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joyeux anniversaire papon

Publie le vendredi 9 septembre 2005 par Open-Publishing

A l’initiative de J. Halfen (ex-militant d’AD), le 3 septembre dernier, des membres de collectifs de soutien aux militants emprisonnés d’Action directe du Sud de la France se sont rendu dans le Val-de-Marne, devant le domicile ombragé et cossu du retraité Maurice Papon.

Ceci afin de fêter « dignement » son 95ème anniversaire. Cette action symbolique, contre l’oubli et pour la solidarité, inédite à ce jour, s’est déroulée presque dans l’intimité. Certains comités s’étant abstenu pour diverses raisons, et les autres concernés par cette virée se trouvant déjà occupé à arpenter le pavé parisien avec la manifestation des sans papiers.

Qu’importe, sous le regard vague de quelques condés en civil et d’une poignée de journalistes circonspects, le « pépère bonimenteur » apparemment absent de sa propriété a eu droit à sa petite chansonnette ainsi qu’un joli gâteau -évidemment factice et dégoulinant de faux raisiné.

Les faits d’armes les plus marquants du vieux Momo étaient inscrits sur la pâtisserie en carton : Bordeaux 1942-1944, période durant laquelle il traque le « Juif » avec zèle (résultat « honorable » : c’est plus de 1500 hommes et femmes de tous âges qui finiront dans le camp d’Auschwitz grâce à ses bons soins).

Plus bas est inscrit : 17 octobre 1961, date a laquelle il officiait, sous la présidence de De Gaulle, comme préfet de police de Paname. On se rappelle que ce jour-là, il lâchât sa meute contre une manifestation organisée par le FLN, afin de casser du « bougnoule » (on ne saura jamais le nombre exact de manifestants torturés, noyés ou assassinés, mais ce sont des centaines d’Algériens qui perdront la vie sous les caresses de ses milices).

Malgré (ou grâce à ?) cela, ce féroce serviteur du maintien de l’ordre établi poursuivra sa carrière de haut fonctionnaire jusqu’en 1981, protégé par les différentes élites politiques et leurs réseaux opaques. Engeance à l’esprit de corps fort développé, qui espérait que ces faits historiques soit occultés à jamais. Finalement condamné à dix ans d’emprisonnement en 1998 pour complicité de crime contre l’humanité, Momo sortira de cabane en septembre 2002 (après avoir passé deux ans derrière les barreaux), pour cause d’état de santé incompatible avec la détention (loi Kouchner).

Soit. Mais on se souvient des images de sa sortie en compagnie de son baveux, de son sourire en coin, ainsi que de sa vitalité promptement retrouvée au passage des portes du pénitencier. C’est humain, n’est-ce pas ? Et on ne peut s’empêcher d’imaginer d’autres sourires fleurir en retrouvant l’air libre.

Des sourires moins cyniques, pour sûr. Car aujourd’hui comme hier, à l’intérieur des geôles françaises, de nombreux résistants à l’injustice croupissent, les grabataires marinent dans leur jus, les handicapés survivent péniblement et les vieillards autant que les malades y crèvent à petit feu. Alors, à l’instar de Momo-le-vieux-malin : Tout le monde dehors et plus vite que ça !

Marius Fréhel