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Du beurre à la vache folle et au pétrole ?

Publie le mardi 19 avril 2005 par Open-Publishing
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Ames sensibles s’abstenir ! Un article publié par Marianne sous la plume de Jean Claude Jaillette, révèle que plusieurs milliers de tonnes de beurre, écoulées en France (80%), en Allemagne et en Belgique (20%) entre 1997 et 1999, étaient fabriqués à Naples selon une recette jalousement gardée secrète par la mafia italienne.

Et pour cause ! Sa composition à de quoi épouvanter les estomacs les plus accrochés : 1/3 de vrai beurre, puis 2/3 d’huile de coco et de graisses d’équarrissage, « le tout amalgamé à l’aide d’hydrocarbures et de divers produits chimiques utilisés dans des cosmétiques [...] » précise le journaliste. Si à ce stade vous avez déjà le cœur au bord des lèvres, courrez vers la cuvette car le pire est à venir ! Des petites précisions concernant la qualité des fameuses graisses d’équarrissage achèvent en effet de nous faire défaillir : elles proviennent de déchets de bovins écartés lors de l’abattage... car susceptibles de contenir des prions porteurs de l’ESB ! Cervelles, moelles épinières, colonnes vertébrales au rebut - probablement contaminés vu que le prion est résistant même à de très hautes températures - ont ainsi, pendant des années servi de base principale à la fabrication de ce beurre frelaté destiné en partie à la pâtisserie et la biscuiterie industrielle. Cette production avait notamment pour cliente une entreprise française (Fléchard SA) qui fournit, entre autres, de grands groupes italiens comme Sodiaal (Yoplait, Candia) et exporte ses productions vers l’Afrique ou le Moyen-Orient.
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Depuis l’an 2000, une eurodéputée allemande, Gabriel Stauner (PPE) n’a cessé d’interpeller la commission européenne sur les risques sanitaires liés à la consommation de ces produits (à base d’hydrocarbures et sans doute de vache folle rappelons-le). Ne fallait-il pas d’urgence rappeler les aliments jugées potentiellement dangereux ? Cette responsabilité de l’alerte, la commission l’a laissée aux Etats-membres ayant eu connaissance du dossier via les instructions judiciaires toujours en cours. Et c’est là que réside le paradoxe de cette histoire sordide : qu’est ce qui est le plus écoeurant finalement ? La composition du produit ? L’avidité de la mafia ? Ou le silence des Etats qui laissent choir la santé publique dès qu’il s’agit d’éviter une nouvelle crise de l’alimentation alimentaire ?

Revue Nature et Progrès (Avril/Mai 2005) p 7