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Communiqué FA : Pas de justice, pas de paix !
Publie le mercredi 9 novembre 2005 par Open-Publishing1 commentaire
Les événements qui agitent les banlieues françaises depuis près de deux semaines sont bien l’expression d’une révolte dont on ne peut nier l’aspect politique. On ne peut nier l’existence d’une situation émeutière contre des représentants ou des symboles d’un ordre social inégalitaire, raciste et oppressant qui considèrent la jeunesse des quartiers populaires comme une « racaille » devant être nettoyée au « Kärcher » puis moisir en prison. Dans ce contexte, mettre le feu à une voiture, à un bâtiment public ou à des commerces est un acte politique, qui même si nous pouvons nous interroger sur le bien fondé de ces actions, notamment sur le fait qu’elles nuisent plus aux classes populaires qu’à a la bourgeoisie et aux vrais responsables de cette situation sociale, reste le seul moyen d’expression d’une jeunesse à qui la société n’offre aucune autre perspective que la galère, la frustration et le flicage. Nier les origines sociales de cette violence est le premier outil qui permet de mettre en place des politiques répressives de criminalisation de la misère et des banlieues.
A force d’ignorer que c’étaient des humains qui vivaient dans ces cités dortoirs construites à la va-vite hors des villes où furent parqués les immigrés et les pauvres. Ces cités qui sont un condensé de toutes les erreurs urbanistiques et donc de toutes les difficultés de vie pour les individus. Ces cités où il n’y a aucun espace de socialisation pour se retrouver. Ces cités où le chômage et la misère sont le quotidien des adultes et le devenir des enfants. Il n’était pas nécessaire d’être sociologue ou devin pour prévoir ce qui se passe aujourd’hui. Quand on nie l’individu a ce point il est naturel qu’il se révolte. Quand les politiques se scandalisent du non respect des jeunes de banlieue pour les institutions républicaines Ils semblent oublier que la République ne les a guère pris en considération depuis des décennies.
Mais au fil de déconvenues électorale et de provocations d’un Ministre de l’intérieur qui a le « sens du dialogue », ces êtres marginalisés, bafoués et sans cesse montrés du doigt se sont révoltés spontanément. Il n’y a guère que le Ministre de l’intérieur pour croire à une organisation structurée. Les responsables ce sont bien ceux qui ont permis la construction de telles « cités » et ceux qui ont laissé se dégrader les conditions de vie de ces populations en ne leur apportant pas l’aide et le soutien dont elles avaient besoin.
Le quadrillage des quartiers par les forces anti-émeutes et par les unités de choc de la police appuyés par des hélicoptères volant toute la nuit au ras des habitations ainsi que le rappel de réservistes ne sont qu’une surenchère militaire du gouvernement qui ne contribuera qu’a attiser le feu et la colère. Des milliers d’interpellations et de gardes à vue, plus de 700 mises en examen pour des motifs fréquemment farfelus et des preuves le plus souvent inexistantes dans des conditions de défense désastreuses ne régleront en aucune façon le malaise social des banlieues et de la jeunesse.
L’application de mesures légales exceptionnelles comme le couvre feu relevant des lois spéciales datant de la guerre d’Algérie est une véritable provocation à l’adresse de la jeunesse en colère ainsi qu’un danger fondamental pour les libertés publiques. Le texte de loi prévoit sur simple ordre des préfets l’instauration de couvres feux, des perquisitions de jour et de nuit, l’interdiction de séjour ou l’assignation à résidence pour toute personne menaçant, selon les critères du gouvernement, l’ordre public, l’interdiction de rassemblement, la fermeture des cinémas, des théâtres, des cafés, et des lieux de réunion, mais aussi le contrôle de la presse écrite, télévisuelle et radiophonique ainsi que le web.
Après la répression systématique des mouvements sociaux et syndicaux (intervention du GIPN contre les postiers de Bègles, inculpations massives des anti-OGM, l’assaut héliporté du GIGN et des commandos-marine contre les mutins du « Pascal Paoli »), l’Etat prépare la guerre sociale contre les pauvres et contre tous les résistants à cette société de classes. La fuite en avant du gouvernement dans une dérive fascisante inquiétante doit mobiliser toutes les composantes du mouvement social et syndical pour organiser la défense de nos libertés et de nos conquêtes sociales.
Oui il y a des raisons de se révolter, mais brûler des voitures (appartenant à des personnes parfois aussi pauvres), frapper au hasard ne fait que du tort et ne fait que renforcer tous les replis identitaires (qu’ils soient nationalistes ou religieux). Notre révolte doit prendre sa source contre les véritables responsables de la misère et de la précarité installée : le capitalisme et l’Etat. Et notre révolte ne prendra de sens qu’en s’organisant contre le capitalisme et ses effets destructeurs, en s’organisant dans les quartiers contre les huissiers, contre des logements trop chers, pour des vrais services publics (égalité d’accès passant par la gratuité des transports...)...
La Fédération anarchiste exige le retrait des forces répressives, le retrait et l’abrogation des mesures d’urgence et des lois d’exception, l’arrêt des poursuites judiciaires contre les jeunes révoltés, la libération de toutes les personnes emprisonnés ainsi que la lumière sur les circonstances de la mort de Ziad Benna et Bouna Traoré. La Fédération anarchiste tient à témoigner son soutien aux habitants, aux familles, ainsi qu’aux travailleurs des quartiers victimes de la violence sociale de certains émeutiers comme celle de la police.
Mettre en échec ce gouvernement fascisant, méprisant et arrogant ne pourra se faire que sur le terrain du rapport de force : la construction d’un mouvement social débarrassé des parasites politiciens et bureaucrates, fonctionnant et se coordonnant sur la base du fédéralisme libertaire, de la gestion et de la démocratie directe dans une perspective de transformation révolutionnaire de la société constitue la condition indispensable à la conquête de l’égalité économique et sociale, gage de la liberté et de la sécurité pour toutes et pour tous !
Qui sème la misère récolte la colère !
Pour une société égalitaire et libertaire
La révolution reste à faire !
Fédération anarchiste
Secrétariat aux relations extérieures
145 rue Amelot 75011 Paris
relations-exterieures(a)federation-anarchiste.org
Messages
1. > Communiqué FA : Pas de justice, pas de paix !, 13 novembre 2005, 16:47
Témoignage ordinaire
C’est la toute première fois que je vais sur votre site. Sympa.
ce matin vers o4hoo c’était le nouveau western dans ma rue. Bouclée par les pompiers, police, GPIR, policiers en civils qui couraient partout, motards, fourgonnettes etc je crois qu’il y a eu un début d’incendie peut-être dans une station service, je ne sais pas. Y’avait des bruits de pourquite et de la fumée je crois.Des gens ont été evacués. Femme avec un bébé, personne agée en robe de chambre etc Je croyais pas qu’il pouvait y avoir autant de passants un dimanche matin à 4 heures dans la rue. Des voitures partout. La grosse armada policiere. Vraiment étrange comme impression.
je n’ai pas de voiture. Biens surs si j’en avais une, fort peu utile à Paris pour la majorité des habitants, ça me ferait chier qu’on y mette le feu car je suis pas riche.
Mais d’un côté, je trouve que bruler ses saloperies "de bittes à roulettes" qui poluent paris (gaz d’échappement et bruit insuportable dans ma rue) c’est pas un mauvais concept. C’est presque cool dans l’idée. Un hapening en somme.
la voiture a envahie notre espace sociale. Elle a modifiée les comportements des gens.
Mais bon, les jeunes, brulez pas pas vos bibliothéques et vos services publics. Je sais que vous étes en colère mais quand même, c’est difficile d’accepter ça, même si je comprends. Et puis c’est dangereux de mettre le feu partout. Même si c’est fait pendant mai 68.
Parce que le feux c’est peut être beau à voir de loin, c’est comme au cinéma, ça fait des photos impressionnantes mais ça brule le feu. Et ça produit des explosions aussi. Ca fait peur le feu dans la rue, à la sauvage. Moi ça me fait peur. remarque dans un sens c’est pour ça qu’il le font.
Et puis la violence ça fait mal. C’est aussi douloureux pour un jeune que pour un policier. Même si l’on ne peux pas mettre à égalité les deux protagonistes. Le rapport de force n’est pas le même. D’un côté il y a la violence de l’état de l’autre la violence de jeunes frustrés. Violence qui ne releve pas seulement de l’injustice sociale mais aussi des situations difficiles d’ados dans leurs familles. Manque de père, manque de mère... manque d’écoute et d’encadrement. Errance sociale, non-dis, maltraitance de toute sorte et débordement des parents eux même dans la frustration et la révolte. je vais pas tout énuméré. Biens surs qu’il y a des provocations de la part du gouvernement. Sans doûte. Mais en faite j’en sais rien.
Je fais partis des nombreux individus qui se disent : mais alors que faire ? Mais je ne peux rien faire. Juste me lever le dimanche matin à 4h30 et constater... mon quartier est ceinturé par la police, c’est confus et je ne comprends pas ce qu’il se passe vraiment.
Si aller vivre dans un autre pays. C’est pas idiot comme idée ça.
Un individu ordinaire qui évite de dire : je suis pour ou je suis contre, parce que ça en général celà ne sert à rien.