Le culte du chef.

S’il y une chose de très caractéristique dans la culture française, c’est bien le culte du chef.
Observez bien, et vous verrez qu’il n’existe aucune association, aucune organisation, ni d’ailleurs aucun regroupement d’individus sans chef.

En lisant certains articles, je suis affligé.
Ce qu’il manquerait aux gilets jaunes, c’est un leader, un porte parole.
C’est cela, oui.
Quelqu’un qui serait invité en grande pompe à l’Élysée, pour qu’enfin on fasse un Grenelle Jaune et qu’on passe à autre chose, car les élections arrivent.

On parle aussi d’incohérence dans les revendications.
Aucun article pour mettre cela en relation avec l’incohérence totale des lois qui ce succèdent sans être jamais appliquées.
Sans remarquer que le pouvoir se contredit en permanence, et que pourtant la formule « on garde le cap » est reprise sans ironie.

Les journalistes se plaignent de l’agressivité dont ils sont victimes.
Démocratie en danger.
Le nazisme qui rôde.

Ils se plaignent moins, dans leurs articles, de la nécessité d’être accrédité pour avoir le privilège d’approcher n’importe qui ayant le titre « d’élu ».

Les hypocrites !

Ils savent bien que désigner un chef de l’insurrection, c’est y mettre fin.

Ma surprise à moi, ce n’est pas l’émergence d’un tel mouvement, mais pourquoi il arrive que maintenant.
Impossible d’y voir un relâchement des forces de répressions policières.

Que peut un chef dans cette situation ? :
Une dame cherche dans son porte monnaie des pièces jaunes pour payer ses courses.
Impatience dans la queue, la honte dans les yeux de la dame.
Finalement, il faut retirer un article.

Cette dame va-t-elle créer le parti des sans pièces jaunes ?

Les vitrines des bijouteries cassées ?
Les assurances paieront.

Les victimes des Robocops à flash-ball ?
Il suffit de s’indigner sur la dictature vénézuélienne, dont le décompte des victimes est si minutieux, au regard des « incidents » en marge des manifestations, une voiture ou un camion percute un gilet jaune, c’est parce qu’il traversait en dehors des passages cloutés.

Un bon chef ou une bonne guerre, qu’ils disent.
Qu’ils aillent se faire foutre.