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Soutenir Siné ( pétition en ligne) ; chronique de Siné ; Delfeil de Ton

Publie le mercredi 23 juillet 2008 par Open-Publishing
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SINÉ : SA VIE, SON OEUVRE, SON CUL ET... PHILIPPE VAL.

Le mardi 8 juillet, sur les ondes de RTL, Claude Askolovitch, journaliste au Nouvel Observateur, dénonçait « un article antisémite dans un journal qui ne l’est pas ». Il faisait allusion à une chronique de Siné dans Charlie hebdo, dont nous reproduisons le texte ici :

« Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l’UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n’est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »

Prétextant l’éventualité d’un procès pour antisémitisme, Philippe Val, directeur de publication, a enjoint Siné de signer une lettre d’excuse dans Charlie hebdo, ce que le dessinateur a refusé de faire. Philippe Val l’a aussitôt renvoyé du journal avec l’assentiment de la direction (Bernard Maris, Gérard Biard et Charb).

Où est l’antisémitisme dans le texte de Siné ? Il y dénonce seulement, avec le ton fleuri qui est sa marque de fabrique, l’opportunisme du fils du président de la République.

Philippe Val et la direction de Charlie hebdo se sont couchés devant Jean Sarkozy. Grand bien leur fasse, leurs lecteurs apprécieront. À la radio, d’autres continuent de faire des procès en antisémitisme comme certains, naguère, en sorcellerie.

Nous connaissons bien Siné : sa grande gueule, sa violence intellectuelle, son humour et surtout sa maison ouverte à tous : Juifs, Arabes, Français, Noirs, Auvergnats, Bretons, pédés, communistes (liste non exhaustive), tous unis pour conchier, autour d’un verre (ou de plusieurs), une société de plus en plus bien pensante et moraliste.

C’est pourquoi nous apportons notre soutien inconditionnel à Siné. Siné n’aime pas les cons. Siné est un anar. Vive Siné !

pour signer la pétition en ligne


remarques personnelles :
 cette pétition est relayée aussi par les membres de l’Union Juive
Française pour la Paix
 pour une approche de l’antisémitisme, de son exploitation par le sionisme, on lira

 Sionisme et Antisémitisme
texte d’une conférence de Pierre Stambul le 24/6/2008
 Antisionisme, antisémitisme, judéophobie

Patrice


vous avez "échappé" à la tribune de Siné dans Charlie Hebdo de cette semaine. Elle a pourtant été envoyée.

Val ne l’a pas publiée : qui s’en étonnera ?

la voici ci-dessous, publiée sur le site http://soutiensine.blogspot.com/


et pour clore très provisoirement, l’appréciation de Delfeil de Ton

http://bibliobs.nouvelobs.com/2008/07/23/vive-sine

Par Delfeil de Ton

Delfeil de Ton, aux premières loges, vous montre par quel miracle « Charlie-Hebdo » est tombé dans des mains indignes et comment « le petit monsieur Val » a pu « foutre à la porte le grand monsieur Siné ».

« Dans notre monde libéral, les idées finissent toujours par appartenir à ceux qui ne les trouvent pas. » Cette sentence est de M. Philippe Val, penseur contemporain.

Elle figurait en couverture du premier numéro de « Charlie-Hebdo » nouvelle manière lorsque parut sous ce titre, en juillet 1992, un journal qui prétend poursuivre l’ancien, « le vrai », comme disent beaucoup de lecteurs, lequel avait cessé de paraître en 1981. Le titre n’appartenait à personne, il n’avait jamais été déposé là où se dépose la propriété industrielle et commerciale. La poignée de gens qui l’avait fait, moins d’une dizaine, dont je faisais partie, se souciait de faire un bon journal, c’est-à-dire un journal qui les faisait rire. Notre ambition était de rire, de faire rire, et d’en vivre. On n’allait pas voir plus loin. On était des humoristes contemporains.

« Charlie-Hebdo », système libéral ou pas système libéral, ce fut nos idées à tous, on l’a inventé ensemble, sans penseur ni personne.


A son premier numéro, « l’hebdo », comme nous disons entre nous, les fondateurs, s’appelait « L’hebdo Hara-Kiri ». En effet, ce qui nous réunissait, c’était le mensuel « Hara-kiri, journal bête et méchant », au départ duquel on trouve associés, pour l’éternité de l’histoire de la presse, le professeur Choron et Cavanna. Cet hebdo, à cause et grâce à la couverture imaginée par Choron à la mort du général de Gaulle, « Bal tragique à Colombey : un mort », devint « Charlie-Hebdo ». Le « Charlie-Hebdo » d’aujourd’hui, même si son directeur de la direction lui nie publiquement toute créativité, doit tout, encore, au professeur Choron. Sans son génie, qui s’est exprimé génialement ce jour de grand deuil pour la France, le « Charlie-Hebdo » d’aujourd’hui n’existerait pas sous ce titre. Il n’aurait pas eu ses premiers lecteurs, qui furent immédiatement très nombreux grâce à la légende sur laquelle il s’appuyait, et qui lui ont donné sur-le-champ des finances florissantes, sans lesquelles, dans notre monde libéral, il ne fait pas bon vivre pour toute publication.

« Dans notre monde libéral, les idées finissent toujours par appartenir à ceux qui ne les trouvent pas. » La sentence de M. Philippe Val, penseur contemporain, figurait donc en couverture du numéro 1 du nouveau « Charlie-Hebdo ». En 2004, lorsque parut un livre, « Les Années Charlie, 1969-2004 », qui prétendait retracer l’histoire du journal, cette couverture y fut republiée sur une pleine grande page mais la sentence n’y figurait plus. Le court texte, dans lequel elle se trouvait, avait été supprimé. C’est ainsi qu’on fait l’histoire, au nouveau « Charlie-Hebdo ».

C’est pourtant la pensée la plus juste du penseur contemporain mais c’est aussi que le penseur, qui n’a pas trouvé cette idée qui s’appelle « Charlie-Hebdo », pas plus qu’il n’a trouvé cette idée d’appeler un journal « Charlie », cette idée lui appartient aujourd’hui grâce au monde libéral où il navigue avec une si remarquable aisance.

Ces choses, je n’avais jamais pris la peine de les dire. Je me soucie de ce Charlie-Ersatz comme d’une guigne, je ne le lis pas.

Seulement voilà : le petit M. Val a foutu à la porte le grand M. Siné. Siné n’est pas un ami, à peine un copain, mais je sais que cette accusation d’antisémitisme dont on l’accable n’est qu’un prétexte, je le vois, et je sais que c’est une accusation ignominieuse, destinée à tuer un homme moralement, socialement, professionnellement. Siné, qui a mené le combat anticolonialiste quand il y avait encore des colonies. On les comptait, les journalistes qui ouvraient leur grande gueule en ces années-là. Grand graphiste, grand dessinateur à qui on veut faire porter les bottes de Darquier de Pellepoix. Dans sa 80e année, on assassine Siné. En Corse, on a fait sauter sa maison. Ici, on veut le déshonorer.

Une pétition pour Siné a été signée par 2.000 gens de bien. J’en citerai deux. Edgar Morin qui, à l’âge de 85 ans, en 2006, dut aller jusqu’en cassation pour faire annuler sa condamnation pour « incitation à la haine raciale » sur dénonciation du même milieu qui s’en prend à Siné. Le deuxième : Willem, seul de l’équipe du soi-disant « Charlie-Hebdo », qui a signé au risque de prendre lui aussi la porte. Bravo, Willem. Je t’embrasse.

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