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Une sortie par le haut ? Chiche !
Publie le lundi 4 décembre 2006 par Open-Publishing13 commentaires
Je suis ce qu’on appelle un communiste de base, sans mandat, sans autre capacité d’expertise que ses 32 cartes successives du parti. Je suis avec attention le débat en cours sur la construction - dans la durée - d’une alternative antilibérale unitaire. Je constate que la signature d’une pétition par plusieurs milliers de militants a calmé le jeu. Dans L’Humanité de ce jour, Patrice Cohen-Seat souligne que Clémentine Autain et Yves Salesse l’ont signée, il a certainement aussi remarqué que plusieurs centaines de communistes ont fait de même.
Je suis de ceux-la car j’ai vu le conseil national déraper : nous avons approuvé la règle du double-consensus, nous l’avons défendue lorsque José Bové l’a remise en question, et tout à coup, j’ai lu que le parti serait « intransigeant » sur la démocratie dans les collectifs et que le collectif national ne pourrait pas s’opposer à un choix des collectifs. J’ai pensé qu’il fallait y mettre le holà. Quand je lis encore aujourd’hui que les collectifs devraient se contenter de répercuter au national les préférences premières des participants sans chercher - par le débat - à dégager une candidature consensuelle, je crois que nous tombons dans le piège des consultations binaires du même type qu’une primaire.
Pouvons-nous convenir que nous ne sommes pas des experts en candidature à l’élection présidentielle ? Cette question a toujours été difficile pour le PCF. Du soutien à François Mitterrand dès le premier tour de 1965 pour rassembler l’opposition à De Gaulle en oubliant son passé de ministre durant la guerre d’Algérie à l’expérience de 2002 autour de son premier dirigeant avec le succès que l’on sait sur la question du vote utile, l’expérience communiste est plutôt douloureuse.
Comment pouvons-nous aborder l’élection à venir en ayant en tête, à la fois, les échéances suivantes et l’objectif de casser le bipartisme dans lequel on veut enfermer le débat politique - piège tendu dès l’origine par l’élection d’un monarque républicain au suffrage universel et piège réarmé avec le passage au quinquennat.
Longtemps, nous nous sommes dit que nous avions besoin d’une victoire politique pour relancer l’espoir. Mais de 1995 contre le plan Juppé à 2006 contre le CPE de Villepin et Sarkozy, des reculs ont été imposés par mobilisation populaire. Et la victoire du « non » par sa gauche en mai 2005 est une victoire on ne peut plus politique. Pouvons-nous laisser passer l’occasion d’en remporter une autre à l’occasion de l’élection présidentielle et des élections législatives et municipales qui suivront ?
La question posée de la durabilité de l’engagement est une question pertinente. Nous l’aborderions sans doute différemment si - au lendemain du 29 mai - le parti avait été en capacité de « mettre à disposition » sa secrétaire nationale dont le rôle dans l’amalgame dynamique qui nous a fait gagner est incontestable. Nous savons bien que nous n’avions pas de secrétaire nationale de rechange. Et le proposer pour les 5 ou 6 mois qui viennent n’a plus la même valeur.
Un autre élément me semble peser à juste titre : cherchons-nous à inventer une gauche à la gauche du PS ou cherchons-nous à sortir du bipartisme en permettant l’expression des besoins populaires sur le plan politique ; et ce, au point de modifier la donne politique dans notre pays ? Je partage la deuxième option. Pour aller vite, je dirai que c’est pour cela que je suis membre du parti communiste et non de la ligue. Cela a des répercussions sur le choix du nom à porter sur le bulletin de vote. J’y reviendrai.
J’entends bien l’argument qu’aucun candidat ne peut à lui seul représenter la diversité des courants qui traversent l’Alternative unitaire. Mais je ne suis plus le raisonnement quand José Bové ou Patrice Cohen-Seat prétendent que la règle du double-consensus conduirait à choisir le « plus petit dénominateur commun ». Et je risque l’hypothèse inverse : choisir le candidat parvenu en tête, n’est-ce pas CELA choisir le plus petit dénominateur commun ?
La question est importante. Nous avons une dette auprès des électeurs du « non » de gauche : tous nos leaders ont promis de rester ensemble au-delà du référendum. Nous avons contracté une dette auprès de tous les participants des mouvements sociaux de ses dix dernières années - qu’ils aient voté oui ou non en mai 2005 : celle d’offrir un débouché politique à ces luttes.
Enfin, j’ai lu, sous la plume de Jean-Paul Pierrot, que ne pas retenir la candidature de Marie-George Buffet pourrait amener certains communistes à choisir le vote Besancenot défini par ce dernier comme plus anticapitaliste que celui des collectifs anti-libéraux. J’ai effectivement en tête quelques noms mais je crois que l’argument porte d’autant moins que ceux-ci ont déjà fait ce choix en 2002, préférant « voter pour le facteur » que pour le candidat pourtant estampillé « candidat du PCF ». Aucun artifice ne pourra masquer leur désaccord sur cette question : la pureté révolutionnaire mérite-t-elle l’isolement et l’impuissance ?
De tous les débats en cours, je retire quelques éléments qui pourraient faire consensus :
– Le choix du nom qui sera porté sur le bulletin de vote ne peut s’inscrire que dans une campagne collective,
– Le nom choisi doit être celui qui fédérera le plus intelligemment notre diversité, qui en fera une arme et non un frein ,
– Notre richesse réside dans nos déterminations respectives, nos parcours, nos rencontres et nos volontés de rester ensemble durablement,
– A côté du nom sur le bulletin de vote, il nous faudra aussi construire une équipe de campagne qui devra compter un animateur incontesté.
– Et inventer une campagne à plusieurs voix qui s’enrichit de cette diversité qui n’est pas la cacophonie - pour ne pas dire charivari.
Nous avons la chance de rassembler de vrais experts : José et son expérience alter-mondialiste aux quatre coins du monde, Patrick comme élu local de renom habitué aux contradictions du pouvoir, Yves au parcours si atypique de cheminot devenu haut-fonctionnaire, Marie-George venue du syndicalisme étudiant à l’animation d’un grand parti en passant par une expérience ministérielle, Jean-Luc, Francine, Claire et bien d’autres sans oublier Michel Onfray.
Quatre arguments me poussent à croire que Clémentine Autain est non pas la candidate idéale - si cela peut exister - mais celle qui montrerait le mieux notre démarche :
– Elle est venue à l’action politique à partir de son engagement dans le mouvement social et elle a pris un mandat - à l’instigation du parti communiste - en 2001, à un moment où « cela n’allait pas de soi » dans ledit mouvement ;
– Elle a acquis une expérience d’élue dans une ville d’importance au sein d’une équipe pluraliste - à l’opposé du comportement aux « mains pures mais toujours vides » affectionné par les révolutionnaires en chambre ;
– Elle a acquis une envergure nationale au cours de la campagne très politique du « non » de gauche ; et son aura dépasse le seul camp du « non » ;
– Son âge l’a exempté d’être partie prenante de débats qui appartiennent définitivement au passé. Certes, cela n’est pas de son fait, mais la choisir montrerait une grande preuve de confiance en la jeunesse tout en faisant démonstration de la volonté de peser durablement sur le débat politique.
Dans le même temps, la place et la force de l’engagement communiste doivent trouver une expression à la fois symbolique et bien concrète dans le rassemblement : de ce point de vue la proposition de Patrick Braouezec me semble incontournable. Qui mieux que la dirigeante d’un grand parti est capable d’animer le collectif, d’organiser la campagne ? Marie-George Buffet l’a montré à plusieurs reprise notamment lors des élections régionales et de la campagne du référendum. Et elle serait la garantie que notre combat ne s’arrêtera pas au soir des élections présidentielles puisque cette démarche durable pourra s’étendre aux législatives et aux municipales.
Est-il illusoire de penser qu’une solution de ce type peut être retenue au soir de la prochaine assemblée des collectifs ? L’attente unitaire des militants engagés dans l’Alternative me fait penser qu’une solution respectueuse de tous et de chacun, qu’une solution durable serait prise au sérieux et renforcerait l’image de constructeur du parti communiste français. Une telle solution pourrait être soumise :
– Au vote des communistes qui conservent leurs droits et leur souveraineté au sein du parti qui est le leur,
– A l’appréciation des collectifs qui devraient y trouver une réponse à leur mobilisation.
Et nous serions ainsi en ordre de bataille. Pas pour nous compter ou faire de la figuration. Mais pour mettre au premier plan des campagnes de 2007 et 2008 les préoccupations, les aspirations et les revendications populaires.
Lettre d’un communiste de base
Gilles Boitte
Cellule Paul Vaillant-Couturier
Section de Sevran (93)
A Marie-George Buffet
Secrétaire nationale du PCF

Messages
1. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 4 décembre 2006, 17:56
Excusez-moi, mais je trouve votre analyse politique particulièrement courte, surtout dans votre oppositon historique subjective entre les anciens et les jeunes, ceux-ci étant exclusivement représentés par Mme Autain.
Je vois simplement qu’avec l’expérience, les décisions politiques doivent être nettes, sans bavures, et en l’espèce, elles devraient représenter l’opinion de l’ensemble des participants aux collectifs, ce que vous rejetez. Y a-t-il donc deux mondes, celui d’en bas, dont je fais partie avec d’autres, et celui d’en haut, qui se compte sur les doigts de deux mains ?
Si vous maintenez le deuxième consensus, admettons, quelle va être la crédibilité du candidat finalement choisi ? N’est-ce pas AUSSI vouloir avoir les mains pures, ou ne pas en avoir du tout, que de tourner autour du pot d’un vote ?
On nous rétorque que les communistes sont majoritaires dans les collectifs, la belle affaire, et moi qui suis venue au PC avant le NON au TCE, dans quelle gentille catégorie me balancez-vous ? Les anciens ou les modernes ?
Monique Renouard.
1. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 4 décembre 2006, 18:39
Réponse à l’article, de manière plus approfondie :
En réalité, il y a plusieurs façons de respecter les points de vue déjà exprimés dans les collectifs.
Et puisqu’il est question du deuxième consensus, essayons de tailler une route possible :
Imaginez que je fasse partie des candidats à la candidature unitaire de gauche ; ma position serait très simple : je réfléchirai, à l’appui des résultats calculés, en clair du nombre de voix, remontant de tous les collectifs de France, à l’assentiment qui se dégagerait en ma faveur ou non. S’il m’était favorable, je n’aurai aucune raison de me retirer, on ne boude pas son plaisir. S’il est favorable à un autre postulant, je me désiste à son profit.
Cette attitude démocratique, j’ai eu l’occasion de l’expérimenter au sein d’un conseil d’administration d’un grand lycée de province. Je m’étais désistée pour une commission spécialisée en faveur de la personne qui avait obtenue quelques voix de plus que moi. On cherchait le consensus, ça mettait tout le monde dans la perplexité… J’ai tranché. Au sein du CA lui-même, on est élu par listes à la proportionnelle, très satisfaisant comme mode d’élection. J’avais obtenu un siège. Pour la commission, je répète, j’ai laissé au nombre de voix supplémentaires.
Je dois dire que cela est passé comme un geste élégant et délicat, tandis que pour moi, il était simplement juste.
Monique Renouard.
2. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 4 décembre 2006, 22:53
Merci Gilles
dans mon collectif, nous avons débattu et nous sommes arrivés aux mêmes conclusions que vous.
Il y a urgence, on n’en peut plus de tirer le diable par la queue sans perspective de changement.
Battons nous pour nous mais aussi pour d’autres qui n’osent pas y croire, montrons-leur que nous voulons d’abord et surtout en finir avec le libéralisme.
Hélène
3. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 5 décembre 2006, 00:10
tiens c’est marrant, aujourd’hui dans ma voiture, je voulais trouvé le nom du camarade qui etait derriere glb, que je lis toujours, et toujours d’accord avec lui avec son analyse ...
alors bravo gilles,
je crois que tu es aussi inquiet que moi, tu sais, l’importance historique du 9/10 dec
le choix est d’importance, on gagne ou perd, juste a partir de ce choix ...
alors je suis heureux, que tu es ecris a marie-georges buffet ...je pense qu’elle aussi, est en tres forte reflexion, peut etre elle aussi, arrive a la meme conclusion je l’espere tres fort ..
Moi aussi, avec mes trentes ans de militantisme, avec le recul exterieur que j’ai aujourd’hui, j’arrive mieux avoir les enjeux, que les copains, qui ont encore la tete dans le guidon ...
je reste tres fortement communiste, mais sans carte ...
actuellement le pcf me faire peur, son attitude je ne l’a comprend pas ...
Tout le monde est présent pour gagner, sauf eux pourquoi ?
Merci a toi gilles
marc .c
1. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 5 décembre 2006, 11:02
Comprendre , voilà le problème :
Il va falloir traverser le piège institutionnel, qui est "monté" dans une logique de "pouvoir personnel", mais dans lequel on est déjà depuis longtemps, avec "l’obligation d’exister"...
Exister, ce n’est pas "figurer", c’est déjà prendre le risque tendu par le piège, et donc le prendre en rusant : on est alors dans "la politique politicienne", mais s’en tenir à l’écart serait une "posture" impuissante...
Dans ce jeu, le PCF a sauvé un "appareil" qui rapporte des "moyens initiaux" : ceux que MGB a mis en partage lors de la campagne unitaire du NON...
Bien sûr, la situation nouvelle créée par l’irruption populaire du NON de Gauche permet , si nous savons rester "intelligents tous ensemble", d’aboutir à la sortie du piège, et ce n’est qu’à partir de là qu’on pourra "désarmer le piège", (programme du Collectif, 6è République, etc...)
Comprenons les communistes, qui pensent porter un "outil" indispensable, même s’ils savent que "la visée communiste" n’est pas l’exclusivité d’un appareil, et même s’ils ont décidé de congrés en congrés , d’en faire "un parti ouvert à disposition d’esprits libres" :
Ce qu’espère le MEDEF, c’est bien la disparition de cette "spécificité française", le PCF.
Il ne s’agit plus donc d’un "réflexe de chapelle", mais la masse des adhérents du PCF pensent que leur parti est bien "nécessaire", ( pas "suffisant"), pour la réussite du processus d’émancipation populaire le plus large et le plus puissant ("puissance politique à disposition du peuple").
Ayant dit cela, je ne crois pas les communistes incapables d’opter pour "le double consensus", du moment qu’ils ont mandaté MGB pour aller jusqu’au bout du processus décidé par les collectifs, au cours duquel on mobilise à la fois pour se faire entendre et pour écouter "les autres".
C’est bien "la société civile" qu’on devra avoir entendue le 10 décembre, et donc, évitons les pétitions , allons à la rencontre des gens, et tendons l’oreille : la seule bonne réponse viendra de là ( militant PCF je ne sors pas "assourdi" des réunions , et si je diffuse des tracts recommandant la démarche du Collectif, j’écoute la réaction de ceux qui les acceptent)
Je suis sûr que la masse des communistes se mobilisera avec passion quelle que soit la "candidature consensuelle".
2. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 5 décembre 2006, 11:31
Je déteste cette expression "société civile". Coco de longue date, je ne me sens pas membre d’un corps constitué, d’un clergé ou d’une armée. Ceci dit sans animosité.
Je suppose que c’est du peuple et du mouvement social que tu veux parler. J’avais pour ma part constaté avec un grand plaisir que notre campagne du non au TCE avait permis que se mènent des millions de discussions politiques en quelques semaines : pas une réunion de famille, pas une bouffe à la cantine, pas un pot entre copains, pas une sortie entre copines sans un moment de débat politique. C’est ainsi que le non de gauche l’a emporté. Le parti communiste a su participer de cette dynamique, il a su en être un des initiateurs. Je souhaite qu’il en soit de même aux deux élections de 2007 et aux municipales qui suivent en 2008 : que le peuple reprenne la main. Cela dépend beaucoup de nous.
gilles
3. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 7 décembre 2006, 09:22
"pas une réunion de famille, pas une bouffe à la cantine, pas un pot entre copains, pas une sortie entre copines sans un moment de débat politique."
Mais, punaise, quel mépris pour les gens d’en-bas !
Mon cher Gilles, vous semblez avoir une très grande estime de vous-même et de vos idées. Un conseil, n’en abusez pas !
Monique Renouard
4. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 7 décembre 2006, 11:49
J’ai dû louper un cours de sémantique pendant ma formation politique car je n’ai pas trouvé la connotation méprisante.
5. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 7 décembre 2006, 12:04
moi non plus Gilles je ne comprends pas Monique ...
Quel climat pourri, tout le monde se met à suspecter tout le monde ....
Jips
6. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 8 décembre 2006, 01:00
A Gilles, mille excuses pour l’avoir pris de travers, trop de tensions sans doute, surtout dans les collectifs, où les gens ne croient plus au double consensus ; monique renouard.
7. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 8 décembre 2006, 17:54
Ce n’est pas bien grave, Monique.
Mon regret est bien plus grand de constater que les appareils vont régler le sort de cette candidature !
Donc, premièrement : ne pas se décourager ; deuxièmement : ne pas se décourager.
Gilles
4. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 5 décembre 2006, 12:21
BRAVO GILLES !
Que ta volonté soit faite...
C’est long !!! Pourtant l’oignon fait la force !
5. > Une sortie par le haut ? Chiche !, 5 décembre 2006, 13:14
Un seul mot merci et bravo pour ton analyse et tes propositions
un ancien membre du pcf
Soro Jean Louis Marseille