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Emeutes de Grenoble

Publie le samedi 3 décembre 2005 par Open-Publishing
5 commentaires

Pour info, message reçu d’une Conseillère régionale VERTS de Rhône-Alpes au sujet des violentes "émeutes" de Grenoble le jour du Beaujolais nouveau.


DANS CE MESSAGE, VOUS TROUVEREZ UN TEMOIGNAGE INEDIT DE CE QUI C’EST
REELEMENT PASSE DURANT LES FESTIVITES DU BEAUJOLAIS NOUVEAU A GRENOBLE.


De violents affrontements ont éclaté dans le centre historique de
Grenoble pendant les festivités marquant l’arrivée du Beaujolais
nouveau.

Le traitement médiatique de cet événement a attisé la haine d’une partie
de la population Grenobloise et Française contre le comportement de
milliers de jeunes qui, selon les médias, se sont attaqués aux pompiers
et aux forces de l’ordre.

Petit à petit, événement après événement, la haine en France grandie.

La version officielle reprise unanimement par tous les médias fait
office de vérité incontestable, et il restera au final que le petit
morceau de haine supplémentaire dans toutes les têtes.

Des amis me disent : "Tu te rend compte, ces jeunes ont agressé des
pompiers, c’est inadmissible, les CRS ont eut raison d’intervenir"

Je me sens de plus en plus entouré par la haine.

Mais voici deux versions des faits :

 La première est la version officielle reprise et diffusée par
l’ensemble des médias.
 La seconde est la lettre envoyée par un avocat au procureur,
témoignage de ce qui c’est passé vu depuis un appartement donnant sur la
place aux herbes.

CE TEMOIGNAGE EST ACCABLANT POUR LES FORCES DE L’ORDRE, IL N’EST PAS
ISOLE CAR DE TRES NOMBREUSES PERSONNES ETAIENT PRESENTES. IL CONTREDIT
LA VERSION OFFICIELLE.

Malgré cela, la haine gagne du terrain.


Première Version : VERSION OFFICIELLE

LYON (Reuters) - vendredi 18 novembre 2005, 13h02

Affrontements à Grenoble en marge de la fête du Beaujolais

De violents affrontements entre jeunes et policiers ont éclaté dans la
nuit de jeudi à vendredi dans le centre de Grenoble (Isère), en marge
des festivités marquant l’arrivée du Beaujolais nouveau.

Une vingtaine de jeunes ont été blessés, ainsi que 17 policiers, a
déclaré à Reuters le directeur départemental de la police, le
commissaire Jean-Claude Borel-Garin.

Les violences se sont également soldées par 21 interpellations pour
"violence à agents de la force publique avec armes par destination et
participation à un attroupement armé".

Tout a commencé vers 00h30, au moment où des pompiers appelés pour
soigner un blessé dans le Vieux Grenoble ont été pris à partie par
plusieurs groupes de jeunes, qui ont endommagé leur véhicule. Des
policiers venus prêter main forte aux pompiers ont été agressés à leur
tour.

Entre 2.000 et 3.000 jeunes, en majorité des étudiants, sont alors
sortis des bars où ils fêtaient l’arrivée du Beaujolais nouveau et ont
lancé des projectiles sur les policiers. Des bouteilles de vin ont même
été lancées depuis les fenêtres d’appartements.

"C’est une situation d’émeute à laquelle nous avons été confrontés cette
nuit", a déclaré le commissaire Borel-Garin. "Les rues étaient jonchées
de débris de verre, c’était un véritable spectacle de désolation."

Une centaine de policiers et de CRS venus en renforts ont dû faire face
une partie de la nuit à des milliers de jeunes qui ont également tenté
de dresser des barricades.

"Certains étaient très politisés et, imbibés de vin primeur, voulaient
faire la révolution, une révolution ’rouge beaujolais’", a rapporté le
commissaire.

Les forces de l’ordre ont dû avoir recours aux gaz lacrymogènes, aux
grenades de désengagement et aux flash-balls pour maîtriser la
situation. Le calme est revenu vers 03h00 du matin.

Le député-maire de Grenoble, Michel Destot, a fait part de son
"indignation" après ces violences.

"Je condamne avec la plus grande fermeté les comportements
inqualifiables des personnes qui s’en sont prises violemment aux
pompiers et aux forces de l’ordre sans raison aucune, dans le mépris le
plus total de leur environnement et des habitants des quartiers Notre-
Dame et du centre ville", écrit-il dans un communiqué.

Michel Destot a décidé d’organiser une réunion dans les prochains jours
avec les services de la préfecture "afin d’évoquer les suites à réserver
aux prochaines demandes d’organisation de cette soirée, qui ne pourra à
mon sens se dérouler selon la même amplitude horaire les prochaines
années".

L’arrivée du Beaujolais nouveau est traditionnellement fêtée en France
chaque troisième jeudi de novembre.


Deuxième version : TEMOIGNAGE D’UN AVOCAT DANS UNE LETTRE AU PROCUREUR.

Monsieur le Procureur de la République

Le 16 novembre 2005.

Monsieur le Procureur de la République,

J’ai l’honneur de vous saisir des graves violations des droits de
l’homme dont j’ai été personnellement témoin dans la nuit du 17 au 18
novembre 2005 de la part de membres de la police place aux herbes à
Grenoble.
Je me trouvais au domicile d’Audrey LEREIN qui donne sur la place aux
herbes et la rue du Palais en sa compagnie, et celle de Nathalie MOREL
et Clémentine FRANCES.

Je pense que vous diligenterez une enquête sur ces agissements indignes
d’une démocratie comme la France.
Vous pourrez utilement recueillir les témoignages des personnes
présentes sur les lieux ou témoins depuis leur domicile.
En ce qui me concerne, voici ce que je peux en dire de la place de choix
qui était la mienne (5ème étage avec vue dégagée sur toute la place et
la rue du Palais).
Au cours des festivités qui se sont déroulées cette nuit place aux
herbes à l’occasion de l’arrivée du vin nouveau, des centaines de
personnes étaient présentes sur les lieux dans une ambiance plutôt bon
enfant même si quelque peu bruyante comme chaque année.

La police est intervenue semble-t-il pour accompagner un véhicule de
sapeurs pompiers déjà présent sur les lieux au niveau du bar le Couche
Tard, rue du Palais.
De manière totalement inexplicable vu de l’extérieur, et en tout cas
sans élément objectif pour le justifier, les policiers ont procédé au
gazage et au matraquage de centaines de personnes sur la place aux
herbes dans un premier temps devant la boucherie puis devant la
boulangerie.

La foule gênait sans doute le passage des sapeurs-pompiers qui pouvaient
faire marche arrière.
A ce stade, aucun jet de bouteille en provenance de ces zones n’était à
déplorer. C’est ensuite que les 1ers jets de bouteille intervenaient en
direction des policiers dont l’action ne pouvait être comprise par
personne.

De très nombreuses personnes étaient ivres et ne présentaient aucun
danger pour eux-mêmes, pour autrui et a fortiori pour les policiers dont
l’action était, à mon sens, totalement injustifiable à leur égard.
La brutalité avec laquelle les policiers sont intervenus a mis en danger
ces personnes qui ne pouvaient même pas comprendre ce qu’il se passait
et dont l’état d’ébriété rendait bien souvent dangereuse la fuite face à
cette agression.

La violence des tirs de flash-balls et de gaz, à bout portant et sur des
personnes sans défense, sans opposition et sans compréhension de ce
qu’il se passait ne me semble pas être l’usage de la force strictement
nécessaire prévue par la loi.
De même en était-il des coups de bâtons distribués indistinctement sur
l’ensemble de la foule qui ne présentait pour l’essentiel aucune
animosité.
C’est ensuite que certaines personnes dans la foule ont jeté des
bouteilles sur la police ce qui ne me semble pas plus justifiable bien
évidemment.
Là encore, la brutalité de l’intervention des policiers devenus plus
nombreux à ce moment là n’était pas d’apparence légale et adaptée.

Ils ont frappé indistinctement et s’en sont pris à des personnes
pacifiquement assises au sol criant « police partout, justice nulle part
 » ou couchées au sol du fait d’un état d’ébriété associé au gazage
précédent.
Ils ont aussi tenté de faire partir la foule, qui près de la boulangerie
était bien extérieur à ce qu’il se passait près de la boucherie, en
circulant dans un véhicule de police et en gazant abondamment des jeunes
gens effarés.
Les personnes ainsi violentées ne pouvaient ni résister ni s’enfuir et
elles ne donnaient, vu du dessus, aucun signe de comportement justifiant
le redoublement de violence qu’elles subissaient.

Il m’apparaît intolérable que le climat sécuritaire ambiant donne toute
latitude aux débordements d’une police qui a cru pouvoir perpétrer cette
nuit des exactions au vu et au su de tout un quartier.
Je tiens à vous signaler qu’à 0 h 55 j’ai appelé l’hôtel de police pour
leur indiquer que ces exactions se produisaient devant témoins et il m’a
poliment été répondu que la police faisait son travail et essuyait des
jets de bouteilles.
La violence a perduré jusqu’à une heure tardive et jusqu’à complète
évacuation de la place.
Vous remerciant par avance de l’attention avec laquelle vous examinerez
la présente et de l’issue favorable que vous voudrez bien lui réserver,

Je vous prie de croire, Monsieur le Procureur de la République, en
l’expression de ma parfaite et respectueuse considération.

Claude COUTAZ

copie pour information à Monsieur le Bâtonnier, Monsieur le Maire de
Grenoble, Monsieur le Préfet de l’Isère, la Ligue des Droits de l’Homme,
le Syndicat de la Magistrature, l’Agence France Presse, le Dauphiné
Libéré, France 3 Grenoble, Radio France Isère, M6 Grenoble, Télé
Grenoble.

Messages

  • Total respect pour ce monsieur Claude Coutaz. Par les temps qui courent son témoignage et un acte citoyen très courageux.

    Le traitment de cette affaire par les médias aux ordres n’a, malheureusement, rien de surprenant.

    Quant au comportement de la police ce soir là, comment s’en étonner ? L’ordre sécuritaire arrive à grands bruits de bottes (à clous). "Police partout , justice nulle part" comme le scandait les pauvres bougres qui se sont fait arrosés à la lacrymo et au flashball.

    • Que cet avocat ne s’attende pas une éventuelle prise en compte de sa protestation.

      Les hauts fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur sont en parfaite osmose avec leur ministre.

      Même état d’esprit : http://paris.indymedia.org/article_...

      Donc : la police a toujours raison.

      Actuellement, toutes les conditions sont réunies pour que personne ne puisse contester les éventuels abus de la force policière.

      Il ne faut surtout plus compter sur les caméras des télévisions, elles sont totalement "maîtrisées" ! Comme presque tous les autres médias qui, pour beaucoup d’entre eux, se « maîtrisent » eux-mêmes. Malheureusement !

      Durdo REIL

    • on peut s’attendre à tout d’une équipe chirac sarkozy et Cie , argent et publicitaires, police et services secrets on^peut s’attendre à tout...!
      A quand l’incendie du Reichstag ?
      en attendant faisons travailler les vieux pour payer des chomeurs,
      celui qui y gagne le plus : le MEDEF véritable dirigeant de la politique française d’aujourd ’hui, béni par les fonds de pension, Buch § C°.....
      qui peut encore parler du temps béni des Trente glorieuses, .... avant la création de l’ANPE ??
      Gilbert
      qui a vécu 1936 dans la région parisienne, connu les premiers congés payés de son père, victime comme tant d’autres de la guerre 14/18 et qui partait avec "Ma belle...allons au devant de la vie (chanson d’époque, bien oubliée),
      à l’époque des auberges de la jeunesse où l’on allait à pied , en vélo ou en auto-stop (type de co-voiturage impensable aujourd’hui)
      à l’époque on glorifiait les grands savants qui ignoraient le dollar
      aujourd’hui c’est Montesanto qui les remplace pour le bien de la planète
      qui saura apprendre cela aux jeunes avec (ou sans flash ball)

  • Michel Destot condamne certes...mais lors de son interview à chaud sur TF1 ces déclarations sont rudes pour un socialo : "une bande de fils et filles de bonnes familles qui ne bougent pas d’habitude mais qui se sentent une âme de révolutionnaires après avoir forcé sur le pinard"
    Propos qui à vos yeux devrait paraître "fachisants"...remarquez que le député maire lui même avait l’air un peu pompette...in vino veritas ??? l’alcool délie les langues et fait oublier certains grands principes humanistess...Chassez le naturel il revient au GOULOT !!!

  • Un jeune homme, stagiaire au CEA de Grenoble, a été blessé à l’oeil ce soir là par une balle de flashball. Il est possible qu’il en garde des séquelles.
    Il me semble que la stratégie de la police et de ses donneurs d’ordre est (entre autres) de monter la population contre sa jeunesse, basanée ou pas.
    Nous devons être vigilants, "vieux" ou jeunes à ne pas nous laisser diviser.
    MC