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réponse a François hollande de la part de syndiqués de sud

Publie le mercredi 12 décembre 2007 par Open-Publishing
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réponse a hollande de la part de syndiqués de sud

Mesdames, Messieurs les élus et représentants du Parti Socialiste,

Nous avons lu avec stupéfaction l’article « Où est le PS ? » du journal « SUD OUEST » du 27 novembre dans lequel François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste dit vouloir combattre le syndicalisme de SUD et remercier le virage réformiste et " raisonable" de certains dirigeants et cadres d’autres syndicats

Déclarer vouloir combattre des syndicalistes dans un pays démocratique est déjà indigne du porte-parole d’un parti politique. Mais quand ce porte-parole est censé représenter le premier parti de la gauche, notre stupéfaction fait place à l’incompréhension, la tristesse, la colère.

Parce qu’à Solidaires, c’est comme ça qu’on appelle l’union syndicale qui représente, entre autres, les syndicats SUD comme François Hollande nous appelle, notre combat, à nous, c’est de nous opposer à la violence des mesures que cette droite extrême au pouvoir impose au monde du travail et aux plus démunis. Des mesures qui créent une société où le « marche ou crève » est en train de devenir la règle.

Notre combat à nous c’est la lutte contre l’injustice sociale, contre toutes les formes d’exclusion et de précarité qui n’ont cessé de progresser ces dernières décennies.

Notre combat à nous, c’est de s’opposer à la remise en cause de tous les principes de solidarité qui fondent la base de notre société (retraites, assurance-maladie, services publics), de s’opposer au démantèlement du code du travail et du droit de grève qui n’ont jamais autant été menacés.

Notre combat à nous, c’est celui pour les libertés, déjà malheureusement fortement secouées par la politique liberticide du gouvernement précédent et plus particulièrement par son ministre de l’intérieur d’alors, qui a déjà mis en pratique plus d’une douzaine de points du programme d’un parti fasciste.

Notre combat à nous, c’est celui pour l’Egalité, bafouée elle aussi par une politique bâtie sur l’exclusion, le rejet de l’autre, le refus de la différence.

Notre combat à nous, c’est celui pour la Fraternité, souillée par un programme politique inspiré par un courant de pensée qui considère l’hérédité comme responsable de tous les maux de la société. Idéologie qui consiste à vouloir mettre au banc de la société toutes celles et ceux qui ne seraient pas « socialement acceptables » ou encore « économiquement viables ». Un courant de pensée qui a inspiré, faut-il le rappeler, les pires formes de répression et de discrimination de notre histoire.

Notre combat à nous, c’est stopper une droite adossée au MEDEF qui ne cesse d’enfoncer des coins dans les acquis du salariat : réforme des retraites, réforme de la sécurité sociale, réforme du code du travail, mise en place du Contrat Nouvelle Embauche (CNE), remise en cause des 35 Heures et plus généralement la multiplication des mesures de flexibilité.

Notre combat à nous, c’est stopper la menace qui pèse sur les valeurs humanistes qui ont fondé notre histoire, de la révolution française à nos jours en passant par les acquis sociaux issus du Front Populaire, du Conseil National de la Résistance, et plus proche de nous des droits gagnés après la révolte de mai 68 et avec l’arrivée de la gauche de 81.

Notre combat à nous c’est de nous opposer à une politique menée par un président qui n’hésite pas à revisiter l’histoire de notre pays en présentant les croisades et la construction des cathédrales comme les grands moments de cohésion nationale de notre histoire. Un président pour qui la Liberté, l’Egalité et la Fraternité seraient devenues des concepts rétrogrades et qui préfère se référer à la valeur travail, à l’identité nationale et à la place de la famille dans les fondements de notre société, renouant ainsi avec un épisode peu glorieux de notre passé. Un président dont les références politiques (Thatcher, Reagan, Berlusconi, …) ont tous en commun d’avoir été des chefs d’état de combat. Un combat destiné à briser la moindre résistance sociale. Un combat qui va généralement de pair avec des atteintes aux libertés, une régression culturelle et une vision rétrograde du monde.

Notre combat à nous, c’est le refus des politiques européennes libérales dont on connaît les conséquences (les privatisations des services publics, leur dépérissement, l’éclatement des droits sociaux, le démantèlement des systèmes de protections sociales. C’est aussi le développement du dumping social, la concurrence entre les pays et les salariés. Toutes ces politiques là, on les connaît et on essaye de les combattre depuis des années dans nos secteurs professionnels.

Notre combat c’est celui pour la construction d’une Europe qui place au cœur de son projet la satisfaction des besoins de la population. C’est celui pour permettre à l’Europe de se construire sur de nouvelles fondations qui l’émancipent du capitalisme financier, qui la réconcilient avec le progrès social, la démocratie, un développement soutenable, la coopération entre les peuples, qui portent la paix dans un monde déchiré par les guerres. Une Europe du droit pour toutes et tous à l’emploi, mobilisée contre le chômage, la précarité et la dégradation du cadre de vie. Une Europe qui renforce les garanties sociales, les retraites, le salaire minimum, les services publics et veille à la stricte application de l’égalité entre les hommes et les femmes. Une Europe qui met en œuvre un développement économique compatible avec les équilibres écologiques, Une Europe démocratique, fondée sur la pleine citoyenneté de tous ses résidents, défendant la diversité culturelle, respectant la laïcité. Et Pour que cette Europe si nécessaire devienne possible, il faut partout donner la parole aux citoyens aux salariés en commençant par imposer un référendum, comme le parti socialiste s’y est d’ailleurs engagé pendant la campagne présidentielle.

Alors oui, face à cela, nous les SUD, comme François Hollande nous appelle, combattons une politique dangereuse pour la Liberté, l’Egalité et la Fraternité, nous combattons un programme dangereux pour le monde du travail et indigne du pays des droits de l’Homme.

Alors oui, face à cela, nous les SUD, comme François nous appelle, appelons l’ensemble les salariés, les chômeurs, les exclus, à se mobiliser et à mobiliser autour d’eux pour créer les conditions nécessaires à la construction d’une opposition parlementaire. Pour construire les conditions d’une riposte sociale indispensable au refus de cette société bâtie sur l’exclusion, l’intolérance, l’oppression et la répression.

Alors oui, face à cela, nous les SUD, comme François nous appelle, appelons au rassemblement de toutes celles et ceux qui entendent s’engager dans la résistance à la régression. Nous appelons à la mobilisation de l’ensemble des forces démocratiques du pays (syndicats, associations, mouvement social, partis politiques, …) pour remettre l’homme au centre de la société. Nous appelons à renverser la dictature médiatique imposée par les grands groupes industriels au service de leurs seuls intérêts.

Aujourd’hui, jamais la France n’a eu autant besoin d’une opposition forte et déterminée. Alors, on ne comprend pas quand François veut combattre les syndicalistes de SUD, dont beaucoup d’ailleurs sont aussi des militants socialistes. On ne comprend pas quand François veut combattre ceux qui défendent les salariés plutôt que ceux qui les exploitent. On ne comprend pas quand François dépense son énergie à vouloir combattre des syndicalistes, alors que notre pays est en train de céder sous les coups de boutoir idéologique d’une droite extrême.

Alors oui ! Où est la gauche ? Cette question n’a jamais autant été légitime, tant elle est chargée d’inquiétude et d’espoir à la fois. Alors cessez de vous recroqueviller derrière la seule idée du pouvoir. Arrêtez de croire que rien n’est possible parce qu’il y a le « Marché », « la mondialisation » ou quoi d’autre encore ! Le Monde c’est chacun d’entre nous. Il est ce que nous en faisons. Cela n’a rien d’utopique, il suffit d’en avoir la volonté. Dans notre société, ça s’appelle faire de la Politique.

Alors François, ne te trompe pas de combat ! Alors camarades socialistes, dites nous où est le PS !

L’union syndicale SOLIDAIRES Nord-Pas-de-Calais Les syndicats SUD, comme François nous appelle, et plein d’autres qui ne s’appellent pas SUD mais qui ont participé à la rédaction de cette lettre.