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6 juin 1944 : Justice et reconnaissance pour tous les libérateurs de la France

Publie le dimanche 6 juin 2004 par Open-Publishing
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En cette période du 60ème anniversaire du débarquement des troupes alliées en Normandie le 6 juin 1944, la France commémore une victoire glorieuse et une tragédie : hommage sera rendu aux trois mille soldats américains qui ont péri dans cette bataille qui allait conduire à la Libération.

La France se souvient.

Pourquoi ne se souvient-elle pas avec le même élan du sacrifice des soldats des anciennes colonies qui ont combattu sous le drapeau français lors de la campagne d’Italie ou du débarquement sur la côte Méditerranéenne en 1944 et 1945 ?

Le MRAP en appelle régulièrement à la justice pour les survivants victimes de mesures discriminatoires dans le montant de leurs pensions. Celles-ci ont en effet été"cristallisées", c’est-à-dire gelées par une délibération de l’Assemblée nationale le 26 décembre 1959, à l’approche de la décolonisation ; un critère de nationalité a ainsi dévalorisé le sacrifice de ces soldats parce qu’ils n’étaient plus français. Alors que les droits des anciens combattants français étaient régulièrement augmentés, les leurs étaient grignotés au fil des ans par la hausse de l’inflation et du niveau de vie. Ainsi, il y a deux ans, un invalide de guerre français recevait 687 euros par mois, quand ses homologues sénégalais et tunisiens en percevaient respectivement 229 et 76 !

Le 30 novembre 2000, sur recours d’un ancien sergent-chef sénégalais, le Conseil d’Etat qualifiait cette inégalité de traitement de "discrimination fondée sur la nationalité" et rétablissait ces anciens combattants dans leurs droits. Mais deux gouvernements successifs ont cherché comment ils pouvaient éviter une telle dépense, quoi qu’entre temps les deux tiers de ces anciens combattants de la liberté avaient perdu la vie. C’est ainsi que la revalorisation des pensions calculée à partir "des parités de pouvoir d’achat publiées annuellement par l’ONU" se monte à 20% par an ; chacun sait que les pauvres n’ont pas les mêmes besoins que les occidentaux ! Le gouvernement applique par ailleurs une "prescription quadriennale" qui interdit de réclamer des droits à l’Etat pour une durée supérieure à quatre ans ; on ne s’étonnera pas que dans certains pays comme le Sénégal, l’augmentation soit à peine supérieure à 15 euros par mois.

Cette injustice est durement ressentie par les anciens combattants de pays africains, comme le Mali où cette discrimination s’ajoute à des dominations économiques qui poussent des travailleurs africains à émigrer dans les conditions que l’on sait. Ces anciens soldats poursuivent avec acharnement leurs recours auprès du Conseil d’Etat pour que l’arrêté du 30 novembre 2000 soit pleinement appliqué.

Le MRAP se déclare tout à fait en accord avec les associations ATMF (Association des travailleurs maghrébins de France), CATRED (Collectif des accidentés du travail, handicapés et retraités pour l’égalité desdroits), GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés) ou des associations d’anciens combattants comme l’ARAC, qui appellent les intéressés à poursuivre les recours pour obtenir la totalité de leurs droits, y compris devant les tribunaux.

Le MRAP appelle tous les citoyens en ce jour de commémoration de la victoire sur le nazisme à se souvenir que la libération de la France s’est faite également au prix du sacrifice suprême de la vie de ses immigrés, et à exiger la reconnaissance et la justice à l’endroit de ces oubliés de notre histoire.

http://www.mrap.asso.fr/

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