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sortir de la dépression / sur www.campuslille.com

Publie le lundi 16 mars 2009 par Open-Publishing

CE MERCREDI 18 MARS 2009

A 18H30

C’EST « L’HEURE DE L’METTRE »

Sur RADIO CAMPUS Lille 106,6

En direct et en archives sur www.campuslille.com

« La fatalité triomphe dès que l’on croit en elle » S. de Beauvoir

Dire que les individus et leur façon d’être sont liés au mode de production et à ses aléas, relève de l’évidence. Oui, les rapports sociaux dans leur ensemble, les rapports sociaux tels que vécus dans le système capitaliste, conditionnent nos us individuels.

Aussi, alors que le système économique traverse l’une de ces grandes dépressions obligées, il est à la fois normal et étrange de rencontrer, dans le quotidien, une foule d’individus dépressifs.

Si vous ne partagez pas ce constat, alors, dès jeudi, vous reconnaîtrez aisément ce petit monde névrotique : il marche à contre-courant de la manifestation, et, quand le sens de l’Histoire s’éclaire soudainement, il maintient ses petites habitudes ténébreuses. Sa dépression, en vérité, il y tient.

Il admettra avec vous que la situation est alarmante, bien sûr, mais n’en retiendra que cela, car la crise pour lui, c’est la confirmation de son impuissance. Tout va mal, il n’y a rien à faire, tel est son credo. Puis il trouve dans quelque rayon domestique les tranquillisants qui lui apportent l’oubli.

Vous lui mettez sous les yeux les chiffres faramineux des profits capitalistes, vous les associez à la réalité de la dégradation de ses conditions de vie, aux licenciements, au chômage, aux reculs sociaux engendrés par l’offensive de la rentabilité déifiée, bref, vous exposez l’incroyable obscénité d’une situation où quelques voyous tirent leur épingle du jeu en plongeant le monde dans la misère, il ne voit rien. Dépressif, il finit par se délecter de la dépression. Y plongeant, il ne la voit plus, plus pour ce qu’elle est. Et se confine à l’immobilité, ayant intériorisé cette chimère qu’il tient pour fait : la propriété privée est intouchable.

Cloué par cette malédiction, le dépressif est nécessairement paralysé. Rien ne peut changer. La fatalité est son seul horizon. Parfois, avec un sourire désenchanté et un rien de complaisance, il pousse l’amabilité jusqu’à vous écouter encore un peu. Vous, militant thérapeute, lui rappelez une évidence : rien n’est écrit, tout est entre nos mains, regarde en Guadeloupe, un mois de grève = 200 euros, en 1968 pareil, et 1936… Il hoche la tête, en parfait accord avec vous, vous vous prenez à espérer une rémission, oui, il opine, il acquiesce, convient que oui, vous assure de son affinité, oui… puis il vous assomme : « Ouais mais aujourd’hui c’est plus possible »

Que faire ? Allons-nous tous succomber à l’épidémie ? Le poids du fatum nous renverra-t-il tous à nos tréfonds et à ses petites lâchetés ? Il convient de ne pas s’alarmer inutilement. D’abord, l’épidémie est limitée géographiquement, circonscrite à quelques rares pays riches, les seuls où le luxe de la dépression est matériellement possible. Ensuite, l’épidémie est limitée sociologiquement, touchant prioritairement (mais hélas pas seulement…) la petite-bourgeoisie, ces classes si moyennes qu’elles en deviendraient médiocres. Enfin, il y a une limite dans le temps : les effets réels de la crise vont profondément modifier les perceptions, les comportements – les points de vue vont changer.

Il convient donc d’accompagner les malades sans perdre de vue l’objectif de la guérison. Pour cela, les mobiliser pour la grève et la manifestation du jeudi 19 mars. A Lille, le rendez-vous est fixé à 14h30, Boulevard de la Liberté. C’est le seul traitement qui ait fait ses preuves jusqu’à ce jour.

On peut aussi se préparer en écoutant le second volet de l’intervention prononcée par Gérard Filoche, Inspecteur du Travail, dans lequel il revient sur la casse du Code du Travail, démontrant par là que la lutte des classes est un sport pratiqué avec sérieux par ceux-là même qui la nient.

C’est donc ce mercredi. Et nous entendrons également, dans le cadre du cinquantième anniversaire de la Révolution cubaine, Ana Maria Chongo, Consule Générale de Cuba à Paris, Hernando Calvo Ospina, auteur colombien, et Viktor Dedaj, auteur pas colombien. Ils reviennent sur deux questions : le système politique cubain et la place de Cuba dans le monde aujourd’hui.

« Une fois qu’un peuple cesse d’être analphabète, sait lire et écrire, possède les connaissances élémentaires indispensables pour vivre et produire honnêtement, il lui faut encore vaincre la pire forme d’ignorance de notre époque : l’analphabétisme économique. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons savoir ce qu’il se passe dans le monde. » Fidel Castro Ruz, 28 octobre 2008