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Nicolas Sarkozy, Tassos Papadopoulos et Edward Fenech Adami
Publie le vendredi 18 mai 2007 par Open-Publishing"Aujourd’hui Nicolas Sarkozy devient officiellement Président de la République française. Ce même jour, Joaquin Almunia, le commissaire chargé des affaires économiques et monétaires, rend public un rapport qui fera qu’inéluctablement, Chypre et Malte entreront dans la zone euro le 1er janvier 2008.
Non parce que leurs peuples et ceux qui utilisent l’euro l’ont décidé, mais simplement parce que ces deux îles constituent des Etats qui respectent les critères* imposés par la BCE.
La Slovaquie, devrait suivre le 1er janvier 2009, La Pologne vers 2012. (les règles changeront en 2009, mais la France n’aura jamais plus qu’une voix sur quinze à la BCE)
Nicolas Sarkozy aura donc autant de pouvoir sur la politique monétaire de la zone euro que Tassos Papadopoulos, Président de la République de Chypre, 820.000 habitants, île située non en Europe, mais en Asie mineure. (Nicolas Sarkozy a raison de dire que la Turquie ne peut pas entrer dans l’UE, puisque la Turquie est en Asie mineure. Mais il ne dira rien sur le fait que Chypre qui est également en Asie mineure, non seulement fait partie de l’EU, mais entre dans la zone euro.)
Nicolas Sarkozy aura donc autant de pouvoir sur la politique monétaire de la zone euro que Edward Fenech Adami, Président de la République de Malte, 400.214 habitants, territoire répondant à la qualification de "paradis financier" et classé comme "zone à risques" par les Nations Unies en matière de blanchiment d’argent, en raison notamment de l’existence de mécanismes off-shore, de l’application d’un secret bancaire fort et du développement de trafics en tous genres. Malte est également un pavillon de complaisance bien connu. (source Wikipédia). Mais la morale et les affaires ne faisant pas toujours bons ménages, cela ne l’empêche pas de répondre aux fameux critères de la BCE pour faire monnaie commune avec la France.
Si Nicolas Sarkozy - en s’asseyant sur le traité de Maastricht qui lui interdit d’influencer la politique de la BCE - réclame que celle-ci intègre de nouveaux objectifs pour relancer la croissance quitte à laisser filer l’inflation, il suffira à Messieurs Papadopoulos et Fenech Adami de dire qu’il ne sont pas d’accord pour que M. Trichet ne tienne aucun compte de la volonté du Président français.
Deux îles, dont une est en Asie mineure, l’autre tirant l’essentiel de ses ressources du dumping fiscal, du blanchiment d’argent sale et des pavillons de complaisances, représentant à elle-deux moins que la population du département des Hauts de Seine, peuvent créer une situation qui amène le nouveau Président de la 5e puissance mondiale à ne pouvoir tenir ces engagements. Est-ce que vous trouvez ça normal ? Parce que moi, je ne trouve pas ça normal. Mais l’Europe, c’est ça. Il faut que les Français le sachent.
Et il est évident que ni Chypre, ni Malte n’ont les mêmes préoccupations économiques que la France.
Si Ségolène Royal avait été élue, il aurait fallu parler avec ces pays d’harmonisation sociale et de SMIC européen. Nous avons tout de même échappé à un grand moment comique.
Il ne faut surtout pas en déduire que le nouveau Président de la République ne tiendra pas ses engagements. Chacun peut penser qu’il était sincère quand il nous disait les yeux dans les yeux qu’il les tiendrait tous. Il faut simplement en déduire qu’il ne peut les tenir qu’en dénonçant le traité de Maastricht et en rétablissant les droits naturels de toutes les nations indépendantes : défendre leurs intérêts et non ceux de leurs voisins, et pour ce faire, disposer de leurs propres monnaies.
Post-scriptum :
* Leur inflation est sous contrôle (2 % pour Chypre au cours des douze derniers mois, 2,2 % pour Malte, la valeur de référence étant de 3 %), leur déficit ne dépasse pas 3 % du PIB (1,5 % pour Chypre, 2,1 % pour Malte), leur dette publique se rapproche des 60 % du PIB (65,3 % en 2006 et 61,5 % en 2007 pour Chypre, 66,5 % en 2006 et 65,9 % pour Malte), ils sont membres du système monétaire européen bis depuis deux ans et leur taux de change par rapport à l’euro est stable, et, enfin, leurs taux d’intérêt à long terme, librement fixés par les marchés financiers, sont dans la norme de la zone euro. Cerise sur le gâteau, leur croissance est forte (3,8 % en 2006 pour Chypre et 2,9 % pour Malte) et leur chômage, faible (4,7 % pour Chypre et 7,4 %). (source Libération)."
Jean Yves Crevel