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Y a-t-il réellement un problème des retraites ?

Publie le dimanche 18 novembre 2007 par Open-Publishing
12 commentaires

Paul Sindic

(Le texte qui suit était une contribution à un « Forum sur l’avenir des retraites »
d’avril 2003. Il ne me paraît malheureusement pas avoir pris beaucoup de rides)

Si l’on s’en tient à l’actualité politique et sociale, cela paraît indubitable (annonce de réformes d’envergure, réunions multiples, manifestations, empoignades gouvernement - organisations syndicales, etc., le tout au nom d’une soi-disant urgence qui ne laisserait pas d’autre choix que d’opérer des révisions drastiques dans le système actuel des retraites).

Mais si l’on va à l’essentiel, ç. à d. la manière dont une fraction de la valeur ajoutée nationale créée chaque année est attribuée à la catégorie sociale des retraités, il paraît beaucoup moins certain qu’il y ait réellement un problème des retraites. Tout dépend en effet de la problématique selon laquelle la question est posée.

a) Données macro-économiques nationales

En effet, si l’on remonte au début des années 80, à partir desquelles le problème dit « des retraites » a commencé à apparaître, sous l’impulsion de campagnes médiatiques patronales ou gouvernementales, quelle évolution constate-t-on sur le plan macro-économique ?

Tout d’abord le rythme de croissance de la valeur ajoutée nationale est resté supérieur à celui de l’augmentation démographique.

Donc, si nous avions maintenu les règles du partage de la valeur ajoutée nationale qui existaient au début des années 80 entre le bloc du travail (salariés actifs, chômeurs, retraités), qui a suivi en gros numériquement le rythme de l’augmentation démographique, et le bloc du capital, chacun des salariés actifs, chômeurs, retraités aurait dû normalement avoir droit à une augmentation de ses revenus réels, sous condition de règles de répartition adaptées liées au fait qu’à l’intérieur du bloc du travail l’importance respective des catégories de salariés actifs, chômeurs, retraités a varié.

Bien mieux, personne ne prévoyant que dans notre pays, sur longue période, le rythme de croissance économique puisse devenir inférieur à celui de l’augmentation démographique, les bases d’une augmentation régulière des revenus de chaque salarié actif, chômeur, retraité existent indubitablement pour les décennies à venir, mais toujours sous conditions de règles de répartition adaptées.

Dans le fond, il s’agit de répondre d’une manière un peu plus élaborée à la réflexion de bon sens : Comment se fait-il que dans un pays dont la richesse globale ne cesse de croître, des catégories sociales entières devraient voir leurs conditions de vie se dégrader, sinon du fait de problèmes de répartition de la richesse globale ?

b) Problématique du capital

En fait, le problème de l’avenir des retraites n’existe que dans la problématique que la classe dirigeante économique et politique a réussi rendre dominante dans les medias et dans la discussion publique à propos des retraites.

Dans cette « problématique du capital », comme nous l’appellerons pour simplifier, la question de la répartition de la valeur ajoutée nationale entre le capital et le « bloc du travail » n’est pas posée et ne doit pas l’être. En particulier, la dégradation de plus de 10 % de cette répartition de la valeur ajoutée nationale au profit du capital et au détriment du « bloc du travail » entre 1980 et la fin des années 90 est ignorée, comme doivent l’être la confiscation permanente des gains de productivité du travail par le capital au détriment du « bloc du travail », via la désindexation des salaires, la précarisation d’une fraction importante du salariat et, bien entendu, l’éjection des activités productives d’un nombre important de chômeurs.

Si l’on accepte que ces questions ne soient pas posées, alors on se trouve forcément pris dans une fausse problématique où l’augmentation relative du nombre des retraités du fait de l’allongement de la durée de vie, tandis que la masse salariale des salariés actifs, base unique des cotisations tant salariales que patronales pour financer les retraites par répartition, est, elle, en diminution relative au sein de la fraction de la valeur ajoutée nationale attribuée au « bloc du travail », aboutit forcément à terme à des mesures d’ajustement telles que celles qui sont effectivement discutées aujourd’hui (allongement de la durée de cotisation, diminution des retraites, etc.).

Pour employer un langage de fait divers, tout se passe comme si l’auteur du hold-up qui a vidé en bonne part le coffre-fort de la banque venait ensuite se plaindre que la caisse est vide et demander que les petits dépositaires se serrent la ceinture pour la remplir à nouveau. L’opinion publique jugerait cela d’un cynisme révoltant. Or, c’est d’un cynisme tout aussi révoltant que la classe dirigeante fait preuve dans sa problématique des retraites.

Même en laissant de côté la morale commune, l’auteur du hold-up aurait-il réinvesti utilement l’argent volé ? Pas du tout.
Il a au contraire gaspillé des centaines de milliards dans des stratégies de croissance financière internationale marquées d’échecs retentissants (Crédit lyonnais, Vivendi, France Telecom, etc.) en délaissant largement l’investissement national.

Or, globalement, il me semble que, tout au moins si l’on en juge par leurs déclarations publiques, les organisations syndicales, sous couvert de réalisme, de technicité, de discussions d’experts, se sont laissées assez largement enfermer dans cette fausse problématique.
Seule la proposition de la CGT d’un financement complémentaire des retraites par création d’une taxe sur la valeur ajoutée des entreprises tente d’y échapper, mais on n’a pas l’impression qu’il s’agit d’un point central pour cette organisation.
La même remarque me paraît valoir pour les organisations politiques progressistes, avec là aussi, me semble-t-il, un déficit d’analyse de classe sur cette question.

c) Les alternatives possibles

On peut regretter qu’il n’y ait pas eu jusqu’ici, vis-à-vis du grand public via les media de masse, formulation d’une alternative réelle, à partir des raisonnements élémentaires ci-dessus et de quelques projections économiques globales relativement simples basées sur un redressement, même partiel, du partage de la valeur ajoutée nationale entre le « bloc du travail » et le capital, découlant notamment :

- D’une politique nationale des activités productives dynamique visant à terme le plein emploi et un accroissement sensible de la valeur ajoutée nationale,

- D’une évolution des salaires incluant désormais les gains de productivité annuels, alternative faisant ainsi la démonstration économique qu’il n’y a aucun problème réel pour maintenir la retraite à 60 ans, ramener la durée de cotisation à 37,5 ans et revenir à une indexation des retraites sur les salaires et ce, dans la longue durée, le bouclage du système étant éventuellement assuré par une taxe, probablement modeste, sur les profits des entreprises.

Mais existe-t-il réellement, tant chez les organisations syndicales que politiques, la volonté de mener une telle bataille ? « That is the question », comme disait un auteur célèbre.

Paul Sindic

Messages

  • Paul SINDIC,quand les " Régimes Spéciaux " vont venir puiser (et c’est pour bientôt) dans le Régime Général ne viens pas
    PLEURER.

  • POURQUOI IL N4EXISTE AUCUN PROBLEME ECONOMIQUE POUR PAYER LES RETRAITES ET AMELIORER LES PRISES EN CHARGE DE LA SECU ;

    LES RETRAITES .

    La retraite qu’est ce que c’est : C’est le transfert de richesses de ceux qui produisent vers ceux qui ne produisent plus. Comme le dis FITOUSI on peut imaginer n’importe qu’elle ingénierie financière le principe de base restera toujours le même, c’est du simple bon sens.

    Donc le niveaux des retraites dans un pays donné, dépendra, avant tout de la richesse produite par ce pays, que l’on mesure par le PIB, et bien sur du nombre de retraités. Par contre compte tenu des gains énormes de productivité durant ces dernières décennies, et de la croissance de ces gains dans celles qui viennent, le niveau des retraites sera de moins en moins dépendant du nombre d’actifs, thème favori de la propagande du MEDEF de la droite et de la social démocratie.

    Le Produit Intérieur Brut ( PIB) Tout les chiffre cités sont des donnés INSEE.

    En 2004 le PIB de la FRANCE était de 16 000 milliars d’euros nous diront 16 Giga euros
    Avec en taux moyen de croissance annuelle de 2,5% le PIB double en 23 ans.
    Donc en 2027 le PIB de la France passera à 32 G. euro
    En 2004 la part des retraites dans le PIB était de 12,5%, c’ets à dire que les retraite absorbaient :
    16x 12 ,5 %= 2 G .euros
    laissant au reste de la nation 14 G. euro à se partager
    En 2027 le PIB de la France passera à 32 G. euro
    Les projections économiques estiment la par des retraites à cette époque entre 16,5 et 18,5% du PIB.
    Retenons la valeur haute : 18,5%. Donc en 2027 les retraites « consommerons »
    32x 18,5% = 6 G. euros du PIB
    Laissant au reste de la nation 26 G. euro à se partager.

    ANNEES PIBEn GIGAEUROS PIBPourRETRAITE PIB restant pour l’ensemble De la NATION
    2004 16 2 14
    2027 32 6 26
    Un GIGA euros = 1000 milliards d’euros
    Peu importe le nombre d’actifs qui produiront cette richesse.
    En face de ces chiffres irrécusables ( et je ne suis pas le seul à avoir fait ce calcul) comment peut-on raconter que l’on ne pourra plus payer les retraites dans le futur, et que les prochains retraité doivent dés à présent cotiser à des systêmes de retraite capitaliste s’ils veulent avoir une retraite correcte.
    C’est une escroqueries pure et simple.
    Revenons au PIB. Chaque année l’augmentation de la richesse produite entraine l’augmentation de la masse monétaire, et il devraient en découler , logiquement, une augmentation des rémunérations de ceux qui la créent. Sur cette augmentation de rémunération une partie devraient être consacrée à la protection sociale en général, et le problème des retraites et de l’assurance maladie seraient ipso facto résolu.

    C’est donc bien d’un point de vue macroéconomique, un seul et unique problème de répartition de la richesse créée qui conditionne le niveau , disons de la protection sociale en général. Et cette répartition est de plus en plus favorables aux dirigeants des grandes sociétés et à leur actionnaire.

    Voici une révélation particulièrement édifiante sous la plume de Eric TREGUIER parue dans le magazine financier « CHALLANGE N° 88 de juillet 2007 »
    « Jamais depuis qu’ils sont scrutés par CHALLENGE les 500 principaux détenteurs de capital « familial » de notre pays n’avaient vu leur fortune progresser aussi vite. En un an leur poids dans l’économie est passé de 200 à 250 milliards d’euros. Ces fortunes représentent désormais 15% du PIB, contre 6% il y a une décennie. Sur cette pèriode le patrimoine professionnel des 500 a triplé et a progressé six (6) fois plus vite que la richesse nationale »

    On peut se livrer au calcul simple suivant :en 2006 des salaires représentaient environ 52 % du PIB .Ainsi ces 500 plus grosses fortunes accaparent à elles seules une masse de richesse équivalente à près de 30% des salaires perçus par 24 millions de salariés.
    Il n’est pas besoins de connaître quoique ce soit en économie pour comprendre, qu’il y une formidable concentration de la richesse à un pôle de la société, et que ceux qui détiennent cette fantastique richesse (dont fait partie SARKOZY il ne faut jamais l’oublier, et Mme LAGARDE qui émarge à 600 000 euros par an ) matraque quotidiennement, leur éternel mensonge, dans les médiats à leur soldes, à savoir qu’il n’y a plus d’argent pour payer les retraite.
    Du pognon il y en a, il y en a même beaucoup, et c’est en allant le prendre où il se trouve que l’on pourra sans aucune difficulté, payer de bonnes retraites à 60 ans et assurer une protection sociale de haut niveau à l’ensemble des français.

    1960 1986 2006

  • Le problème n’est pas tant le vieillissement de la population, que la répartition des richesses produites, comme l’explique à juste titre le document publié : ICI.

    Bonne lutte à tous !

  • Mais enfin , quand allez vous vous décider à parler du chomage , c’est un argument incontournable dans notre affaire du jour !!!!
    Une simple question a poser, pourquoi faire travailler les gens plus longtemps avec 4 millions de chomeurs et la ils seront bien emmerdé pour répondre meme si je sais bien que le but est diminuer les pensions et que les victimes demande finalement grace et acces aux fonds de pensions tellement les niveaux de retraites seront devenus bas !!!!

    • Mais qui ne voit que le problème du chômage dépend directement de la capacité a traiter le problème des retraites dans le sens décrit dans ce texte ?

      Ce type de texte mérite d’être relu attentivement et non en diagonale, et il me semble que cet article donne des solutions au plein emploi, donc par la même, traite de la résolution du chômage.

      Et puis cet article fait la démonstration que le financement de la retraite est possible si on le traite par la logique d’une répartition juste des richesses produites par les salariés et de la prise en compte de l’augmentation constante et spectaculaire des profits et de la spéculation financière.

      Cette logique et cette prise en compte permettent aussi la résolution du chômage puisqu’elles permettent le plein emploi.

      Le chômage, injuste et douloureux pour ceux qui en sont victimes est tout aussi moralement insupportable pour ceux qui en se battant pour un emploi et un niveau de vie digne luttent aussi contre cette plaie du système capitaliste. Mais il faut bien voir que le chômage n’est que le symptôme en bout de course de ce système d’accumulation de profits pour une minorité monstrueusement égoïste et avide, dont les mécanismes spoliateurs sont décrits par l’auteur de l’article pour proposer des solutions.

      Connaître globalement et le plus précisément possible les mécanismes du système permet de mieux comprendre pourquoi et comment lutter contre une société qui marche sur la tête et imposer le plein emploi et un salaire décent pour tous ainsi qu’une retraite convenable à 60 ans.

      Maguy

    • MAGUY,je suis entierement d’accord avec toi sur l’analyse du texte et au-dela.

      Fraternellement LE REBOURSIER

  • Le problème n’est pas tant le vieillissement de la population, que la répartition des richesses produites, comme l’explique à juste titre le document publié : ICI.

  • Des mauvaises langues disent que la sécurité sociale est une vache à lait ou tout le monde se sert ?Quelqu’un sait il sur le budget de la ss :
    1/le montant des cotisations versées par les salaries et leurs entreprises (maladie retraite etc)
    2/ce qu’il reste aprés déduction des frais de fonctionnement(salariés de la cgss)
    3/la part réelle qui revient trés exactement aux salariés ou retraités(qui ont cotisé)à ce régime ?
    (y inclu les chomeurs du régime général)
    J’ai recherché sur internet et vraiment c’est du chinois !impossible d’avoir une réponse comme si on nous cachait la vérité ?
    merci par avance
    jp