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AGENT ORANGE VIETNAM : Judith S. Kaye et George Bundy Smith contrarient la balance

Publie le vendredi 23 juin 2006 par Open-Publishing
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Judith S. Kaye, juge en chef

de André Bouny

Dans leurs arguments déposés à la Cour d’Appel de New York, les Compagnies chimiques ayant fabriqué le poison appellent à leur secours le pouvoir politique pour mettre fin à cette procédure.

C’est écrit dans les arguments des chimistes déposés le 16 janvier 2006 à la Cour d’Appel de New York, page 86 : "Ces demandes (plaintes des victimes vietnamiennes) soulèvent des questions politiques non justiciables", "demande (des chimistes) d’une décision politique non judiciaire."

Depuis le dépôt des arguments des Compagnies chimiques en Cour d’appel, les étapes du procès sont sans cesse repoussées de façon à éliminer certains juges qui arrivent en fin de mandat et, le 4 juin 2006, Bush fils&père, Cheney&Rove end Co, envoient Rumsfeld prévenir Hanoi : "Pas d’indemnisation pour les victimes de l’Agent Orange."

Bush fils&père, Cheney&Rove, Rumsfeld end Co, tiennent le glaive et la balance. Ne sont-ils pas eux-mêmes passibles des tribunaux par le plus élémentaire jus cogens de la loi internationale ?

Il n’y a donc plus aucune raison de douter que Maison Blanche et Pentagone donnent des ordres au Département de la justice pour faire pression sur les juges de la Cour d’Appel de New York -aveu que les arguments des victimes vietnamiennes sont, hélas, imparables- et ceci porte d’autant plus à croire à l’intégrité des juges de cette Cour d’Appel de New York.

En effet, il existe des femmes et des hommes courageux aux Etats-Unis d’Amérique.

Je pense que c’est le cas au ceint de cette Cour. Judith S. Kaye, juge en chef courageux, qui préside la commission de justice pour les enfants, qui est présidente-fondatrice de la lutte contre le cancer du sein, qui lutte pour le droit des femmes, qui s’oppose à la peine de mort et qui défend l’avortement, c’est beaucoup pour une seule personne dans cette Amérique ! Elle a 68 ans. En fin de carrière, sortante de la Cour d’Appel de New York le 17 mars 2007, que risque-t-elle à rendre justice aux enfants vietnamiens bousillés par l’Agent Orange ?

Sortir par la grande porte, rien que de la lumière.

George Bundy Smith, juge associé

Et George Bundy Smith, juge associé courageux, déjà seul noir de l’école de droit de Yale durant ses études, activiste de haute lutte, jeté en prison à 24 ans pour défendre les écoles éloignées déclarées inconstitutionnelles par la Cour Suprême en 1954, qui défendit NACCP (Association Nationale des Professionnels d’Assistance à l’Enfance), proche de Martin Luther King, ce juge de 69 ans est sortant de la Cour d’Appel de New York le 24 septembre 2006, que risque-t-il à rendre justice aux enfants vietnamiens bousillés par l’Agent Orange ?

Sortir par la grande porte, rien que de la lumière.

D’autres juges de cette Cour d’Appel de New York ont des qualités semblables.

L’optimisme niais peut faire croire que les reports successifs du verdict sont de bonne augure : ajournements pour mieux étudier certains points ou bien analyser une nouvelle pièce apportée au dossier, comme ce document interne du 24 juin 1965 « DOW CONFIDENTIAL » de chez Dow Chemical, signalant secrètement à l’époque les dangers de la 2,3,7,8, TCDD, c’est à dire au début de l’épandage de l’Agent Orange au Viêt Nam. Très important pour l’intentionnalité !

Soyons réalistes, pour l’instant, ces deux juges courageux font qu’il n’est pas du tout certain que la balance penche côté Maison Blanche et Pentagone. Ce qui se passe tend à le démontrer. Si le calendrier glisse jusqu’à la sortie d’un de ces deux juges, voire des deux, les nouveaux nommés et confirmés le seront pour rejeter la plainte des victimes vietnamiennes. La juge en chef subit-elle une pression au point de reporter sans cesse le verdict ? Par différents biais, techniques ou autres, a-t-elle perdu la maîtrise du calendrier ? Est-elle menacée ?

J’attends un coup de tonnerre. Le mieux serait avant le 24 septembre 2006, le pire, après le 17 mars 2007.

Lien : http://www.monde-solidaire.org/spip/article.php3?id_article=2295

André Bouny, père d’enfants vietnamiens, président du « Comité International de Soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent Orange et au procès de New York » (CIS).

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