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Patrick Braouezec : "Un candidat du mouvement social ferait consensus"

Publie le mardi 28 novembre 2006 par Open-Publishing
6 commentaires

Entretien réalisé par Sébastien Crépel

Entretien . Patrick Braouezec, député PCF de Seine-Saint-Denis, postule à l’investiture antilibérale au sein d’une "candidature collective".

Vous êtes candidat à l’investiture antilibérale pour l’élection présidentielle. Quel apport vous distingue des autres candidats ?

Patrick Braouezec. Ma démarche n’est pas de prétendre incarner un « plus » vis-à-vis des autres postulants. Je considère que nous avons besoin d’une candidature collective de militants engagés dans des combats divers et reflétant des expériences différentes, représentative des collectifs locaux. Tout en étant capables de dégager, le moment venu, un nom à faire figurer sur le bulletin de vote. Dans ce cadre, mon expérience de maire durant quatorze ans de cette ville populaire qu’est Saint-Denis peut enrichir utilement cette candidature collective, tout comme celle que j’ai acquise au sein d’organismes internationaux comme CGLU (1) ou dans les forums sociaux. Un certain savoir-faire en matière de démocratie participative et de travail avec les quartiers populaires est aussi un atout pour renforcer ces dimensions dans notre projet.

Deux candidats issus du PCF pour porter les couleurs du rassemblement antilibéral, n’est-ce pas un de trop ?

Patrick Braouezec. Comme chacun l’a remarqué, je n’ai pas brigué le suffrage des militants du PCF. J’estime que cela n’a aucun sens, dans la mesure où il ne s’agit pas de désigner un candidat du Parti communiste mais celui d’un rassemblement qui va bien au-delà et dont la diversité est très large, incluant des altermondialistes, des écologistes, des socialistes, etc. Personne ne conteste évidemment la légitimité de la présence du PCF qui représente quelque chose de fort au sein du rassemblement. Celui-ci s’enrichit des cultures des uns et des autres. Mais pour cette même raison, la position de secrétaire nationale du PCF de Marie-George Buffet pose un problème parce qu’elle ne reflète pas de manière lisible cette diversité. Cette candidature serait vécue au fond comme partisane et étroite. De la même façon, je suis convaincu que ma candidature ne peut être in fine retenue par les collectifs, du fait de mon appartenance au PCF.

Vous envisagez donc de vous retirer d’ici le 9 décembre ?

Patrick Braouezec. La question ne se pose pas en ces termes. Je suis candidat en tant que participant à la « candidature collective » que j’évoquais à l’instant, et non comme représentant unique de toutes les sensibilités. Nous souffrons encore beaucoup d’un défaut de travail collectif. J’apprécierai le moment venu si ma contribution est souhaitable et souhaitée dans la suite du processus.

Comment interprétez-vous le retrait de la candidature de José Bové ?

Patrick Braouezec. Il est le signe de ce manque de travail collectif. Autant je comprends les arguments de José Bové pour expliquer son retrait, que j’espère provisoire, autant il est regrettable, car une telle décision ne peut être prise sans en avoir débattu avec les autres composantes du rassemblement. Nous avons besoin de lui, aussi je souhaite qu’il réintègre la « candidature commune » même s’il ne désire plus être désigné pour figurer sur le bulletin de vote.

Si ce n’est pas pour vous, pour qui envisagez-vous de vous prononcer les 9 et 10 décembre ?

Patrick Braouezec. Je ne sais pas encore si j’exprimerai un choix. Rien ne nous presse. À mon avis, si on levait cette incertitude sur l’issue du rassemblement que peuvent constituer ma candidature et celle de Marie-George Buffet, et si un accord intervenait entre les différents candidats et au collectif national pour désigner celui ou celle qui nous représentera, l’attente d’unité est telle dans le mouvement antilibéral que le nom qui en sortirait ferait consensus.

Quel devrait être le profil du candidat pour incarner ce rassemblement, selon vous ?

Patrick Braouezec. Ce qui a marqué notre pays ces dernières années, c’est l’éclosion d’un mouvement social très fort qui n’a pas trouvé de traduction électorale, à part dans le « non » au référendum de 2005. Il faut se saisir de cet apport pour franchir une étape supplémentaire en présentant une candidature issue de ce mouvement syndical ou associatif émergeant sur la scène politique, qui n’émane pas des partis mais qui chemine avec eux.

Éliminer les candidats issus des partis, n’est-ce pas mésestimer leur concours à la démocratie, et la contribution du PCF au rassemblement en cours ?

Patrick Braouezec. Non, car une telle candidature pourrait très bien s’appuyer sur un collectif présidé par Marie-George Buffet, dans lequel les communistes se retrouveraient pleinement. On ne mesure pas assez le tournant historique auquel nous sommes confrontés. Le mouvement antilibéral peut compter durablement dans les années et les scrutins à venir. Toutes ses composantes en seront bénéficiaires. En misant sur des liens transversaux « en réseau » avec d’autres acteurs, plutôt que sur les rapports pyramidaux dépassés que cultivent encore d’autres partis, le PCF, loin de disparaître ou d’être englouti, en sortirait renforcé et n’apparaîtrait que plus en phase avec les enjeux politiques contemporains. J’ajoute que ce serait le meilleur moyen de mettre la LCR devant ses responsabilités, même si ce n’est pas le but de la démarche. Si le PCF s’obstinait à imposer sa candidate, il est sûr qu’Olivier Besancenot irait jusqu’au bout en solo et ferait porter l’échec du processus au PCF.

Comment appréciez-vous la nouvelle situation créée à gauche depuis la candidature de Ségolène Royal ?

Patrick Braouezec. Il est impossible d’envisager de participer à un gouvernement ou à une majorité parlementaire sur la base du projet du Parti socialiste. Mais il faut resituer notre démarche dans la durée. Les élections ne sont pas une fin en soi, elles sont un point d’appui pour aider le mouvement social à prendre de la force et imposer des transformations plus radicales. On peut alors imaginer une participation à un gouvernement et sur la base d’un projet différent. Mais il faut être clair. Lors des prochaines échéances, notre devoir est de tout faire pour battre la droite et l’extrême droite. La population souffre trop de la politique gouvernementale. Le candidat de gauche présent au second tour devra donc bénéficier de toutes les voix pour l’emporter.

(1) Cités et gouvernements locaux unis.

http://www.humanite.presse.fr/journ...

Messages

  • C’est un scoop... Braouzec retire sa candidature puisqu’il estime qu’un représentant de parti politique ne peut pas représenter les collectifs....

    Plus faux cul que toi y a pas..

    Ca fait pitié...

    Fredo

  • Merci Braouezec pour ces propos sages dans lesquels on ressent cette volonté de rassembler avant tout. Si ça peut aider à trouver notre candidat, je trouve intéressante sa proposition de désigner Buffet présidente des porte-paroles pour faire un signe fort à l’égard du PCF qui le mérite car tout comme lui je ne pense pas qu’il soit judicieux de désigner le dirigeant d’un parti si l’idée est de rassembler le plus largement. Et en tout cas, s’il n’est plus candidat Braouezec a évidemment plus que jamais sa place parmi les porte-paroles de notre mouvement unitaire.
    Henri.

  • L’interview de Patrick tombe à pic. Après les évènements de la semaine passée, il était nécessaire qu’un sage mette les pieds dans le plat. Je ne regrette vraiment pas d’avoir écrit récemment à son propos : Patrick n’est jamais méprisant. Son ambition de servir est intacte malgré toutes les embûches auxquelles il a dû faire face et certains camarades n’ont pas été avares en ce domaine.

    Je regrette néanmoins que L’Humanité se soit crue autorisée à interpréter les propos de Patrick Braouezec. Pour information, les titres sont toujours de la responsabilité du journal qui publie l’interview. Là où Patrick dit : « UNE CANDIDATURE issue de ce mouvement […], qui n’émane pas des partis mais chemine avec eux » ; L’huma titre « UN CANDIDAT du mouvement social ferait consensus ». En filigrane, la neutralité du terme employé par Patrick devient bien masculine quand elle est interprétée par L’Huma. Pinaillage ? Nous verrons bien mais je préfère ergoter avant que pester quand il sera trop tard.

    Enfin, Patrick Braouezec appuie là où cela fait mal - et pas seulement au sein du PCF : quand on veut construire ensemble, aucun préalable n’est acceptable concernant les choix à effectuer ensemble. En d’autres termes ; l’insistance de la direction du PCF - auquel j’adhère aussi - à refuser d’entendre ce que disent toutes les autres composantes du collectif unitaire est la démonstration de son incapacité à construire. Cela ne mérite pourtant pas de tirer un trait sur ce parti, ses élus, ses militants, sa capcité de résistance. Et la proposition de donner une place particulière à MGB dans les campagnes à venir est fort intelligente.

    • Patrick n’est jamais méprisant.

      C’est vrai il ne méprise que les adhérents de son propre parti qui ont voté par la candidature de Buffet.
      Il ne méprise que les militants de l’AU qui choisissent la candidature de MGB.
      Il ne méprise que tous les militants qui pensent que quand on se fixe des règles de fonctionnement on ne les change pas en cours de route quand on risque d’être mis en minorité.

      A par tous ces gens c’est vrai Patriiiiiick ne méprise personne.

      Jips