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Incendie du boulevard Auriol : un avocat dénonce un procès "désinvolte"

Publie le jeudi 10 mars 2011 par Open-Publishing

Improvisation, désinvolture. L’un des avocats des familles de victimes de l’incendie d’un immeuble du boulevard Vincent-Auriol à Paris en août 2005 -17 morts dont 14 enfants- a eu mercredi des mots très durs pour qualifier l’organisation de ce procès devant le tribunal correctionnel de Paris.

"Moi, ce matin, j’ai eu l’impression qu’on était devant la chambre de droit immobilier du tribunal de grande instance de Paris à parler de vices cachés", s’est indigné mercredi Me Jean-Marc Florand. Et l’avocat de rappeler la lourde "réalité humaine" de ce dossier, 17 morts -trois femmes et 14 enfants âgés de 2 à 13 ans- tous d’origine africaine.

L’audience, ouverte peu après 9h, a été suspendue en fin de matinée et ne reprendra que jeudi après-midi. Initialement, le tribunal avait fixé cette audience sur deux demi-journées. Face au retard pris, il en a ajouté une troisième.

Au final, l’association Freha, bailleur social et gestionnaire de l’immeuble, et la société Paris Banlieue Construction, qui y avait effectué des travaux, sont jugées pour "homicides et blessures involontaires".

L’origine criminelle de l’incendie ne fait aucun doute. La mise à feu s’est déclarée sous la cage d’escalier où se trouvaient les poussettes. Les experts ont estimé que cet incendie n’avait pas été provoqué par "l’imprudence d’un fumeur". Mais les enquêteurs n’ont retrouvé aucun suspect.

La présidente de la 14e chambre, Jacqueline Rebeyrotte, a lu les charges pesant sur les deux prévenus et donné l’identité des victimes. "Le moins que l’on puisse faire est de rappeler leur nom", a-t-elle dit.

"Il y a un traitement extrêmement désinvolte de ce dossier où il y a 17 morts", a estimé Me Florand à l’issue de l’audience à laquelle assistaient de nombreuses personnes, dont certaines avec enfants. "On est déçu. Les familles pensaient qu’elles allaient avoir la parole. Elles s’attendaient à pouvoir poser des questions", a regretté Kanonte Tapa, le porte-parole des familles.

L’incendie s’est propagé par les plaques de contreplaqué posées sur les murs de la cage d’escalier, plaques destinées à éviter que les enfants n’ingèrent la peinture au plomb, facteur de saturnisme, une grave maladie. Cet immeuble vétuste datait de 1894.

Dans l’ordonnance de renvoi devant le tribunal, le juge relève que la pose de ces plaques a été "réalisée dans l’urgence" dans "un but de santé publique" et souligne que les services administratifs n’ont pas alerté Freha et Paris Banlieue Construction "sur la non conformité de l’installation aux normes en vigueur".

L’information judiciaire avait été ouverte initialement pour "destruction volontaire par effet d’un incendie ayant entraîné la mort d’autrui", un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité. AP

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20110309.FAP6142/incendie-du-boulevard-auriol-un-avocat-denonce-un-proces-desinvolte.html