre le CPE à purger une peine", dit Walid.

Avec ses grands yeux bleus, sa veste branchée kaki, sa sacoche en bandoulière, ses cheveux châtains courts et soignés, il n’a pas vraiment le look "racaille". Plutôt politisé, "tendance socialiste non libérale", ce bon élève de terminale technologique vient de vivre "un vrai acharnement pénal et administratif", selon ceux qui le soutiennent.

"Walid vit une situation scandaleuse. Après la prison, il a été rejeté à titre conservatoire de son lycée pendant trois semaines avant que son exclusion définitive lui soit notifiée vendredi en conseil de discipline", s’insurge Olivier Messac, défenseur de Walid au lycée et vice-président de la FCPE-Paris.

"J’ai été jugé en comparution immédiate le 24 mars à 4h00 du matin devant la 23e chambre du TGI de Paris pour +dégradation volontaire+, +violences sur agent de l’autorité publique+ après des rassemblements anti-CPE devant mon lycée", se souvient précisément Walid. Il réfute les violences qu’on lui impute.

"J’ai été porte-parole des lycéens mais j’ai toujours empêché les violences et je les condamne", insiste le lycéen.

Donc, après 48 heures de garde à vue et un procès "de 30 minutes", Walid écope de dix mois de prison dont deux ferme : "Avec des remises de peine, et parce que j’étudie, j’ai fait 40 jours. Aujourd’hui j’ai une mauvaise image de la justice, elle n’est pas la même pour tout le monde".

A Fleury-Mérogis, il côtoie des détenus très différents de lui : "Je cohabitais en cellule avec un cambrioleur et mes compagnons de cour étaient des violeurs, des trafiquants, ou encore Charles Pieri !", dit-il, presque en plaisantant.

Cela ne l’empêche pas d’étudier sérieusement : "quand j’ai été arrêté par la police, j’avais des annales du bac dans mon sac à dos, ce sont les seuls livres que j’ai pu garder en prison".

La direction de la prison l’autorisera aussi très vite à suivre des cours d’histoire, de géographie, maths, anglais et espagnol avec des enseignants, dans des salles de classes pour détenus.

"J’ai eu le droit de suivre ces classes car je suis inscrit au bac. On était +scolarisés+ par groupe de 10 avec des prisonniers qui préparaient des diplômes divers. On a eu droit à des vrais cours, comme au lycée avec six heures d’enseignement le mardi, trois heures le jeudi et six heures le vendredi", détaille Walid.

Malgré deux mois de tourments, de comparutions pénale et administrative, il se dit "prêt" pour le bac qu’il va passer normalement début juin.

S’il obtient son diplôme, il jure de le brandir comme un trophée, pour "faire taire" tous ses "détracteurs".

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