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En marge du G8 à Evian, les altermondialistes cherchent...

Publie le vendredi 30 mai 2003 par Open-Publishing

En marge du G8 à Evian, les altermondialistes cherchent à faire écho à la protestation sociale

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3224--321950-,00.html

De nombreux militants français sont également mobilisés sur le front des retraites et de l’éducation nationale. Ils manifesteront pendant le sommet pour "un rejet global du libéralisme".

Les pieds sont à Annemasse, Lausanne ou Genève, mais la tête est pour partie à ces assemblées générales qu’il faudra tenir dès lundi et à la journée de grève du mardi 3 juin. Pour les militants altermondialistes français - parmi lesquels se trouvent un nombre non négligeable d’enseignants -, le mouvement de protestation sociale sur la réforme des retraites chamboule l’ordonnancement de ce grand rendez-vous que devait être le G8 d’Evian. "C’est vrai que chez nous ces derniers temps, la mobilisation contre le G8 était un peu passée au second plan", témoigne Jean-Michel Drevon, le responsable de la FSU - la première fédération syndicale enseignante - dans le Rhône. Et beaucoup d’habitués de s’interroger : quel sera l’effet final sur l’affluence française au bord du lac Léman ?

"Nous, on va être en service minimum. Depuis quinze jours, au lieu de relancer les militants, dans nos syndicats, sur leur participation à l’anti-G8, on n’a rien fait. Pas le temps. Contrairement à ce que pensent les gens, les périodes de luttes et de grèves sont épuisantes pour les équipes syndicales. Du coup, plutôt que d’aller à Annemasse et de dormir plus ou moins bien sous la tente, il y a la tentation de profiter de ces quatre jours de pont pour souffler un peu, avant de repartir à la bagarre", explique Annick Coupé du Groupe des 10- Solidaires.

La tonalité est identique à la CGT, même si la centrale de Bernard Thibault qui, depuis plusieurs mois, a accru son implication au sein d’Attac, n’avait pas prévu de faire du G8 un "temps fort".

"GRÈVES OU ÉVIAN ?"

"C’est vrai que depuis quelques jours, côté français, les gens hésitent : grèves ou Evian", constate Christophe Aguiton, d’Attac, qui y voit toutefois une exception : "Les très jeunes qui sont beaucoup plus G8. En plus, ils peuvent profiter de la grève des profs." "J’avais conseillé à ma fille, lycéenne, de rentrer au plus tard lundi si elle voulait assister à un éventuel mouvement de grève générale la semaine prochaine. Elle m’a regardé, un peu consternée, et m’a rétorqué qu’elle préférait rester manifester jusqu’au bout à Annemasse avec ses copines", soupire-t-il. "En tous cas, rigole un syndicaliste cheminot, cela va calmer tout le monde : pas question de se retrouver quarante-huit heures en garde à vue en Suisse et de louper les AG".

A l’inverse, la situation sociale française semble agir comme un aimant côté étranger. Certains participants européens veulent profiter de l’anti-G8 pour sentir l’air, venir à la pêche aux informations. C’est ainsi que la centrale italienne CGIL a décidé de participer ès qualité au débat, organisé à la dernière minute sous l’impulsion des syndicats de Haute-Savoie, et qui sera consacré, samedi après-midi, au thème : "Mondialisation, précarité, attaques contre les services publics et les systèmes de protection sociale."

Pour les altermondialistes, l’enjeu est plus que jamais de faire le lien entre protestation sociale et anti-G8 autour du "rejet global du libéralisme". "Les batailles sur les budgets de l’éducation nationale, contre la marchandisation de l’école, pour la défense des services publics, c’est à la fois Evian et ce qui est en train de se passer actuellement", affirme Jean-Michel Drevon qui indique : "Dans mon département, dans les assemblées générales, il y a beaucoup de discussions autour de l’AGCS", c’est-à-dire l’accord général sur le commerce et les services, négocié dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, qui prévoit une libéralisation accrue de ces secteurs et dont syndicats et ONG européennes craignent qu’il puisse concerner la santé et l’éducation.

En attendant, dans toute la région Rhône-Alpes, qui devrait fournir les gros bataillons de manifestants français, un tarif spécial gréviste vient d’être instauré dans les cars à destination d’Annemasse. Et dimanche, ce sont "les personnels en lutte " qui devraient prendre la tête du cortège qui partira de la cité de Haute-Savoie pour converger, à la frontière, avec celui qui vient de Genève.

Caroline Monnot