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Intermission.

par L’iena rabbioso

Publie le mardi 10 avril 2018 par L’iena rabbioso - Open-Publishing

Né après 1968 : Interdiction de rêver.

Pour vérifier que la terre avait 6000 ans ou pas, j’ai visionné le film de Huston, La Bible.

Le début est OK, car au début était un truc, c’est imparable.

Ensuite, l’arbre de la connaissance du bien et du mal, c’est une métaphore bien trouvée pour expliquer à quel moment l’humanité a eu besoin de loi pour éviter que Honk ne tue GahnaHouh sous le prétexte que la massue était plus grande.

C’est dans l’épisode de l’Arche que j’ai décroché.

Des autruches dans l’Arche ?

Putain comment il a fait le voyage aller-retour vers l’Australie et en plus attraper un couple d’autruches sachant que ça court vite ces bestioles.

Ensuite, bordel, comment en vouloir au corbeau de ne pas revenir dans le bordel que devait être l’Arche, étant donné qu’à priori le tout-à-l’égout n’existait pas à l’époque.

Mais c’est à l’épisode du Mont Ararat que la révélation me vint.

Au bout d’une heure trente de film, un message blanc sur fond noir afficha « INTERMISSION ».

Au début, j’ai pensé que c’était le prélude à une sorte de film dans le film.

Et puis, le message est resté, fixe, pendant plusieurs minutes.

Et la lumière fut !

Entracte signifiait en fait « permission d’aller pisser ».

Alors j’ai réalisé qu’on vivait dans une époque où seuls sont qui ont une télécommande ont le droit d’uriner.

J’ai repensé à tous ces moments, dans une salle de cinéma, où l’auteur pensait que son œuvre géniale pouvait bien attendre la fin du film.

Pendant que je regardais comme hypnotisé, le mot INTERMISSION, sans bouger, j’ai pensé à tous ces moments, où en pleine ville, une envie irrésistible rendait mon cerveau esclave de ma vessie.

Interdiction de pisser, tel est la servitude première.

Vous trouvez ça vulgaire . Ça l’est au sens de Vulgaris, commun.

Des milliards de tonnes d’urine et d’étrons sont dissimulés, loin de nos regards pudibonds.

J’ai compris la raison pour laquelle j’éprouve une telle joie à pisser contre un arbre, dans la forêt, loin des yeux outrés de ceux qui ne pissent que dans une bassine de blanche immaculée.

Mais pourquoi cette idée idiote a envahi mon esprit alors que tant d’autres choses sont importantes.

En y repensant, je me suis rappelé d’un article parlant de mai 1968.

Plus que les commentaires désabusés et ironiques d’ex-jeunes, c’est l’image qui illustrait l’article : Une photo en noir et blanc montrant l’affrontement entre CRS et manifestants.

Dans un monde où il serait pas interdit de pisser, la photo aurait été un type fumant de l’herbe, à poil sur une plage déserte.

Un entracte, voilà ce qu’a été mai 1968.

Une parenthèse pendant laquelle quelques rêveurs et rêveuses imaginaient un autre monde.

Regardez la posture de Macron et comparez là à Giscard en 1974.

Du noir et blanc à l’époque de la couleur.

Des cravates à l’époque des rastas torses nus.

Des téléphones mobiles à la place de toilettes publiques.

Oui, ça sonne, répond, tu feras caca après.

Entracte, oui, entracte, avant de taper son code secret pour payer son fromage bio.