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Aux 300.000 de Gênes, aux portes parole du Genoa Social Forum, à tous les démocrates

Publie le dimanche 15 février 2004 par Open-Publishing

Traduction


Aux 300.000 de Gênes, aux portes parole du Genoa Social Forum, à tous
les démocrates


Le 2 mars, commence le premier procès pour les faits du G8. Les accusés sont
26 manifestants et ils risquent des peines très lourdes. Nous sommes préoccupés.

Depuis les journées de Gênes, deux ans et demi sont passés mais nous n’avons
rien oublié. Même pas les détails. Nous n’avons pas oublié l’odeur des lacrymogènes,
le fracas des hélicoptères, la terreur face à ces agents qui poursuivaient les
personnes et les arrêtaient sans raison. Nous n’avons pas oublié l’horreur de
l’école Diaz, les coups de matraque, les coups de pied, le sang, les dizaines
de brancards qui sortaient de l’école, en défilant devant les dirigeants de la
police d’Etat. Nous n’avons pas oublié les tortures de Bolzaneto ni celles du
Forte San Giuliano. Et nous ne pourrons jamais accepter le meurtre insensé de
Carlo.

Deux ans et demi sont passés et nous continuons à demander justice. Nous la chercherons
dans les tribunaux, mais nous la voulons aussi dans la société et peu importe
si l’Etat a déjà classé le meurtre de Carlo, parce qu’il n’y a là rien de classable.
La recherche de la vérité ne s’arrête pas dans les cours de justice, c’est pourquoi
nous ne nous fatiguerons pas de montrer et de démontrer comment Carlo fut vraiment
tué. Nous avons le devoir de le faire.

Jour après jour, depuis ce juillet 2001, nous avons senti grandir en nous l’indignation :
des milliers de personnes étaient venues à Gênes joyeusement, poussées par l’envie
de faire quelque chose pour un monde plus juste ; elles sont rentrées chez elles
terrorisées, blessées, humiliées. L’indignation a grandi parce que la terreur
organisée de ces journées est encore sans coupables et sans pourquoi. Il y a
deux enquêtes de la magistrature, et peut être quelqu’un devra répondre pour
ce qui est arrivé à la Diaz et à Bolzaneto, mais entre temps certains des enquêtés
les plus haut gradés ont été promus. Nous ne savons encore rien des responsabilités
politiques et cetains voudraient réécrire l’histoire de ces journées. Combien
de fois avons-nous dû entendre des politiques, des médias,de trop de personnes
qui ne connaissent pas encore les faits, que Gênes a été dévastée par des milliers
de violents ? Combien de fois nous ont-ils dit que les forces de l’ordre n’ont
fait que répondre à une agression ? Ils l’ont tellement répété, jusqu’à l’épuisement,
qu’il y en a beaucoup qui ont fini par y croire.

Nous nous adressons aux trois cent mille de Gênes, aux portes parole du Genoa
social forum qui organisa les manifestations, à tous les démocrates, pour qu’ils
nous aident à repousser ces mensonges. A Gênes, en juillet 2001, des injustices
de toute sorte ont été commises. Tout est documenté : il y a des livres, des films,
des photos, des dizaines de témoignages. Nous avons fait le tour de l’Italie,
durant ces deux ans et demi, pour raconter ce qu’ a été Gênes. Mais cela ne suffit
pas encore.

Le 2 mars, commence le procès contre 26 manifestants. Il sont accusés pour des épisodes
différents mais à tous est contesté un crime gravissime qui s’appelle "dévastation
et pillage". Il comporte une peine minimum de huit ans. Huit ans. Une peine plus
lourde que celle qu’on inflige normalement à qui commet un viol. Nous ne croyons
pas que ce soit notre tâche de juger les actions singulières des uns et des autres.
Mais c’est notre tâche d’empêcher qu’on arrive à une sentence exemplaire, avec
de très lourdes peines, disproportionnées par rapport aux épisodes mêmes que
les débats devront démontrer, et qu’un groupe de personnes soit jeté en prison
pour couvrir les responsabilités politiques et opérationnelles de qui géra l’ordre
public pendant les journées du G8.

Pour ces raisons, nous vous demandons de venir à Gênes les 28 et 29 février et
le 2 mars, à l’occasion des initiatives organisées par nos comités. Il y a là quelque
chose qui vous regarde. Nous vous demandons d’amener à Gênes la mémoire de ces
journées, le récit de ce que vous avez fait, vu, subi, des choix que vous avez
accompli ; nous vous demandons d’amener à Gênes votre indignation face aux injustices
accomplies dans ces journées et votre envie de vous battre afin que la vérité soit
respectée dans les tribunaux et dans la société.
Durant ce week-end nous amènerons dans les rues toute l’histoire du G8 ; la Diaz,
Bolzaneto, Forte San Giuliano, piazza Alimonda, l’assaut au cortège de via Tolemaide,
les agressions piazza Manin et corso Italia. Nous parlerons des droits civils,
d’une pétition pour améliorer les lois de l’Etat. Le 2 mars, nous aimerions traverser
Gênes avec la "caravane de la paix" qui arrivera le 20 mars à Rome. Nous aimerions
que la caravane, avant d’arriver à piazza De Ferrari, passe par la caserne de
Bolzaneto, devant l’école Diaz, par piazza Alimonda. Ce sont quelques uns des
lieux du G8 : il s’y est passé des choses qui ont indigné le monde et qui ne doivent
pas arriver dans un monde de paix et de justice.

Nous voudrions vivre ces trois journées avec la force de nos raisons, sans nous
exposer à la moindre provocation, sans risquer de contacts avec qui probablement
fera en sorte de verrouiller la ville. Ils ne nous intéressent pas, parce qu’ils
nous ne convainquent pas : nous avons l’avantage de n’avoir rien à cacher et beaucoup à dire.

Nous vous attendons

Haidi Giuliani, Comité Piazza Carlo Giuliani
Lorenzo Guadagnucci, Comité Vérité et Justice pour Gênes

traduit de l’italien par mc et g.r.

14.02.2004
Collectif Bellaciao