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Déni de grossesse et meurtre de nouveau-né par la mère, deux conséquences tragiques de l’oppression sexuelle.

Publie le mardi 3 août 2010 par Open-Publishing

J’ai trouvé cet article qui commente l’affaire Dominique Cottrez , écrite par un journaliste titulaire d’un doctorat en médecine , et je suis accablée par le déni d’humanité que celui-ci manifeste a plusieurs reprises envers cette femme. :

http://www.slate.fr/story/25773/cottrez-tuer-nouveaux-nes-crime-justice

Non , monsieur Nau , pas trois mise-bas, inconscientes, solitaires et mécaniques, mais trois accouchements vécus dans une solitude physique et psychique totale, seule face à l’éventualité de sa propre mort, face aux douleurs de l’accouchement, seule comme elle a du être pendant toute la grossesse, cette femme qui parle à peine c’est à dire dont la parole n’intéresse personne.

Alors oui en 2010, il y a encore des femmes qui ont tellement peu accès à l’information sexuelle et contraceptive, qui sont tellement dans une non-connaissance de leur corps, qu’elles ne sont pas en mesure de « réguler » leur fertilité, des femmes abandonnées à elles-mêmes qui doivent aussi endosser l’irresponsabilité de leur conjoint. Des femmes qui une fois enceintes contre leur souhait, ne peuvent pas avoir un acces simple ou pas d’acces du tout à l’ivg , qui vivent leur situation dans la culpabilité et la honte.

Cette femme dit que son premier accouchement s’est mal passé du fait de sa corpulence et qu’elle ne voulait pas aller voir un médecin pour sa contraception. On peut se demander ce que cette femme a enduré lors de son accouchement qui la pousse à prendre un risque aussi énorme de ne plus se contracepter ? J’ai 49 et les récits d’accouchements des femmes de la génération de ma mère sont terrifiants de détails où les femmes subissaient des propos ou des gestes humiliants, est-ce que cela est du passé pour toutes les femmes ? Encore aujourd’hui, près d’une femme sur deux subit une épisiotomie, qui est une mutilation sexuelle, pour des raisons préventives très controversées.

La grossesse est une période des plus périlleuses pour la vie d’une femme, pour sa santé et son équilibre mental et ceci n’est pas le résultat de la « fragilité » en tant que femme, mais de l’organisation et des représentations sociales qui pèsent sur elle à ce moment de leur poids maximum et sont une menace permanente pour son identité : transformations physiques rapides, injonctions diverses, rupture avec leurs habitudes antérieures, qui amplifient toutes les précarités qu’elles vivaient déjà avant.

Non, monsieur Nau, la question n’est pas de savoir si cette femme est un monstre meurtrier ou un monstre malade, quelle mysoginie dans vos propos ! Evidemment que cette femme était soulagée que la vérité soit enfin connue, car elle peut alors sortir de cette solitude infernale et du désespoir qui a motivé ses gestes .

Aujourd’hui c’est elle l’accusée, mais le vrai problème, c’est l’oppression sexuelle, persistante et tenace, qui bafoue encore la dignité et menace l’existence de millions de femmes en France comme dans le monde entier.