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François Hollande et Ségolène Royal portent plainte contre les révélations sur leur couple

Publie le vendredi 11 mai 2007 par Open-Publishing

FRANCE. La brouille entre la candidate et le numéro un du Parti socialiste aurait joué un rôle déterminant dans la campagne présidentielle. La thèse est développée par deux journalistes du « Monde » dans un ouvrage à paraître.

de Sylvain Besson, Paris Jeudi 10 mai 2007

Ségolène Royal a-t-elle lancé sa candidature présidentielle par dépit amoureux ? C’est la thèse développée dans La femme fatale, un livre à paraître chez Albin Michel. Mercredi, la candidate socialiste et son compagnon François Hollande ont décidé de porter plainte contre l’ouvrage, « du fait d’atteinte à l’intimité de leur vie privée, comme à leur honneur et à leur considération », selon leur avocat Jean-Pierre Mignard.

Journaliste de « Paris-Match »

Les auteurs du livre sont deux journalistes du Monde, Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin. Elles se jugent inattaquables : si la rupture sentimentale au sein du couple socialiste a modifié le déroulement de la campagne présidentielle, estiment-elles, le public a le droit de savoir.

Que s’est-il passé ? A l’automne 2005, François Hollande dîne à la brasserie Lipp, un haut lieu parisien, avec deux responsables socialistes, Julien Dray et François Rebsamen. Son portable vibre, il répond et s’éclipse mystérieusement pour ne plus reparaître. Plus tard, Ségolène Royal appelle les deux convives abandonnés au restaurant, croyant que son compagnon est toujours avec eux. C’est le début de la brouille.

Sur ses causes, le livre est pudique. Tout juste évoque-t-il l’existence d’une journaliste de Paris-Match (le nom du titre n’est pas cité) qui a suivi François Hollande dans de nombreux déplacements. Sa compagne n’aime pas cette proximité et intervient auprès du magazine pour obtenir la mutation de la gêneuse. Quant au chef du Parti socialiste, il est chassé du domicile commun et se trouve contraint d’aller loger quelque temps chez des amis.

L’affaire n’est pas une peccadille. Car elle coïncide avec le moment où Ségolène Royal décide de partir seule à l’assaut de l’Elysée. Jusqu’à l’automne 2006, lorsqu’elle est investie par les militants, François Hollande refuse de croire au sérieux de sa candidature. Aux journalistes, il lâche des phrases comme « elle n’a pas le background » ou « elle n’est pas prête ». L’autre camp sort l’artillerie lourde : « Il ne reverra plus ses enfants », menace Julien Dray, entre-temps passé au service de Ségolène Royal.

La suite de la campagne présidentielle se déroule dans un climat de guerre froide entre les « éléphants » socialistes et la candidate. « Ségolène présidente, ce sera la réalisation de leur cauchemar : la boniche a pris les clés de la maison », dit-elle à son entourage. Lorsqu’on lui propose d’inclure des hiérarques du PS dans son futur gouvernement, elle proteste : « Vous ne vous souvenez donc pas que ces types ont voulu me tuer ? »

Eloignée de son parti et de son compagnon, Ségolène Royal a mené sa campagne dans un certain isolement. Ce que constatera l’écrivain Bernard-Henri Lévy, qui l’a discrètement conseillée dans les mois précédant la présidentielle : « Elle est très seule. Y compris sentimentalement. »

« Phallus agressifs »

Pour le reste, La femme fatale regorge d’anecdotes révélatrices sur les coulisses de la campagne. On apprend que Ségolène Royal n’aime pas « tous ces photographes avec leurs téléobjectifs comme des phallus agressifs ». Qu’elle a eu recours à un chanteur d’opéra pour placer sa voix et qu’un coiffeur haut de gamme l’accompagne presque partout. Qu’elle ne croit pas à l’une des mesures contenues dans son programme, le salaire minimum à 1500 euros, une « idiotie irréalisable » selon elle.

Aujourd’hui, Ségolène Royal affirme que son compagnon et elle sont de nouveau ensemble. Les dégâts politiques, en revanche, sont irréparables : la gauche a perdu la présidentielle.

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