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51e semaine de Sarkofrance : question de franchise

Publie le mardi 29 avril 2008 par Open-Publishing

Juan de Sarkofrance | 28 avril 2008 | Quinquennat Sarkozy |

"Franchise, nom féminin

Sens 1 : Sincérité.
Sens 2 : Exonération de taxes ou d’impôts.
Sens 3 : Droit d’exploiter la marque d’une entreprise pour la vente de produits
Sens 4 : Somme restant à la charge de l’assuré."

Le point d’orgue de cette 51ème semaine depuis l’élection présidentielle a été sans conteste l’intervention télévisée de Nicolas Sarkozy jeudi soir. Les funérailles d’Aimé Césaire en Martinique avaient fait décalé cet entretien. Mercredi, un dernier sondage écrasait encore un peu plus la popularité présidentielle : les trois quarts des Français seraient mécontents.

Jeudi soir, le décor était planté (280 000 euros), la réalisation au cordeau (pas de plan large pour dévoiler une jambe qui tremble ou une talonnette qui dépasse), et le Président calme et mesuré, tout en phrases courtes et émotion contrôlée.

Franchise politique
Je me suis amusé à en faire le compte rendu AVANT l’émission. L’exercice était facile, et gagnant. Il joue les caméléons : gauchiste, travailleur, pénitent, menteur. Il pointe du doigt des boucs émissaires (patrons, grande distribution, chômeurs, spéculateurs, etc) ; il ne renonce à rien, et les "fautes" reconnues ne concernent que des problèmes de communication (le paquet fiscal) ou de erreurs de jeunesse (les couacs gouvernementaux). "J’voulais bien faire, M’Sieur." semble-t-il expliquer à l’électeur incrédule.

Nicolas Sarkozy n’a pas tant fait preuve de sincérité, de franchise politique. Il a surtout cherché à être exempté de tout jugement avant 2012, une autre forme de franchise politique. "Ne nous jugez pas tout de suite !" semblent nous dire ses ministres à l’unisson. Trois exemples parmi d’autres :

Boutin communique : 3 ans après l’échec du plan Borloo des "maisons à 100 000 euros", le gouvernement remet le couvert : voici le plan Boutin des "maisons à 15 euros" (soit ... 110 000 euros sur la durée moyenne des prêts envisagés !)

Eric Besson communique : il a publié un "diagnostic stratégique" intitulé « France 2025 » , un état des lieux chiffré du pays qui doit permettre d’ici la fin de l’année d’élaborer « un GPS des réformes » à l’usage du gouvernement. Une commission (inutile) de plus

Brice Hortefeux communique : il s’essaie à justifier une politique inefficace. Si personne (ou presque) ne conteste le besoin de maîtriser les flux migratoires, tout le monde (ou presque) reconnaît que la politique d’immigration est un échec : objectifs chiffrés non atteints, dérapages pendant les expulsions, conditions de rétention inhumaines, incohérence bureaucratique des quotas par métier, etc. Voici que des sans-papier se mettent en grève avec le soutien de la CGT et ... du patronat !

Nadine Morano communique : dans 4 ans, les familles bénéficieront du droit opposable à la garde d’enfants. Ouf ! On est rassuré.

Franchise sociale
La vraie franchise est sociale : les classes sociales modestes morflent et ce n’est pas fini. Acte I (été 2007) : paquet fiscal et répression. Acte II (printemps 2008) : rigueur sociale. La droite snif snif est de retour.

La dernière annonce présidentielle, stupéfiante, nous fait penser aux franchises médicales. Pour financer un plan Alzheimer, Sarkozy met à contribution les malades en leur imposant de nouvelles franchises médicales. Voici qu’il renouvelle la formule pour le RSA. L’extension du Revenu de Solidarité Active sera financée, en 2009, par une réduction de la prime pour l’emploi. On appelle cela un "redéploiement." Le message est simple. Les pauvres sont suffisamment aidés en France.

Bizarrement, le "redéploiement" ne s’applique pas aux plus riches. L’abaissement du bouclier fiscal (de 60 à 50%) ou l’abandon quasi-intégral des droits de succession n’ont pas été compensé par la suppression de toutes les niches fiscales qu’une député UMP dénonçait encore récemment.

Même les heures supplémentaires procèdent de la même arnaque. On a pu dresser il y a quelques jours un premier bilan des défiscalisations d’heures supplémentaires : pour 3,8 milliards d’euros "rendus" aux salariés (sous forme d’exonérations fiscales), le dispositif a coûté 4,1 milliards aux comptes publics qui sont financés... par le contribuable. Un dispositif donc inefficace, qui rend d’une main ce qu’il reprend de l’autre.

La "franchise n’est pas la même pour tous en Sarkofrance.

Ce Billet a également été publié sur Marianne2.fr.

http://www.betapolitique.fr/51e-semaine-de-Sarkofrance-04768.html