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4 francais sur 10 : Pas si vite Sarko !!! (libre belgique)

Publie le mercredi 20 juin 2007 par Open-Publishing

Fillon II : Borloo pour remplacer Juppé
BERNARD DELATTRE

Mis en ligne le 20/06/2007
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Borloo ministre d’Etat et super-ministre de l’Ecologie : promotion ou sanction ?
Le deuxième gouvernement Fillon est toujours ouvert et divers, mais beaucoup moins féminin et resserré.
Les Français jugent Sarkozy affaibli par les législatives.

CORRESPONDANT PERMANENT A PARIS

Pour le coup, ce n’est plus vraiment un gouvernement resserré. Au lieu des six secrétaires d’Etat supplémentaires annoncés, douze ont été nommés mardi. Ce qui porte à 33 le nombre de membres de l’équipe Fillon II, ce qui est dans l’étiage du gouvernement Villepin. La parité qui caractérisait le gouvernement Fillon I en a fait les frais. Parmi les douze nouvelles recrues, seules quatre sont des femmes, la nouvelle équipe ne comptant plus dès lors que onze femmes - très loin de la parité.

Ceci voulant sans doute compenser cela, pour la première fois une femme accède à Bercy, un ministère de l’Economie et des Finances d’autant plus pesant que lui a été adjoint en mai toute la politique de lutte contre le chômage. C’est Christine Lagarde qui hérite de ce poste. Cette promotion consacre la carrière fulgurante de cette ancienne avocate internationale de renom entrée en politique à la fin de la dernière législature seulement. Christine Lagarde cède l’Agriculture à l’ex-ministre des Affaires étrangères et commissaire européen Michel Barnier, qui signe là son grand retour ministériel après son éviction du gouvernement Villepin à l’issue du fiasco du référendum européen de 2005. Sa connaissance du milieu européen et ses liens avec Pascal Lamy lui seront sans doute utiles pour défendre l’agriculture et la pêche françaises à Bruxelles et à l’OMC.

Christine Lagarde remplace à Bercy Jean-Louis Borloo, qui devient ministre d’Etat et n° 2 en charge de l’Ecologie. Cette promotion en est-elle vraiment une ? Les commentaires à Paris mardi étaient partagés. Certains avançaient que l’essentiel pour Nicolas Sarkozy était surtout d’écarter du brûlot de Bercy un ministre vraiment trop atypique, léger et gaffeur - comme l’illustra la controverse sur la TVA sociale. D’autres certifiaient qu’il s’agissait bien d’une promotion et que, dans cette affaire de TVA, le chef de l’Etat avait été moins irrité par les sorties de Jean-Louis Borloo que par l’absence de solidarité gouvernementale.

"Affichage marketing"

Plus que la parité, la diversité est réaffirmée, Rachida Dati étant rejointe par deux jeunes femmes elles aussi issues de l’immigration : Rama Yade et Fadela Amara. Cette dernière incarne l’ouverture, comme trois autres secrétaires d’Etat : le sénateur socialiste Jean-Marie Bockel (un blairiste qui était très minoritaire dans son parti) et les centristes André Santini (malgré une mise en examen) et Valérie Létard. Le rajeunissement est lui aussi au rendez-vous, puisque plusieurs trentenaires entrent au gouvernement.

Même gênée par le débauchage de Fadela Amara ("une très grande nouvelle pour les banlieues", dixit le PS Malek Boutih), la gauche a accablé mardi l’"affichage marketing", "la politique spectacle" et l’"opération d’anesthésie cosmétique" du gouvernement, pour faire oublier "les politiques douloureuses" et "la fin de l’état de grâce".

Sur ce dernier point, l’opinion est partagée. Une majorité, fût-elle courte (42 pc, contre 41), de Français juge que Nicolas Sarkozy sort affaibli des législatives, 62 pc trouvant au contraire que le PS s’en trouve renforcé. Un Français sur deux (53 pc) veut encore que le chef de l’Etat mette rapidement en oeuvre ses réformes, mais quatre sur dix préféreraient qu’il prenne désormais son temps.