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revue de presse internationale sur fillon and co
Publie le mercredi 4 juillet 2007 par Open-Publishing1 commentaire
France
Le Premier ministre tente de sortir de l’ombre de Sarkozy
BELGA
Mis en ligne le 03/07/2007
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Dans un discours de politique générale de plus d’une heure, M. Fillon a assuré la détermination de son gouvernement à mettre oeuvre les réformes décidées par M. Sarkozy.
EPA
Le Premier ministre français François Fillon, qui peine à exister face à l’"hyperprésident" Nicolas Sarkozy présent sur tous les fronts, a tenté d’affirmer son rôle et de faire taire les sarcasmes en présentant mardi son programme de gouvernement devant les députés.
Dans un discours de politique générale de plus d’une heure, M. Fillon a assuré la détermination de son gouvernement à mettre oeuvre les réformes décidées par M. Sarkozy, qui allient libéralisme économique et une plus grande sévérité en matière de répression de la délinquance ou du contrôle de l’immigration.
"Il faut réécrire notre contrat politique, social et et culturel", a déclaré le Premier ministre, en soulignant sa volonté de moderniser les institutions. M. Fillon, qui avait promis des "surprises", a en fait consacré la quasi totalité de son discours à reprendre les promesses électorales de M. Sarkozy, sans faire d’annonce nouvelle.
Il a ainsi souligné que l’effort consacré à l’enseignement supérieur serait "la priorité absolue", avec 5 milliards d’euros consacrés aux universités d’ici à 2012. Il a aussi confirmé le principe du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et repris l’objectif d’un retour au "plein emploi" en 2012.
Ce n’est d’ailleurs qu’à cette date que la dette publique sera ramenée en-deça du plafond de 60% du Produit intérieur brut prévu par les textes européens, ce qui risque de provoquer des frictions avec les partenaires de la France. Face à l’omniprésence de M. Sarkozy, les déclarations de M. Fillon étaient passées jusqu’ici relativement inaperçues, y compris dans son propre camp qui s’en remet entièrement au nouveau président. Quant à la gauche, elle ne voit en M. Fillon qu’une "marionnette" entre les mains de M. Sarkozy.
Dans une déclaration à la tribune de l’assemblée après le discours de M. Fillon, le chef de l’opposition socialiste François Hollande a raillé le rôle devenu secondaire du Premier ministre, en parlant de "dérive présidentialiste". M. Sarkozy est "omniprésent, omnipotent, omniscient" et "le chef de l’Etat décide de tout, parle de tout", a-t-il lancé.
Annonçant la création d’une commission composée "de personnalités incontestables pour leurs compétences", M. Fillon a lancé le chantier de la réforme des institutions, notamment pour renforcer les pouvoirs du Parlement.
Dans le système de la Ve République mis en place il y a un demi-siècle par le général de Gaulle, c’est traditionnellement le Premier ministre qui engage sa responsabilité devant le Parlement. Mais M. Sarkozy, qualifié d’"hyperprésident" par la presse, a changé la donne par rapport à ses précédesseurs : depuis sa prise de fonction de 16 mai, il intervient au jour le jour sur tous les fronts, déclarant avoir "été élu pour faire quelque chose sur tout", et le rôle du chef du gouvernement est réduit à la portion congrue.
Pour le quotidien Libération, cette nouvelle pratique du pouvoir pourrait "aboutir à la suppression d’un poste de Premier ministre devenu emploi fictif". François Fillon a lui-même appelé de ses voeux la "présidentialisation" du régime dans un essai qu’il a publié à l’automne, dans lequel il souhaite que la Constitution "confie clairement" au chef de l’Etat "la conduite de la politique de la nation".
L’intéressé assure n’avoir aucun problème d’ego et vivre très bien l’omniprésence de Nicolas Sarkozy : "il est le numéro un et je suis le numéro deux et tous ceux qui voudront me pousser à exister contre lui perdent leur temps".
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Messages
1. revue de presse internationale sur fillon and co, 4 juillet 2007, 09:36
Au Palais Bourbon, la révolution attendra ! C’est dans les travées de l’Assemblée nationale que François Fillon devait se révéler, s’émanciper enfin de l’ombre hyperactive de Nicolas Sarkozy. Mais le discours de politique générale que le premier ministre a sorti hier de sa petite pochette, bleue comme l’UMP, n’aura surpris personne.
Sur le fond comme sur la forme, ces soixante-huit minutes monocordes et banales, sans aucune nouvelle annonce, auront encore accentué le rôle de faire-valoir du chef du gouvernement.
En un peu plus d’une heure, le Sarthois aura même réussi l’exploit de citer le président de la République à 21 reprises. Sans oublier de rendre honneur à l’excellent bilan de l’ancien ministre de l’Intérieur… Nicolas Sarkozy.
Un député de la majorité s’en étranglerait presque : « L’Assemblée nationale, c’est la maison du premier ministre ! S’il ne parvient pas à trouver ses marques ici, où le fera-t-il ? ».
A la place, Fillon propose de modifier l’article 18 de la Constitution qui interdit, de fait, la présence du président de la République au Palais Bourbon pendant les débats parlementaires.
« Il est le numéro un et je suis le numéro deux, assure l’homme de Matignon, et tous ceux qui voudront me pousser à exister contre lui perdent leur temps. » Tout juste François Fillon s’est-il déclaré agacé par la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy. Une garde rapprochée qui, contrairement aux usages, n’a pas hésité à donner des entretiens à la presse pour tancer le premier ministre et révéler à l’avance la teneur de son discours de politique générale. « Au fil de la session parlementaire, veut croire le constitutionnaliste Guy Carcassonne dans Libération, le premier ministre va revenir au-devant de la scène. »
« Lisez mon livre ! »
Et si, de ce devant de la scène, le premier ministre n’en voulait pas ? Pour le politologue Dominique Reynié, « la multiplication des engagements de Nicolas Sarkozy sur des dossiers qui appartiennent aux ministres du gouvernement Fillon donne le sentiment que tout a été fait. » Une présidentialisation, une américanisation « de la fonction gouvernementale » à laquelle souscrit totalement François Fillon.
Avant d’intervenir hier, il lançait aux journalistes : « Je n’ai pas l’habitude de parler off dans les couloirs. Mais si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à lire mon livre. »
En plongeant dans les écrits « filloniens », on s’aperçoit que l’homme s’est prononcé à plusieurs reprises en faveur de la disparition de la fonction de premier ministre. Pas plus tard que l’an dernier, il publiait La France peut supporter la vérité (Albin Michel) : « Dans un premier temps, on pourrait, dans la Constitution, confier clairement au président la conduite de la politique de la nation… »
Si Fillon propose, Sarkozy peut donc disposer. (24h, quot suisse)