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Payer des impôts c’est bon pour tous les salariés

Publie le mercredi 17 janvier 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Difficile d’échapper aujourd’hui à cette vague de propositions tapageuses qui nous incite à payer moins d’impôts. Investissement dans l’immobilier, emploi de personnes à domicile, souscription à des régimes de retraites par capitalisation… la palette est large pour obtenir une réduction d’impôts... sauf que cela s’adresse à des foyers disposant de moyens financiers très confortables car pour les autres c’est quelque chose de quasiment inaccessible.

D’ailleurs est ce une bonne chose ?

Le but de ceux qui ont lancé cette campagne est clair, discréditer l’impôt aux yeux de tous, créer une forme de rejet collectif pour obtenir de manière durable une baisse significative des prélèvements obligatoires, impôts et cotisations sociales.

Cette démarche a été en partie fondée sur l’idée d’améliorer le pouvoir d’achat des salariés sachant que ce message concerne ceux qui disposent de revenus imposables tout de même. Message un tantinet populiste qui est très dangereux.
C’est dangereux car cela transfère les responsabilités des entreprises (lieu de création des richesses) vers l’état en diminuant significativement ses moyens. Ainsi les financements structurants de notre société sont mis à mal (services publics, école, santé…) et ceux qui en subissent les effets néfastes ne sont pas les ménages les plus aisés.
C’est une illusion car certaines baisses d’impôts sur le revenu ont été « compensées » par des hausses de la fiscalité locale liées aux multiples décentralisations imposées par le gouvernement sans qu’y soit affectées les moyens financiers correspondants.
Double illusion car jusqu’à maintenant 70% des baisses d’impôts ont profité aux 10% des foyers les plus riches, pour les autres leur vie n’a pas été transformée.

Cette volonté d’éloigner les citoyens de l’impôt se renforce avec l’idée du prélèvement à la source qui comporte de multiples dangers pour les salariés et certainement beaucoup d’avantages pour ceux qui ont des revenus autres que salariaux*.

Ceux qui crient au trop d’impôts qui menacent ou sont partis vers des paradis fiscaux font preuve d’une indécence abjecte qui s’ajoute à de la malhonnêteté. S’ils ont eu la possibilité de cumuler des telles fortunes c’est bien parce que leur activité professionnelle s’exerce dans une collectivité structurée qui leur est indispensable, il est donc normal qu’il y ait un retour important vers la collectivité.
Alors que les écarts de salaires et de revenus se creusent dans notre société certains veulent les agrandir avec l’impôt. En fait ils font grandir la misère.

Méditons sur ces chiffres provenant du cabinet PROXINVEST : les patrons du CAC 40 ont empoché en moyenne sur 2004 l’équivalent de 162 années de SMIC en rémunération salariale auxquelles s’ajoutent 204 années de SMIC de stocks-options. C’est sans compter la part de richesses versée aux actionnaires qui alimentent la sphère boursière au détriment de l’emploi et des conditions sociales des salariés.

Ce sont les richesses produites collectivement par le monde du travail et la société qu’ils s’accaparent, c’est du vol.
Plutôt que d’hurler avec les loups du libéralisme contre l’impôt, il faut regarder de quel argent on dispose une fois les prélèvements obligatoires déduits de ses revenus.

La réforme des impôts qui est entrée en vigueur au 1er janvier 2007 est au service des riches. La progressivité fondée sur le principe de « contribuer en fonction de ses moyens » est atténuée avec le cadeau doré du bouclier fiscal. Celui ci interdira à ce que le total des impôts directs dépasse 60% des immenses revenus possédés par quelques privilégiés. La rentabilité de l’impôt sera diminuée ce qui fait que la collectivité disposera de moyens plus faibles pour se structurer.

Payer des impôts c’est un moyen d’amener une contribution utile pour la collectivité. Ne doutons pas que les personnes non imposables du fait de la faiblesse de leurs revenus souhaiteraient l’être.

Alors pour concilier les exigences de ceux qui payent trop d’impôts et celles de ceux qui n’en paient pas, il faut réduire de façon conséquence la hiérarchie des revenus.
Pourquoi ne pas établir une hiérarchie des revenus avec une base de départ (SMIC) à hauteur de 2000 euros bruts mensuels (cela permettrait de donner des moyens décents pour vivre) pour aller au maximum jusqu’à 10 fois cette somme, soit 20 000 euros mensuels bruts ce qui permet de couvrir largement tous les besoins vitaux en reconnaissant compétences et responsabilités. Cela ouvrirait des portes à des milliers d’emplois.

La justice sociale serait remise à l’ordre du jour, les richesses créées pourraient servir l’intérêt collectif et de nouvelles relations empreintes de solidarité naîtraient entre les citoyens.
Liberté, égalité, fraternité retrouverait son véritable sens.

*Argumentaire dans la tribune libre HUMANITE du 19/12/2006

Messages

  • Oui, bonne idée en effet, mais c’est exactement l’inverse que veulent les libéraux.

    Un raisonnement logique serait que plus les salaires sont hauts, plus les gens consomment, et donc plus il y a d’emplois.

    Cela serait un raisonnement imparable si l’économie était en circuit fermé, c’est à dire s’il y avait une boucle entre la production et la consommation.

    Si on jette un oeil sur le CAC40, on remarque que les entreprises les plus rentables sont celles qui exportent le plus . Elles peuvent s’enrichir sans avoir besoin d’augmenter les salaires locaux.
    Réciproquement, les produits manufacturés les plus achetés viennent des exportations, même si dans certains secteurs (automobile,energie), le protectionnisme a permis d’éviter la ruine dans les pays riches, ce qui n’a pas été le cas pour les autres.

    Le cas idéal pour une entreprise rentable est d’employer de la main d’oeuvre sous payée dans un pays disposant de structures modernes et en exportant dans un autre pays riche.

    Donc a par de décider la fermeture totale des frontières, la solution serait valable si cette harmonisation était étendue à tous les pays, donc dans le cas d’une entente internationale sur l’échelle des salaires.

    jyd.

  • Dans le même ordre d’idée, paru dans « Réchauffer la Banquise » nº 25 de juillet 2004.

    Ça nous rajeunit pas, hein ?

    http://www.la-gauche.org/IMG/RLB25.pdf

    JMH

    Non à la baisse des impôts sur le revenu !

    La déclaration peut paraître énigmatique, a priori. Cependant, si chacun se félicite dans son coin, de payer moins d’impôts sur le revenu, alors que, même s’il est conscient dans le même temps, qu’il paie plus d’impôts locaux, et que, tout compte fait, ça revient au même. Et ben non ! C’est certes un bel argument électoral, mais ça ne tient pas la route. Diminuer les rentrées fiscales pour l’État implique la diminution de son pouvoir d’intervention. Allez, on répète, les retraites, les chômeurs en fin de droit, les chercheurs, la Sécu, les intermittents, continuez la liste. Pourquoi n’y a-t-il pas de solutions ? Pas de fric ! Évidemment, si on diminue ses recettes, il faut bien diminuer ses dépenses, sinon on s’endette et le service de la dette ne fait que s’accroître. Tiens donc, il n’y a pas besoin d’être Grand Argentier et d’avoir fait l’ENA pour piger ça ! Reprenons. Dans une autre logique, si au lieu de nous pondre des réformes à la noix, on se disait que payer des impôts à l’État relève d’un acte citoyen. Hein ? Que l’on pourrait financer les retraites, l’assurance maladie, la recherche, l’éducation et le reste en se donnant les moyens de le faire sans procéder à des coupes sombres et de réformer par défaut, comme c’est la logique des politiques libérales. Le transfert des charges de l’État aux Régions est un affaiblissement de l’État lui-même, ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas décentraliser car transfert de charges n’est pas synonyme de transfert de responsabilités. Il faudrait, néanmoins, que le partage des contributions au budget de l’État soit plus équitable, ce qui exige, par contre, une grande réforme fiscale. Les riches paient moins d’impôts, comparativement, que les pauvres. Je veux payer plus d’impôts sur le revenu mais à condition que tous les paient au prorata de tous leurs revenus !

  • Qui a les yeux fermés au point de dire que le taux d’imposition baisse en France.

    Oui l’impôt sur le revenu baisse énormément pour les plus riches un peu pour les autres ; mais que dire de tous les autres impôts :

    La taxe foncière augmente chaque année ….
    La taxe d’habitation encore pire ….
    Tous les prix en général augmentent …. Donc la TVA aussi …..

    Alors baisse d’impôt oui peut être ailleurs mais pas en France !!!!

  • Vos commentaires & messages ont certainement des point forts. Mais qui est vraiment riche ? A partir de quel salaire est-on dans cette catégorie.
    Il est facile de critiquer les patrons du CAC 40, mais je trouve cela honteux de taxer jusqu’a hauteur de 60%. Je trouve cela révoltant. Je n’ai pas de problème à parler de salaire, je gagne 2200€ net par mois payé sur 12 mois (donc pas de 13ème mois en décembre) et je dois payer 2100€ d’impots sur le revenu !!! 1 salaire ! Sans compté les impots locaux, la taxe d’habitation et la redevance TV... Autant dire que ne gagne réellement que 10 mois de salaire. Alors si c’est ça êter riche !! Je n’ose même pas envisager d’augmentation de salaire, car le fait de payer encore plus d’impôts me révolte.

    Au lieu de s’attaquer aux impots sur le revenu, on ferait mieux de s’attaquer à d’autres choses beaucoup plus importante !!

    La TVA pour ne pas la citer, le taxe pétrolière etc... Car si on y pense bien, on paie de la taxe sur la TVA. On est imposé sur nos revenus, certes, mais alors, on devrait pouvoir déduire toute la TVA que l’on a payer durant l’année sur nos differents achats en tant que particulier !! Alors de dire que ce qui gagne bien leur vie, doivent raqué pour les autres je ne suis pas d’accord du tout.
    Sans compter que lorsque que je regarde ma fiche de paie, la difference entre le brut et le net est fatale. 2900€ brut + 1200€ de charge patronale, certe j’ai le status de cadre, mais comment valoriser les emplois en France quand pour garantir à un employée un salaire de 2200€ net il faut débourser 4100€ !!

    Il y a tant de chose à revoir, notement le controle du chômage, de l’assurance maladie etc... que de discuter de la hausse des impots sur le revenu me parait vraiment ridicule.