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Cinq contre vérités, sur la dette de l’état
Publie le vendredi 2 mars 2007 par Open-Publishing5 commentaires
1 Chaque nouveau-né hérite d’une dette de 17500 euros
FAUX Si les collectivités publiques ont une dette, elles ont aussi des avoirs financiers (près de 600 milliards d’euros).
Ah, les générations futures, comme c’est pratique ! On les invoque à propos de l’environnement (sans chercher vraiment à leur laisser une planète vivable) comme à propos des finances publiques, en faisant tout cette fois pour réduire comme peau de chagrin ce qui devrait constituer leur patrimoine commun. On prend le montant de la dette publique, on le divise par le nombre d’habitants et on vous assène l’argument qui tue : nous léguons à chaque nouveau-né une dette de 17 500 euros qu’il devra payer avec ses impôts. C’est un peu plus compliqué ! Déjà, tous les bébés ne sont pas logés à la même enseigne. Les bébés des rentiers, de ceux qui ont placé leur épargne en obligations d’État et en bons du Trésor, vont, eux, hériter des avoirs de leurs parents, donc d’une créance sur l’État. D’autre part, si les collectivités publiques ont une dette, elles ont aussi des avoirs financiers (près de 600 milliards d’euros). Si l’on en tient compte, la dette publique net n’est plus de 66 % du PIE mais de 44 % seulement. Elles possèdent aussi des « actifs physiques », comme disent les comptables nationaux, c’est -à-dire des routes, des écoles, des hôpitaux, des stades... dont la valeur équivaut à plus de 1 000 milliards d’euros. Ainsi que des avoirs net sur l’étranger. Au bout du compte, fin 2005, les administrations publiques avaient un patrimoine net (toutes dettes déduites) de 365 milliards d’euros. C’est le bien commun que nous léguons à l’ensemble des bébés. Il serait donc absurde, pour trouver la part de chacun, de diviser cette somme qui d’ailleurs ne comprend pas le sourire de la « Joconde », le chant des oiseaux ou le Mont-Saint -Michel (les comptes de patrimoine de l’INSEE n’incluent pas les œuvres d’art, les monuments historiques et le patrimoine naturel). Pas plus qu’une certaine douceur de vivre qui ne peut exister sans. une protection sociale et des services publics de qualité.
2 La France vit au-dessus de ses moyens
FAUX France ne vit pas au-dessus de ses moyens, puisqu’elle ne consomme pas plus qu’elle ne gagne.
« Cette formule à l’emporte-pièce est infondée », écrivait Henri Guaino dans une chronique publiée dans « les Échos » du 20 septembre 2005. Économiste de talent, Henri Guaino est aussi l’un des conseillers de Nicolas Sarkozy. Les discussions doivent être vives au sein de l’UMP ! La France ne vit pas au-dessus de ses moyens, puisqu’elle ne consomme pas plus qu’elle ne gagne. Sa capacité d’épargne nationale (si l’on prend en compte les administrations publiques, les ménages et les entreprises) est d’environ 19 % de son PIE, plus gue le Royaume-Uni (environ 13 %) ou les Etats Unis. Et globalement ce que les comptables nationaux appellent la « position extérieure de la France » (différence entre les actifs étrangers détenus par des résidents et les actifs français détenus par des non-résidents) est positive de 164 milliards d’euros, soit 10 % du PIE.
3 L’État doit se désendetter
FAUX Un État désendetté est un État libéral qui cantonne son rôle à l’armée, la police et la justice.
C’est un peu le dicton populaire « qui paie ses dettes s’enrichit » transposé aux finances publiques. Pourtant, que l’on soit un individu, une famille, une entreprise ou un État, pour s’enrichir il faut investir et donc s’endetter. Aujourd’hui, les mêmes qui somment l’État de se désendetter incitent les particuliers à emprunter sur 30 ans, voire plus, 80 % ou 90 % du prix du logement qu’ils veulent acheter et s’extasient du dynamisme des fonds d’investissement qui empruntent des sommes colossales pour acheter des entreprises avec une mise initiale minimale de fonds propres et la revendre quelque temps après avec une confortable plus-value. Nicolas Sarkozy dit d’ailleurs très clairement qu’il faut remplacer fl : la dette publique par des dettes privées, celles des ménages, pour qu’ils deviennent propriétaires de leurs logements. C’est un choix de société : l’individuel et le privé contre le collectif et le public. Et puis des salariés endettés sont aussi des salariés dociles ! Qui plus est, l’État n’est pas un agent économique comme les autres. Son rôle est d’assurer la cohésion sociale et de garantir un bien-être collectif qui passdorcément par des investissements coûteux et de très long terme qui ne peuvent s’amortir que sur plusieurs générations. Ce qui n’a aucune importance, car contrairement à un individu dont on peut penser qu’il doit solder ses dettes avant son décès, l’État n’a pas d’âge. Il peut rester constamment endetté tout en restant solvable puisqu’il a le pouvoir de lever l’impôt. Un État désendetté est un État libéral qui cantonne son rôle à l’armée, la police et la justice. Et là encore, finalement, on peut privatiser !
4 On ne peut pas augmenter les impôts
FAUX En France, le taux des prélèvements obligatoires tourne autour de 44 % du PIB, en Suède ou au Danemark, autour de 50 %. Or ces pays ont les taux de croissance les plus élevés de l’ex-Union européenne.
Si l’on veut limiter l’endettement public, plutôt que de réduire les ctepenses publiques, on peut jouer sur les recettes, c’est-à-dire les impôts et les cotisations aux organismes sociaux (appelés « prélèvements obligatoires »). La droite fait tout le contraire, multipliant les exonérations de cotisations sociales patronales (23 milliards d’euros par an dont une grande partie compensée par le budget de l’État, c’est-à-dire les impôts des ménages) et les cadeaux fiscaux aux plus aisés (bouclier fiscal, niches fiscales, refonte du barème de l’impôt sur le revenu au profit des tranches d’imposition les plus élevées.. .). Et assène là encore un argument d’autorité : « On ne peut pas augmenter les prélèvements obligatoires. » En France, ce taux tourne autour de 44 % du PIE, en Suède ou au Danemark, autour de 50 %. Or ces pays ont les taux de croissance les plus élevés de l’ex-Union européenne. En revanche, au Royaume-Uni il est de 35 % et aux États-Unis de 25 %, simplement parce que l’essentiel de la protection sociale relève du marché. Les primes versées par lès ménages et les entreprises, aux assureurs privés, n’entrent pas dans les prélèvements obligatoires mais sortent bien de leurs poches, et pour des niveaux de protection moindres et beaucoup plus coûteux. Le taux des prélèvements obligatoires reflète juste le niveau de solidarité d’une société. Si on choisit de bâtir une société solidaire, le problème n’est pas de baisser ce taux mais de faire que ces prélèvements soient justes et que chacun contribue selon ses moyens. Plutôt que de se livrer entre eux au dumping social et fiscal, c’est à ce projet que pourraient s’attaquer les pays de l’Union européenne.
5 La dette publique est insoutenable
FAUX Elle est inférieure à la moyenne de la zone euro (72 % du PIB), q’un niveau équivalent à celle des Etats-Unis (65 %) et deux fois et demie moins élevée que celle du Japon (169 % duPIB).
La dette publique française (c’est-à-dire la dette cumulée de l’État, des collectivités locales et de la Sécurité sociale) était de 66,6 % du PIB’fin 2005 et de 64,6 % à la fin 2006. Elle est inférieure à la moyenne de la zone euro (72 % du PIB), d’un niveau équivalent à celle des États-Unis (65 %) et deux fois et demie moins élevée que celle duJ apon (169 % du PIB). On parle beaucoup de la dette publique depuis le traité de Maastricht de 1992, qui lançait la marche vers la monnaie unique européenne. Pour cela, les pays devaient faire converger leurs économies en respectant certains critères en matière de finances publiques : un déficit public maximal de 3 % du produit intérieur brut (le PIB, c’est-à-dire la somme des richesses créées en une année), une dette publique maximale de 60 % du PIB. Ces critères ont été repris dans le pacte de stabilité et de croissance qui lie désormais les pays de la zone euro. Ils sont tout à fait arbitraires et ne correspondent à aucune règle d’or sur le plan économique.
D. S.
Sources :
http://unautremonde.gauchepopulaire.fr
HD du jeudi 22 février
Messages
1. Cinq contre vérités, sur la dette de l’état, 2 mars 2007, 08:40
Tout à fait clair , ceci devrait être repris par par MGB lorsqu’elle passe ds les médias car cette analyse échappe complètement à la plupart des gens ...
Marjo
1. Cinq contre vérités, sur la dette de l’état, 2 mars 2007, 09:27
Il est plus façile de lancer une affirmation bidon,la dette,que de faire la démonstration que c’est faux,comme toujours.
C’est comme ça que marche les médias et la droite pour assurer leur pouvoir.
Jean Claude des Landes
2. Cinq contre vérités, sur la dette de l’état, 2 mars 2007, 11:24
Après cette brillante mise au point, il a l’air de quoi Jean-Marc Sylvestre, d’un menteur, d’un ignare ou d’autre chose....????
1. Cinq contre vérités, sur la dette de l’état, 2 mars 2007, 17:29
Sylvestre n’est pas un ignare et ce n’est pas un OVNI, alors il ne reste qu’une réponse !
Jean-François
3. Cinq contre vérités, sur la dette de l’état, 2 mars 2007, 17:22
La dette c’est tout de même près de 50 milliards d’euros d’intérêts sur le budget de l’Etat chaque année.
Il faut noter que sur le plan de la dette publique la France, avec 66% du PIB, est dans la moyenne des pays de l’OCDE et fait beaucoup mieux que l’Italie 100% du PIB et le japon 130% du PIB par exemple.
En ce qui concerne les actifs de l’Etat, il faut souligner que conformément au mouvement de désagrégation des Etats qu’entraîne l’Ultralibéralisme que promeut la commission européenne, l’Etat français se sépare de beaucoup de ceux-ci. Privatisation d’entreprises : France Télécom par exemple sous Jospin, ventes d’immeubles,.. bientôt cession des autoroutes, privatisation d’EDF ...
Enfin, ce qui est important, c’est aussi la structure de la Dette. On comprend bien que si l’Etat emprunte pour faire des investissements qui rapporteront plus tard : ferroutage par exemple, ce n’est pas pas pareil qu’un emprunt destiné à combler un déficit des systèmes sociaux ou pour financer les retraites.
On en revient à la nécessité de combler les déficits sociaux : 30 milliards d’euros pour la Sécu et l’Unedic, sans diminuer les prestations sociales, au contraire.
Il n’y a pas de miracle il faut financer cela par la taxation des gains financiers, particulièrement ceux qui sont issus de la spéculation, notamment sur les matières premières ( Total par exemple), par la relance industrielle et puis pratiquer un certain protectionnisme comme le conseille Emmanuel Todd.
Jean-Marie Berniolles