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Hollande et les "sans-dents"

par Philippe Alcoy

Publie le dimanche 7 septembre 2014 par Philippe Alcoy - Open-Publishing
3 commentaires

Le mépris de classe du président démasqué

Philippe Alcoy

Source : http://fabricadehombreslibres.blogspot.fr/2014/09/hollande-et-les-sans-dents.html

Avec le taux d’impopularité record pour un président de la V e république (13% d’opinions favorables) et embourbé dans une profonde crise politique, François Hollande n’avait pas besoin d’un scandale supplémentaire. Pourtant, le 3 septembre, la presse révélait des extraits du livre de son ex-compagne, Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment. Elle y raconte non seulement sa vie de « première dame » pendant 18 mois, sa rupture avec Hollande, ses déceptions et humiliations, mais elle révèle également le mépris que le président exprimait ouvertement envers les classes populaires.

Les "sans-dents"

Une des révélations les plus scandaleuses de Trierweiler est sans aucun doute quand elle faire référence au mépris de Hollande envers les pauvres. En partant de la revendication de ses origines modestes, fille d’un père handicapé sans emploi et d’une caissière de patinoire, elle raconte ainsi la rencontre entre sa famille et le président. Alors que toute la famille était réunie pour le repas de Noël, Hollande se tourne vers Trierweiler et commente : « Elle n’est quand même pas jojo la famille Massonneau ». L’ex-compagne dit avoir reçu cette phrase comme une « gifle », à laquelle elle répond dans son livre : « Pas jojo la famille Massonneau ? Elle est pourtant tellement typique de ses électeurs ! » ; Avant de conclure sans mâcher ses mots : « Il s’est présenté comme l’homme qui n’aime pas les riches. En réalité, le président n’aime pas les pauvres. Lui, l’homme de gauche, dit en privé : “les sans-dents” très fier de son trait d’humour ».

Que les dirigeants d’un parti bourgeois comme le PS méprisent les plus modestes de la société n’est un secret pour personne. Mais disposer d’un témoignage aussi fiable de ce dédain peut se révéler plus que dangereux, plus encore dans un moment où le gouvernement se retrouve aussi fortement affaibli. Par ailleurs, comme le souligne Trierweiler, il s’agit d’une attaque directe contre une partie de l’électorat traditionnel du PS. Raison de plus pour que les « sans dents » démontrent dans les rues, les entreprises et les lieux d’étude de quoi ils sont capables contre cette caste politique arrogante qui dirige l’État impérialiste français.

Un président ridiculisé

Le mépris de classe n’est pas le seul aspect de la personnalité de Hollande qu’a révélé Trierweiler. On peut lire également à travers son témoignage à quel point le personnage est dépendant des enquêtes d’opinion et de ce que disent les journalistes : « il tient à sa popularité comme à une drogue dure [et] se laisse influencer par ce qui est écrit, dit, commenté ».

Trierweiler le présente aussi comme déloyal lorsqu’elle aborde leur rupture, après que sa relation avec Julie Gayet ait été confirmée, alors qu’il lui promettait qu’il ne s’agissait que de « fariboles ». En lien avec cette affaire, l’ex-première dame raconte les tentatives obsessionnelles du président, à la limite du harcèlement, pour qu’elle revienne vers lui, le peignant y compris comme un irresponsable : « François Hollande lui envoyait des fleurs, multipliait les invitations à dîner et envahissait son téléphone de messages. (...) Jusqu’à vingt-sept en une journée, certains datés du jour de commémoration du D-Day [jour du débarquement] quand le président de la République accueillait Barack Obama et Vladimir Poutine [en pleine crise ukrainienne] » (Le Monde, 3/9).

Au-delà des révélations scandaleuses de l’ouvrage et du coup supplémentaire qu’il représente pour le gouvernement, il s’agit d’une démonstration de plus de la décomposition du personnel politique de la bourgeoisie française. Cela est d’autant plus vrai qu’il s’agit du discrédit de la figure centrale de la cinquième république : le président.

05/09/2014

Messages

  • José FORT sur son blog livre un papier que je trouve utile

    6 septembre 2014
    Les raisons de l’hystérique dénigrement du livre de Valérie Treirweiler

    Le violent et unanime déferlement médiatique contre Valérie Treirweiler et son livre « merci pour ce moment » m’avait intrigué. Pourquoi une telle rage dans les commentaires ? J’étais décidé à ne pas ouvrir le livre ne voulant pas, comme toutes les bonnes âmes, sombrer dans le voyeurisme de l’intimité de l’alcôve et plaçant la « vraie » politique au dessus des ragots. Je m’alignais ainsi sur le politiquement correct, sur les défenseurs traditionnels de la sainte morale, sur l’hypocrisie ambiante permettant à partir d’extraits très limités de sortir la machine à détruire.

    J’ai failli commettre l’erreur de ne pas ouvrir ce livre. En le refermant, je comprends mieux l’hystérique campagne de dénigrement contre Mme Treirweiler. Ce n’est pas seulement une femme bafouée, humiliée qui a écrit ces lignes sur « les cendres de son amour ». Il ne s’agit pas d’une vengeance, encore moins d’un règlement de compte. Ce livre qui aurait pu être intitulé « Le voyage d’une femme libre à l’Elysée » est une critique d’un chef d’Etat reniant ses engagements – « le changement a eu lieu. Pas celui que nous attendions »-, en pleine « dérive », érigeant des « murs qui finissent par s’abattre sur lui » et qu’elle « a vu se déshumaniser, jour après jour ». Cet ouvrage est aussi et surtout une charge implacable contre le système copains-copains entre politiques et journalistes (Christophe Barbier et la bande), contre la garde présidentielle rapprochée digne de l’époque monarchique, les retournements de vestes, les petits marquis aux « chaussures bien cirées », les menteurs, les petits calculs et les grosses embrouilles. Les Le Foll transformé en pitbull, Najat Belkacem rêvant de « puissance médiatique », Bartolone plus traître que lui tu meurs…

    Valérie Treirweiler n’a pas oublié d’où elle vient : de la ZUP d’Angers, d’un milieu modeste et constate que « ce monde n’était pas fait pour moi ». Faudrait-il ne pas la croire, lorsqu’elle évoque un dîner dans sa famille et le commentaire de son compagnon déclarant « elle est quand même pas jojo la famille Massonneau » et en qualifiant les pauvres de « sans-dents ». Seulement de l’humour ? Faudrait-il ne pas la croire lorsqu’elle écrit que pour habiller ses enfants, elle sait aussi faire les soldes, qu’elle réserve sur internet des vacances à bas prix. Quant au « beau » monde, pour Valérie Treirweiler, c’est plutôt « un petit monde, bien jojo, bien bobo, au goût sur et raffiné, où les convives sont célèbres, où tout le monde vote à gauche mais ne connaît pas le montant du SMIC. Chez moi, pas besoin de notes rédigées par des conseillers pour le savoir, il suffit de regarder en bas de la fiche de paie. »

    Alors qu’elle vient d’être répudié, son « meilleur souvenir des 20 mois passés à l’Elysée reste une sortie à Cabourg avec 5000 enfants du Secours populaire » et la visite de Julien Lauprêtre qui l’a aidé « à me remettre en marche ».

    Valérie Treirweiler n’a pas oublié « le baiser de Limoges ». Comme d’autres, hommes et femmes, elle a vécu et vit l’épreuve de la rupture. Pas seulement. Elle qualifie son livre de « bouteille à la mer ». Elle témoigne surtout et depuis l’intérieur des pratiques du pouvoir et de ses serviteurs.

    José Fort

    • Tout à fait d’accord avec ces articles, sans oublier que madame Trierwieler, journaliste à Paris-Match a voulu s’intégrer dans ce milieu pourri, celui de mes adversaires, qu’elle semble très bien connaître d’après les extraits qui me suffisent. Ses révélations sont à la hauteur de sa déception.
      Vengeance par déception personnelle ?, pourquoi pas, en attendant celle des Masses et je ne suis pas un extrémiste.
      Oui son témoignage est fiable, et on ferait bien à gauche de ne pas le démolir, ce qui risque de creuser encore plus la tombe de ce qu’il en reste de cette pauvre gauche.
      C’est peut-être aussi exactement ce qui semble recherché par Hollande, ses affidés et ses amis énarques, HEC, Sciences-Po et oligarques, maîtres de la communication de masse.
      S’occuper de Hollande et des siens, c’est aussi en même temps s’occuper du FN. Enlevons-lui cet os à ronger, fermons cette porte ouverte par cet autre président des très riches.
      Mettons nos dentiers pour serrer la faucille et le marteau, sans se tailler les lèvres.
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