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Franchises médicales : la nouvelle politique de civilisation contre les personnes malades ?

Publie le vendredi 25 janvier 2008 par Open-Publishing
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Regroupement d’associations de personnes touchées par une maladie chronique

Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République

Les Chroniques Associés observent avec une très grande inquiétude la multiplication des grèves de soins ou des grèves de la faim décidées par des personnes malades opposées aux franchises médicales.

Leur nombre se multiplie chaque jour et leur engagement trouve un écho dans l’opinion qui déplore de voir ces personnes mettre leurs vies en péril pour combattre à leur façon une décision publique qui reste incompréhensible. Ces grèves sont dangereuses, répétons-le encore.

Répétons aussi que nos associations reçoivent chaque jour des témoignages de personnes exprimant une exaspération, un ras-le-
bol et une souffrance commune face à une réalité quotidienne de plus en plus difficile.

Dans les jours qui viennent, au fur et à mesure que les décomptes mensuels de remboursement de l’Assurance maladie vont leur parvenir, nos concitoyens vont s’apercevoir très concrètement de la réalité
des franchises.

Conscients du caractère ultime des modes de combat choisis par les hommes et les femmes qui sont entrés en grèves de soins ou de la faim, et conscients des critiques de l’opinion sur le système des franchises, les Chroniques Associés, ont choisi de s’adresser solennellement au Président de la République, dans une lettre ouverte que vous trouverez jointe à ce communiqué de presse.

Contacts presse :
Marjolaine Bénard (AIDES) : mbenard iHE aides.org ℡ 01 41 83 46 53
Clémence Tourneur (NAFSEP) : clemence.tourneur iHE nafsep.org ℡ 05 34 55 77 00
Valérie Desplas (Vaincre la Mucoviscidose) : vdesplas iHE vaincrelamuco.org ℡ 01 40 78 91 75
Caroline Pascault et Camille Piger (FNAIR) : cpi iHE wellcom.fr ℡ 01 46 34 60 60


Monsieur Nicolas SARKOZY
Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 PARIS

Paris, le 25 janvier 2008,

Monsieur le Président,

Depuis plusieurs semaines maintenant, des hommes et des femmes atteints de maladies chroniques ont entrepris une grève des soins, mettant ainsi leur vie en danger, d’autres observent une grève de la faim : ceci pour protester contre les franchises médicales instaurées par une loi et attirer votre attention. Se priver de soins peut les mener immédiatement à la mort.

Leur nombre augmente chaque jour et leur engagement trouve un écho dans l’opinion qui déplore de les voir mettre leurs vies en péril pour combattre à leur façon, dangereuse répétons-le, une décision publique qui reste incompréhensible. Dans les jours qui viennent, au fur et à mesure que nos concitoyens vont recevoir leurs décomptes mensuels de remboursement de l’Assurance maladie, l’application des franchises que vous avez instituées va leur apparaître de façon très concrète et douloureuse. Cela venant s’ajouter à l’achat de médicaments
et produits pharmaceutiques, désormais non remboursés, pourtant essentiels et indispensables qui de surcroît subissent régulièrement des augmentations, accroissant toujours plus le reste à charge des personnes.
Vous dites qu’il s’agit d’honorer un engagement de campagne. Certes, mais vous aviez aussi promis que l’Allocation aux adultes handicapés serait revalorisée de 25 % d’ici 2012.

Nous attendions donc une augmentation de 5 % au 1er janvier 2008 et c’est seulement une revalorisation de 1% qui s’applique à cette date. Vos
engagements de campagne s’appliquent donc avec célérité quand il s’agit de remettre en cause les fondements d’une solidarité construite par nos compatriotes qui se sont battus pour cela tout au long du XXème siècle. Mais qu’en est-il de la concrétisation de votre engagement à redonner aux personnes malades et en situation de handicap un revenu décent (l’Allocation aux adultes handicapés est un des minima sociaux qui a perdu en dix ans 30 % de son pouvoir d’achat) ?

Vous dites aussi que les franchises sont là pour responsabiliser les malades. Peut être lorsqu’ils ont le choix ! Mais pour les patients que nous représentons, il n’y a pas de choix possible, à l’exemple d’un greffé qui
devra prendre des médicaments antirejet à vie. La responsabilité n’a rien à voir là dedans. Dans ce cas, il n’y a pas d’autre choix que de s’astreindre à consommer entre dix et vingt boîtes de médicaments dans le mois. Ce sont ainsi des dizaines d’euros de franchise qu’il faut prélever sur une pension d’invalidité ou sur une Allocation aux adultes handicapés, dont nous vous rappelons que cette dernière atteint péniblement 628,10 € par mois !

Vous dites encore qu’il s’agit de financer de légitimes combats contre la maladie d’Alzheimer, contre le cancer ou pour améliorer les soins palliatifs. Il n’y a pas de doute sur la nécessité de dégager des moyens
supplémentaires pour cela. Mais vous le savez bien, les franchises ne sont pas des recettes, ce sont des « non - dépenses ». Et celles-ci ne sont pas prises en compte par les mutuelles complémentaires comme le stipulent,
entre autre, les modalités d’application des contrats dits « responsables ».

Vous dites aussi que le premier semestre de l’année 2008 doit voir s’ouvrir un grand débat sur le financement de la santé. C’est en effet ndispensable. De nombreuses solutions ont été émises. Par l’Inspection générale des affaires sociales, par le Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie ou par le Président de la Cour des Comptes pour citer les plus constructives. Les organisations de la société civile sont bien conscientes de la nécessité de refonder le pacte social de santé afin de sauvegarder un système de prise en charge qui cède de partout. Discutons donc rapidement de ces solutions, tout comme nous discutons depuis plusieurs semaines des missions de l’hôpital de demain ou de l’organisation des soins de premiers secours. Il y a d’ailleurs une grande contradiction à conduire ces exercices sans ouvrir en même temps le débat sur le financement que vous avez pourtant promis pour le premier semestre 2008.

Vous avez fait le choix d’imposer dès le 1er janvier 2008 les franchises de la discorde, touchant ainsi au fondement de notre civilisation française : la solidarité de tous face à l’attaque la plus dure, celle de la maladie qui prive
certains de nos concitoyens de l’existence sociale légitime de tout être humain dans une économie développée.

Vous avez pensé que cette rupture-là était souhaitée. Pourtant, les responsables associatifs signataires de ce courrier et qui échangent, sur le terrain, avec les sénateurs ou les députés de votre majorité n’en trouvent guère pour approuver cette mesure. D’ailleurs, ils étaient peu nombreux à siéger à l’Assemblée nationale ou au Sénat lors de son adoption.

Le 31 décembre dernier, en adressant vos voeux aux français, vous proposiez comme horizon la recherche d’une nouvelle politique de civilisation.

Agissant sur le terrain, au plus près des hommes et des femmes affectés par la maladie et qui font eux aussi acte de solidarité pour aider ceux qui partagent leur destin face à la maladie, nous ne voyons pas en quoi ces
franchises inaugurent une nouvelle politique de civilisation. Avec ceux qui sont engagés dans une grève des soins ou dans une grève de la faim, même si nous sommes troublés par le recours à ces actions ultimes, nous osons déclarer que notre société n’a pas besoin d’une nouvelle politique de civilisation en matière de solidarité face à la maladie. Encore moins si cette nouvelle politique de civilisation entend défaire le pacte national de solidarité face aux aléas collectifs ou individuels les plus graves.

Après avoir échangé en vain avec le gouvernement et les parlementaires, nous vous lançons, Monsieur le Président de la République, un appel direct et franc pour que les franchises soient suspendues et discutées dans
le cadre du grand débat sur le financement de la santé que vous avez promis.

Confiants dans votre écoute nous vous adressons, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute considération.

Michel BLIAUT,
Président de la NAFSEP

Jean LAFOND,
Président de Vaincre la Mucoviscidose

Bruno SPIRE,
Président de AIDES

Régis VOLLE,
Président de la FNAIR

Damien DUBOIS,
Président de Jeunes Solidarité Cancer

Sophie Le PALLEC,
_Présidente d’Amalyste

Tiago DOUWENS PRATS
Président de Keratos

Chroniques Associés 2 / 2
Coordination AIDES
Tour Essor – 14 rue Scandicci
93508 Pantin Cedex
01 41 83 46 63

Lettre ouverte :

Communiqué de presse :

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