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De Neuilly à Villiers, deux poids, deux mesures

Publie le mardi 6 juillet 2010 par Open-Publishing
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Deux poids, deux mesures, de Neuilly à Villiers

Cette même semaine aura vu la condamnation par des Assises de jeunes de banlieue à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison grâce à de simples témoignages anonymes rémunérés ; il est vrai que deux jeunes de banlieue y avait laissé la vie dans un accident de moto qui ressemblait fort à une partie de gendarmes et voleurs ; il est encore plus vrai que ce ne sont pas les policiers qui ont été jugés ( je crois même qu’il y a eu relaxe pour eux) mais des manifestants du mouvement de protestation qui a suivi, accusés d’avoir tiré sur la police avec du plomb de chasse. La gravité des faits-à relativiser cependant de façon inversement proportionnelle au calibre des plombs-aurait mérité une justice autre que celle d’une dénonciation anonyme rémunérée.

D’autant plus que, dans le même temps, les mêmes personnes récusent haut et fort tous les témoignages concordants révélant les rapports suspects entre le pouvoir et la première fortune de France, celle de Mme Bettencourt. Pourtant les témoins ne manquent pas et leurs fonctions confèrent à leur témoignage une crédibilité certaine justifiant pour le moins l’ouverture d’une procédure indépendante ; le maître d’hôtel dispose d’enregistrements dont la réalité a même conduit Mme Bettencourt à reconnaitre l’existence de fraudes fiscales. Un autre témoin était la comptable de Mme Bettencourt et elle retirait les sommes en liquide pour alimenter les diverses enveloppes. Ces personnes ont témoigné publiquement dans des affaires de corruption ou de financement occulte ; pourquoi leurs témoignages ne seraient-il pas recevables alors qu’à Villiers le Bel, peut être un seul témoignage sous X rémunéré a suffi aux Assises pour condamner un jeune à 15 ans de prison ?

Le scandale est encore plus grand lorsqu’on se souvient des différentes affaires et conflits d’intérêts qui ont émaillé le parcours de la droite ces dernières années :

• l’affaire de Karachi et le financement de la campagne de Balladur via Sarkozy,

• les travaux avantageux de l’appartement de Sarkozy à Neuilly,

• ses activités d’avocats d’affaires dans les milieux de la finance suisse,

• les nombreux conflits d’intérêts patents auxquels nous avons pu assister : vente providentielle des actions de Lagardère à la Caisse des dépôts,

• les rapports avec Bolloré,

• la nomination de F Pérol à la tête de la BPCE,

• celle de S Richard pdg de France Télécom ou de JP Thierry, ex patron d’Allianz, à la tête de la commission de contrôle des banques et de l’Acam,

• la nomination d’H Proglio pdg de Veolia à la tête d’EDF,

• la constitution du groupe GDF-Suez qui met en évidence des conflits d’intérêt entre les personnes de MM J Peyrelevade, P Desmarais et des actions confuses de la caisse des dépôts dans le transfert de la filiale Quick intervenant bizarrement dans le Marché
http://reg.reseau-ipam.org/IMG/pdf/doc_suez_gdf_la_face_cachee_et_chronologie.pdf

• la tentative de nomination du fils Jean à la tête de la Défense-on en sourit maintenant, mais rappelez vous qu’à l’époque, tous les ministres n’y voyaient rien que de très normal- alors que les Chinois eux-mêmes s’en gaussaient !

• Les conflits d’intérêt entre A Minc et S Courbit portant sur la privatisation de la régie publicitaire de France télévision

• Enfin le conflit d’intérêt Florence Woerth-fonction ministérielle de son mari-trésorier de l’UMP, reconnu aujourd’hui par l’intéressée et par Mme Lagarde

A la décharge de tous ces pauvres gens il faut reconnaitre que le conflit d’intérêt n’existe pas dans le droit français. « Notre législation des affaires est née en 1966 et à l’époque, il n’en était pas question. Les organisations patronales ne voulaient pas que cela soit évoqué. La loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) de 2001 avait bien retenu la notion de conflits d’intérêt, mais elle a été gommée en 2003. Le Medef et l’Afep ont obtenu que cela disparaisse », explique Dominique Schmidt avocat spécialiste du droit des affaires. Pas de loi, c’est encore mieux que « pas vu, pas pris ».

Mais on n’est jamais assez prudent dans ce milieu des affaires qui aiment tant les faire et les taire ; aussi, on comprend mieux pourquoi Sarkozy voulait-il tant dépénaliser le droit des affaires, interdire les poursuites sur dénonciation de fraudes et raccourcir les délais d’amnistie. Enfin, pour être encore plus tranquille rien de tel que la suppression du juge d’instruction !

Décidément, selon que vous soyez de Neuilly ou de Villiers, la Justice montre deux visages bien différents. La Révolution de 1789 a encore laissé un long chemin à parcourir pour atteindre à l’Egalité.

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