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FRANCE - EUROPE - DÉTRESSE

Publie le jeudi 9 juin 2005 par Open-Publishing
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de Serge Rivron

Je me suis demandé pas mal de temps ce qu’ils essayaient d’espérer de nous faire croire, Okrent-Blier-July, tout jaune et crispés le cul mal dans leur peau sous les spots cruels du faux train. Enfin, demandé... je m’attendais bien à un bout de diversion, ça fait ne semaine que je m’excite contre... Encore un coup de questionnement approfondi l’œil pénétré d’on s’la joue plus, cette fois l’heure grave est plus que jamais au dialogue on va se pencher sur la question des soins urgents de la solution... les balivernes qui les arrogent... habituels qu’à moitié, l’autre moitié pour leurs figures de décavés qu’on aurait dit des poissons sortis de l’aquarium.

Je m’attendais pas mal au coup de la réponse à deux balles par laquelle ils espèrent encore une fois échapper au dernier ridicule, à la traque : le vote non ayant été majoritaire dans ce pays comme on s’est pas trompé dans nos mensonges pour qu’il fasse oui, c’est parce que les pauvres loques qui l’ont opté malgré nous gagnent pas assez de pognon, sont tout à fait exclus, sans travail... En accord avec le Président de notre médiature qui êtes aux cieux qu’on a beau critiquer c’est lui qui a toujours su les séduire à chaque fois, trouvons leur un job et comment.

On va vous expliquer.

Uniquement.

C’est la question qu’on nous a pas posée, mais c’est celle qu’ils ont choisie pour nous répondre. Manière de noyer le poisson. De se retrouver vite fait bien fait dans l’aquarium. Entre eux.

T’as un décor illustre à chier et t’invites une huitaine de jobards, que du OUI bien sûr, les autres sont tellement à côté des questions qu’ils risqueraient de nous demander si la première pour leur redonner la confiance, aux Français qui l’ont perdue, ça serait pas par hasard de commencer par virer ceux qui font comme si personne avait dit non y a pas dix jours. La Royal étant partie faire sécher sa Hollande, t’invites Guigou et sa perruque toute fraîche, tu assieds l’antique et doux Méhaignerie pas loin pour nous représenter la chiraquie pas obséquieuse - faut un peu de subversion, quand même, pour la crédibilité - tu mets à côté le Chérèque de bonne volonté et le patron des Petits et Moyens Employeurs tout serti par son sujet, tu ajoutes deux économistes jeunes brillants, pour parfumer l’ensemble d’analyses contradictoires pour insister que le problème est de taille, un député British pour le côté l’Europe nous regarde, quelle espiègle ! - et roule ma poule, on va passer une soirée qui devrait nous faire oublier un peu notre détresse !

J’avais bien vu la manigance, et je présume que j’étais pas vraiment le seul. Ils nous la jouaient Union Sacrée mine de rien, nos fauteuils sont en danger, parlons-en sans en parler et la nave va.

Et je me suis tapé leur débat ! Donc... désespérant... La France indécrottable... irréformable... Le pays des mots-valeurs qui empêchent tout pragmatisme... Lionel Cotu (je sais même pas comment ça s’écrit, on voit que sa tête dans le cadre, bien joviale avec les drapeaux d’Europe qui flottent à côté des schémas à rien dire qui illustrent ses propos convenus au moindre appel de maîtresse Ockrent)... Une fois l’un des deux brillants jeunots d’économie faire-valoir a failli faire dérailler l’ambiance qui peu à peu se reconstituait, en déclarant, malheureusement hors cadre, qu’il avait voté NON... Le nuage de fumée s’installait tranquillement, effectivement on commençait à sentir que le vrai débat était forcément celui de la priorité à l’emploi, nationale, "j’ai bien compris votre message", oui oui, c’est tout exactement ce que dit Chirac et le NON majoritaire je lui pisse à la raie pendant ce temps... tous ces traîne-savates, quand ils auront fini de rien foutre ils nous feront moins chier quand ils seront occupés tous à payer nos impôts...

Ça les contrarie donc tellement que parmi les 90% de Français qui veulent l’Europe, la majorité d’entre eux aient dit aussi qu’ils ne voulaient ni de son ralliement au tout-fric, ni de sa dictature ?... Ils ont donc l’esprit et la volonté tellement aliénés à leurs privilèges de potentats ? Leur vaniteuse jouissance quotidienne est-elle si séduisante ? Ou leur orgueil si monstrueux ?...qu’ils essayent par tous les moyens de TENIR, quitte à renier tout ce qui a fait un jour leur raison d’être et tout ce qui pourrait en donner une à ceux qui survivront à leur ultime forfaiture et à leurs mensonges ?

Même parmi les traîtres il y a un Judas. Pas vraiment innocemment j’attendais, je dois dire, la séquence de l’infâme July, pressentant que les stigmates d’angoisse dont son éditorial du 30 Mai avaient enfin entaché sa fausse barbe de patron rebelle allaient infecter sa ridicule prestation de justicier des bien-pensants. Putain ! le résultat fut rien moins que décevant ! A la première question le voilà qui avoue, menton saillant et Cauchon encore plus qu’inquisiteur, que ce qui lui paraît la pire des erreurs politiques dans l’affaire du référendum, c’est de l’avoir osé "dans un pays en proie au chômage de masse" (sic !)... N’est-ce pas monsieur Méhaignerie ? oui, oui... Hein Elisabeth ?... oui oui... A la seconde question, son ignoble réquisitoire n’est déjà plus une question, il affirme : l’important c’est de savoir comment on peut faire revoter aux Français le même texte sans qu’ils s’en rendent compte... Y a qu’à enlever la partie 3, "qui de toute manière s’applique qu’on ait dit oui ou non", il répète avec un air de qui a trouvé un truc chouette, "qui s’applique de toute manière", il insiste, "hein qu’elle s’applique, et d’ailleurs l’Espagne qui a dit oui à une écrasante majorité (je ne peux pas m’empêcher de penser qu’au regard de la participation espagnole au vote, cette écrasante majorité est infiniment inférieure à celle du NON français qu’ignore superbement les comparses en médiature de Serge July), l’Espagne et bien, on ne lui a jamais parlé de la partie 3 !"... Ah le beau démocrate ! Ah la superbe leçon d’altruisme !

Loin de s’offusquer le moins du monde, naturellement, le plateau de vedettes dodeline du chef, approuve. Il est l’heure... Avant de rendre l’antenne toutefois, suave liquoreusement Christine, je vais présenter vos livres aux téléspectateurs, c’est vrai que vous êtes prolixes, qu’elle humanise avec le sourire indulgif, vous en avez tous écrit un sur le sujet qui nous intéresse (lequel ? stupidé-je en douce) Qu’est-ce qu’on est cons sur le Net, à pas se faire innocemment publier par des éditeurs ! Dans leurs 45% tout mouillé, les ouiouistes trouvent moyens de rentabiliser leur bave infecte, et nous comme des idiots on balance nos 300 pages chacun d’appel à l’espérance pour des 55% de marché qu’on essaye même pas de rentabiliser !

Ou bien c’est qu’on est dans le mauvais camp, celui qui compte jamais. On nous l’a assez dit...

Messages

  • Mais le pire dans cette histoire, c’est que Serge July n’a pas tout à fait tort, et que dans sa colère et son ressentiment ( à quoi servent Libé et tous les médias globalisés, si professionnels, si performants, s’ils ne parviennent pas à "produire du consensus" à l’intérieur du "cercle de raison" ?), il crache un peu trop fort le morceau.
    Maurice Allais, le célèbre économiste « libéral », prix Nobel d’Economie, accordait une interview au journal L’Humanité, publiée le 26 mai dernier, et faisait remarquer que c’était le seul journal qui l’avait sollicité pour lui demander son avis. Le fait qu’il appelait à voter « non » au referendum portant sur le TCE n’était pas, selon lui, indifférent à cet étrange ostracisme de la part des autres journaux.
    En résumé sa thèse, exposée dans son dernier ouvrage - « La Mondialisation,la destruction des emplois et de la croissance : l’évidence empirique, Éditions Clément Juglar » - basée sur le constat empirique du déclin de la croissance en France de 1974 à aujourd’hui, diminuée de moitié par rapport à son rythme entre 1951 et 1974, serait liée à la fin du protectionnisme communautaire, à la suite de l’entrée de la Grande-Bretagne dans le « marché commun », et au commencement de l’application pleine et entière de l’article 110 du traité de Rome du 25 mars 1957 qui déclare : « En établissant une union douanière entre eux, les États membres entendent contribuer conformément à l’intérêt commun au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et à la - réduction des barrières - douanières. ».[ Allais souligne que l’article III. 314 de « feu » le projet de TCE reprend quasi mot pour mot cette formulation]
    Ce « tournant » pouvant également s’interpréter dans le contexte de la fin des accords de Betton Woods (1971-1973), qui signifiait l’abandon du système monétaire international stable instauré en 1947 par les USA, et une longue période de « changes flottants », et du premier « choc pétrolier ».
    Ce nouveau cours « libre-fairiste », selon sa formule, déclencheur de ce qu’on appellera ultérieurement la « mondialisation » a, selon lui 4 conséquences :
    « 1. Une mondialisation généralisée des échanges, entre des pays caractérisés par des niveaux de salaires très différents aux cours des changes, ne peut qu’entraîner finalement partout, dans les pays développés, chômage, réduction de la croissance, inégalités, misères de toutes sortes. Elle n’est ni inévitable, ni nécessaire, ni souhaitable.
    2. Une libéralisation totale des échanges et des mouvements de capitaux n’est possible, et n’est souhaitable, que dans le cadre d’ensembles régionaux groupant des pays économiquement et politiquement associés et de développement économique et social comparable.
    3. Il est nécessaire de réviser sans délai les traités fondateurs de l’Union européenne, tout particulièrement quant à l’instauration indispensable d’une préférence communautaire.
    4. Il faut de toute nécessité remettre en question et repenser les principes des politiques mondialistes mises en oeuvre par les institutions internationales, tout particulièrement par l’Organisation mondiale du commerce. »
    Je laisse à Maurice Allais la responsabilité des remèdes qu’il peut prescrire, mais le diagnostic est juste. Même si bien sûr, la contradiction centrale exhaurée il y a 150 ans par Marx, et qu’on peut relire l’actualisation, par exemple dans les études des allemands du groupe "Krisis", et particulièrement de Robert Kurz, sont ici "epistémologiquement" refoulée ( au sens interdit de penser, par axiome méthodologique) : M. Allais est d’abord un économiste qui cherche des solutions dans le cadre de la loi de la Valeur capitaliste, tout horizon pouvant le nier ou le dépasser n’entre pas dans son champ conceptuel, a-priori et par hypothèse).
    Et donc pour en revenir à July et consorts, c’est peut-être pour cela, qu’intellectuellement même, ils n’ont pu comprendre les motifs du NON au referendum, puisque pour eux, gens de l’élite si informés, la seule alternative était entre l’article - existant - 110 du traité de Rome, et l’article III.314 de la Constitution européenne, qui disent exactement la même chose. "Voulez vous de l’eau plate ou de l’eau plate" demande le serveur. Qui rajoute - je vous conseille personnellement l’eau plate nouvelle formule. - Non, répond le client. - Je vous rapelle que l’eau plate nouvelle formule est particulièrement saine et délicieuse, et que les meilleurs experts, qu’ils soient nutritionnistes-diététiciens, aussi bien les meilleurs olfactologues qui conseillent les parfums Dior et les grands crus de Bordeaux, la recommandent "expressément". - Non opine derechef le client, j’aimerai un breuvage moins plat, que votre eau du robinet souillée de chlore, limite non potable. - Et bien Monsieur il n’y a que cà, vous êtes vraiment un imbécile, où vous croyez-vous, à l’heure où des milliards de malheureux meurent de dysentrie et de toutes sortes de maladie parce qu’ils n’ont pas accès à l’eau potable, Monsieur fait le difficile. Et bien puisque c’est comme cà, vous aurez de l’eau plate, de toute façon c’est compris dans le prix du menu, et si vous n’êtes pas content vous resterez sur votre soif ! Serge July (et ses consorts), c’est le garçon de café mal embouché qui avait servi de trame à Sartre dans son apologue sur la mauvaise foi. Le patron luit avait dit que c’est eau plate du robinet ou eau plate "nouvelle formule", et cet imbécile de cochon de payant n’entend rien à l’époustouflante subtilité dun "marketing". Et en son for intérieur de penser que le patron est vraiment un imbécile, avant ses innovations "marketing" que lui a fourgué le cabinet de consultant envoyé par la chambre de commerce des bistrotiers ("chrisseetîiine..., les caahouettes") , on ne demandait rien au client, et il buvait sans rechigner la flotte du robinet, alors que maintenant ils demandent, ces fauchés, de l’eau gazeuse, et de l’eau de source, et de l’eau parfumée... et pourquoi pas du Chateau Petrus pendant qu’ils y sont !?... Mais pourquoi ont-ils fait un referendum...???.... Mais pourquoi ont-ils fait un referendum ?....