Accueil > Blocage de la centrale de Cruas, soutien aux grèvistes de la faim

Blocage de la centrale de Cruas, soutien aux grèvistes de la faim

Publie le jeudi 21 février 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Ci-dessous le compte-rendu de l’action de blocage de la centrale de Cruas par un membre du comité de soutien. Mais auparavant, quelques infos pour résumer le problème :

Lors d’un changement de sous-traitant entre boîtes qui interviennent sur le site nucléaire de Cruas-Meysse (suite à des appels d’offres réguliers qui précarisent la situation des travailleurs non-EDF du site), un certain nombre de salariés n’a pas été repris. Jetés comme des kleenex !

La lutte a permis de faire reculer la boîte, ESSOR (du groupe Freyssinet-Vinci), le dossier est arrivé sur le bureau de Borloo, mais deux salariés restent quand même sur le carreau : un syndicaliste CGT animateur des luttes dans la première boîte (la CIME), et une salariée qui a joué un rôle déterminant dans la bagarre pour le réemploi de ses collègues.

Par solidarité avec leurs 2 camarades, 9 salariés (dont 8 finalement réembauchés et 1 des licenciés) se sont mis en grève de la faim depuis maintenant 9 jours afin de refuser ce règlement de compte anti-syndical et que tous soient réembauchés par ESSOR.

Chico

A Cruas, ce jeudi matin, nous (le comité de soutien) étions en nombre suffisant pour nous lancer dans l’action de blocage de la centrale. Les 9 grévistes de la faim se sont installés sur des chaises, emmitouflés dans des couvertures devant les portes, et nous nous sommes disposés autour pour distribuer des tracts et dire aux salariés qu’il fallait qu’ils restent avec nous. Un seul a forcé le barrage, c’était un cadre qui s’est fait copieusement insulté et sifflé. Nous avons laissé entrer ceux qui faisaient partie de l’astreinte, leur passage avait été prévu et organisé. L’ensemble des salariés du site, solidaires, sont restés massés devant l’entrée.

Vers 8h, il y a eu afflux de nombreux manifestants (350 à 450 personnes) et notamment des élus de la région (les maires des communes de Cruas, Meysse, Ancône, Baix, St Jean le Centenier, St Bauzile, ainsi que François Jacquart, conseiller régional).

Les gendarmes, arrivés dès 6h du matin, ne sont intervenus que pour régler la circulation. Un huissier est venu tard dans la matinée constater le blocage, mais il n’y a eu aucun relevé d’identité. Le directeur des RG a fait lui aussi son petit tour. Les dirigeants de la centrale se terraient. Deux sont sortis en fin de matinée et se sont rendus dans un local extérieur à la centrale elle-même. On ignore à cette heure s’ils ont reçu la délégation d’élus qui les attendait.

Il faut espérer que cette action réussie porte ses fruits. Cette lutte est difficile, et le moral connaît des hauts et des bas : les 9 grévistes de la faim sont toujours très déterminés et très unis, mais contrairement à ce qui était espéré et explicitement réclamé, la fédé CGT Mines-Energie n’a pas appelé à une grève nationale de soutien sur tous les sites nucléaires aujourd’hui et pour l’instant aucun date n’est en vue.

Vers 11h30, le comité de soutien, en accord avec les grèvistes de la faim, a proposé la levée du blocage. A ce moment, les salariés d’Essor nous ont dit qu’ils prenaient le relais.

A suivre…

Messages

  • Complément d’information :

    En 2007, 2 mois avant la fin du contrat, la société Essor a fait savoir par la presse qu’elle n’allait pas reprendre certains salariés. Certains ont 25-29 ans d’ancienneté. Ils ont reçu des doses de 25-40 rem.

    La première action a été lancée en novembre 2007. Le 7 décembre, devant l’absence d’issue, les salariés ont bloqué le site de Cruas. Ils ont rencontré un grand élan de solidarité de la part des salariés EDF.

    Ces actions ont permis de mettre tout le monde autour de la table de négociations. Le 8 janvier 2006, une 2ème négociation s’est déroulée en mairie de Cruas pendant 26 heures (la négociation précédente concernait la signature du protocole d’accord à Privas). Mais Essor, après avoir signé le protocole d’accord, a refusé de le respecter.

    Mi-janvier, un chapiteau a pu être monté devant le site grâce à l’accord des mairies de Cruas et Meysse. Depuis mardi 12 février 20h, 9 salariés sont en grève de la faim. La direction leur a refusé de se mettre au chaud. Les portails du site ont été fermés et gardés par les forces de l’ordre afin de les empêcher de rentrer. La première nuit s’est passée dans le chapiteau. Ensuite, des caravanes ont été installées. Jeudi 14, s’est tenue dans le chapiteau une conférence de presse avec Dauphiné Libéré, Tribune, France 3. Dimanche 17 a eu lieu un concert de soutien devant le chapiteau.

    Les grévistes de la faim ont entre 5 et 25 ans d’ancienneté. Les sous-traitants font les travaux les plus « dosants ». Après la signature du protocole d’accord (qui prévoyait la reprise des 106 salariés), Essor a annoncé que 23 ne seraient pas repris. Après le début de la grève de la faim, évolution : Essor accepterait d’en reprendre 21. Les 2 autres sont ceux qui ont permis la signature du compromis du 27/12 (dont José, syndicaliste CGT porte-parole des grévistes de la faim pendant cette soirée). Avec cette politique, les gens capables de former les débutants sont de plus en plus rares. A cette allure, il y aura de plus en plus d’arrêts de tranche fortuits.

    La lutte CIME est en pointe et ouvre des perspectives insoupçonnées. Les salariés demandent la stabilité du travail justement rémunéré. Le fait que la lutte ait débouché sur un accord (bien qu’Essor ne l’ait pas respecté dès le lendemain) est une première. Grâce à la pression de la lutte, les responsable CGT ont pu être reçus par le ministère. Lorsque la CGT a évoqué la sous-traitance, le ministère a indiqué qu’il trouvait anormal que dans le nucléaire il n’y ait pas de reprise des salariés comme dans d’autres branches (comme par exemple le nettoyage). Le ministère est pour une négociation de branche débouchant sur une convention collective pour les travailleurs du nucléaire. La pétition lancée par CIME a déjà recueilli 6 000 signatures parmi les salariés du nucléaire (alors qu’elle n’a été pour l’instant diffusée que dans 7 sites nucléaires sur les 19 de France).

    L’amortissement des centrales est calculé sur 25 ans. On arrive maintenant au terme de cet amortissement, donc il y a beaucoup d’argent à se faire. C’est pour cette raison qu’on tire au maximum sur les coûts, à travers notamment les contrats de sous-traitance.

  • A Cruas, ce jeudi matin, nous (le comité de soutien) étions en nombre suffisant pour nous lancer dans l’action de blocage de la centrale. Les 9 grévistes de la faim se sont installés sur des chaises, emmitouflés dans des couvertures devant les portes, et nous nous sommes disposés autour pour distribuer des tracts et dire aux salariés qu’il fallait qu’ils restent avec nous. Un seul a forcé le barrage, c’était un cadre qui s’est fait copieusement insulté et sifflé. Nous avons laissé entrer ceux qui faisaient partie de l’astreinte, leur passage avait été prévu et organisé. L’ensemble des salariés du site, solidaires, sont restés massés devant l’entrée.

    Vers 8h, il y a eu afflux de nombreux manifestants (350 à 450 personnes) et notamment des élus de la région (les maires des communes de Cruas, Meysse, Ancône, Baix, St Jean le Centenier, St Bauzile, ainsi que François Jacquart, conseiller régional).

    Les gendarmes, arrivés dès 6h du matin, ne sont intervenus que pour régler la circulation. Un huissier est venu tard dans la matinée constater le blocage, mais il n’y a eu aucun relevé d’identité. Le directeur des RG a fait lui aussi son petit tour. Les dirigeants de la centrale se terraient. Deux sont sortis en fin de matinée et se sont rendus dans un local extérieur à la centrale elle-même. On ignore à cette heure s’ils ont reçu la délégation d’élus qui les attendait.

    Il faut espérer que cette action réussie porte ses fruits. Cette lutte est difficile, et le moral connaît des hauts et des bas : les 9 grévistes de la faim sont toujours très déterminés et très unis, mais contrairement à ce qui était espéré et explicitement réclamé, la fédé CGT Mines-Energie n’a pas appelé à une grève nationale de soutien sur tous les sites nucléaires aujourd’hui et pour l’instant aucun date n’est en vue.

    Vers 11h30, le comité de soutien, en accord avec les grèvistes de la faim, a proposé la levée du blocage. A ce moment, les salariés d’Essor nous ont dit qu’ils prenaient le relais.

    A suivre…