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[inph-forum] Situation catastrophique pour nos collègues scolaires !

Publie le vendredi 20 octobre 2006 par Open-Publishing

[inph-forum] Situation catastrophique pour nos collègues scolaires !

La pénurie touche aussi nos confrères scolaires qui doivent être perçus à votre niveau si vos enfants sont au lycée ou à l’école.
HT

Anne Viallat, médecin scolaire : "Il y a des enfants qui ne seront plus
pris en charge"
LEMONDE.FR | 19.10.06 | 21h19

Anne Viallat, médecin scolaire dans le Gard, secrétaire générale du
SNMSU (Syndicat national des médecins scolaires et universitaire), majoritaire dans le secteur.

Quel était le but de la manifestation organisée, jeudi 19 octobre, par les médecins scolaires ?

C’était de protester fortement contre la diminution de nos moyens. Il y a eu une suppression de 46 % des crédits de vacation. En 2004, nous étions 1 300 médecins titulaires et 790 équivalents temps plein de médecins vacataires. En 2005, nous sommes passés à 423 équivalent temps
plein. Cela nous met d’autant plus en difficulté que nous étions déjà en déficit chronique de personnel. Nous demandons donc plus de moyens en personnel ainsi que le rétablissement de nos frais de déplacement, qui
sont maintenant très limités alors que nous couvrons des secteurs assez
larges.

Quelles sont les conséquences de ces diminutions ?

Dans certains départements, il y a des secteurs que l’on va laisser
complètement à découvert, c’est-à-dire où il n’y aura plus de médecins
scolaires. Aujourd’hui, nous sommes dans une moyenne nationale de
l’ordre d’un médecin scolaire pour 7 750 élèves. Mais dans certains
départements, c’est catastrophique. Dans le Loiret, par exemple, il y a
seulement un médecin scolaire pour 10 000 élèves.
On avait déjà du mal avant mais là, c’est pire. Nous sommes très
sollicités sur les examens à la demande. Il y a une augmentation
importante, ces dernières années, du nombre d’enfants handicapés
scolarisés en milieu ordinaire ou d’enfants souffrant de maladie
chronique (diabète, dyslexie, dyspraxie...). Notre rôle est d’élaborer
avec les enseignants et les parents des projets d’accueil individualisé,
pour que ces enfants soient le mieux intégrés possible et pour que
l’enseignant sache quoi faire en cas d’urgence. Si on recule la mise en
place d’un projet d’aide individualisé parce que nous n’avons pas le
temps de nous rendre dans l’école de l’enfant, ou parce que nos frais de
déplacement ne sont plus remboursés, et qu’il arrive quelque chose à
l’enfant, on peut aussi se poser la question de notre responsabilité...

Quelles conséquences pour les élèves ?

Il y a des enfants qui ne seront plus pris en charge. Car on a de plus
en plus tendance à gérer l’urgence. On arrive à une situation où il va
falloir faire des choix ! Ce n’est pas satisfaisant car notre rôle,
c’est aussi de faire de la prévention. On a une efficacité, une action
auprès des élèves qui risque d’être mise à mal. Surtout pour ceux qui
sont le plus en difficulté. Pour les gamins qui vont bien, qui viennent
d’une famille aisée, qui sont suivis régulièrement, je comprends que
nous n’ayons pas à agir. Mais pour ceux dont ce n’est pas le cas, ça va
être préjudiciable.

D’autant que les besoins de santé en milieu scolaire s’expriment plus
qu’avant. Par exemple, aujourd’hui, on voit systématiquement tous les
enfants en grande section de maternelle pour un diagnostic des troubles
de l’apprentissage. C’est un examen complet et long qui intervient dans
le cadre de la prévention de l’échec scolaire. Même si nous sommes mal
connus du grand public, notre rôle est essentiel car c’est un bilan
important que les généralistes n’ont souvent pas le temps de faire. Avec
ces diminutions de postes, cet examen ne va plus être fait partout.

Quelle réponse avez-vous obtenue du ministère de l’éducation nationale, où vous avez été reçus ?

Pratiquement aucune. La seule chose que nous ayons apprise, c’est la
"création" de 21 postes alors que les départs à la retraite et les
détachements n’ont pas été remplacés depuis deux ans... Ce n’est
absolument pas suffisant. Nous demandions au moins de revenir aux 790
équivalents temps plein. On va donc continuer notre mobilisation pour y arriver.