Accueil > Pour une repolitisation de l’économie

Pour une repolitisation de l’économie

Publie le mardi 3 avril 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

Les partis politiques sont alignés d’ordinaire sur une ligne composée d’un seul axe de la gauche vers la droite suivant leur proximité idéologique. La signification du positionnement sur cette ligne est vidée aujourd’hui de son sens historique. On assiste à une érosion du concept idéologique au sein du paysage politique et à un consensus sur les fondements économiques de la société qui ne sont plus remis en question.

Le pivot droite/gauche, engendré dans des contextes de société particuliers, est sujet à évolution dans le temps. Lors de la Révolution française, les libéraux représentaient une force progressiste engagée en première ligne dans la lutte contre l’Ancien Régime avant de se muer en sphinx de l’ordre économico-social. L’usage de ces notions ainsi que la dénomination des courants de pensée peut varier aussi d’un pays à un autre. Le libéralisme n’aura pas par exemple la même signification de part et d’autre de l’Atlantique.

Malgré les glissements sémantiques, la distinction principale se fonde sur l’opposition conservatisme/progressisme. Le conservatisme est un courant politique qui tend à maintenir en l’état l’ordre social alors que le progressisme vise à l’amélioration des conditions de vie pour la majorité par le truchement de l’action consciente des hommes.

Depuis ses origines, la social-démocratie mène une politique conjuguant initiative privée et impulsion étatique dans le cadre économique du capitalisme. Les sociaux-libéraux sont censés corriger les dérives de l’économie de marché afin de défendre les intérêts des salariés à travers un ensemble de mesures de protections et d’encadrement comme le droit de grève, un système public d’éducation et de santé accessible à tous, une fiscalité de solidarité.
Dernièrement, ces repères ont été totalement battus en brèche. Les promoteurs de la « troisième voie » reprennent sans vergogne à leur compte des thèmes de la droite comme la globalisation libérale, la sécurité, l’ordre, l’identité nationale,…

On essaie de nous imposer un axe unidimensionnel prenant en ligne de compte les seules questions socio-culturelles. On dira d’un candidat qu’il est plus de droite ou de gauche selon qu’il est plus ou moins licencieux sur les questions éthiques et sur les moeurs : dépénalisation des drogues douces, droits des homosexuels, immigration,... De cette façon, on naturalise l’infrastructure économique en même temps qu’on essentialise la nature humaine. Les hommes d’aujourd’hui ne sont pas plus maîtres des lois économiques que les hommes d’antan ne maîtrisaient les lois physiques. Le marché, la mondialisation prennent la forme de forces aliénantes aussi naturelles que la succession des saisons.

Cette interprétation a minima de la politique consacrée depuis longtemps aux Etats-Unis se propage dangereusement dans le reste du monde. Lors de la campagne présidentielle française, on peut véritablement prendre la mesure de la folklorisation des élections et de l’américanisation de la société française. Sans débat idéologique de fond, le suffrage universel n’est pas plus qu’un rituel d’auto-légitimation.

Pour sortir de ce schéma étriqué et y voir plus clair, il faut utiliser un graphe bidimensionnel qui prend en compte des notions économiques d’une part et sociales d’autre part. L’estompement des concepts idéologiques et l’altération du clivage gauche/droite laissent de moins en moins de place aux perspectives de changement de l’ordre économico-social. La politique sans politique économique est un leurre qui donne l’illusion du changement : changer tout pour ne rien changer du tout.

Emrah KAYNAK

Messages

  • Une position artefactuelle à la Duhring, symptomatique actuellement du verbiage idéaliste « progressiste » dominant.

    Un conseil : lis Marx-Engels.

    Ghibli

    • Ce texte dénonce très clairement l’idéalisme politique. C’est un plaidoyer en faveur du matérialisme qui pose comme principe que le cadre structurel de la société doit être renversé pour influer sur le cours des idées.
      Avant de critiquer, il faut au moins lire et surtout être capable de comprendre.
      De deux choses l’une, soit ce commentateur est distrait soit il est idiot.