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G8 d’Évian Comité d’accueil

Publie le vendredi 30 mai 2003 par Open-Publishing

Juan Tortosa, fondateur de la branche suisse du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM), animateur du Forum social alémanique.

Les moqueurs ne connaissent rien à l’accent suisse. Ce n’est pas vrai que la diction est lente, que chaque mot s’étire sur plusieurs secondes. Les Genevois font parfois rouler leurs " r ", négocient avec les " u " pour les adoucir, parlent aussi comme des mitraillettes. Pièce rapportée comme la moitié des habitants de Genève - difficile de trouver ville plus cosmopolite -, Juan Tortosa est passé, dans son exil, des commissions ouvrières andalouses au Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde, des actions contre l’OTAN aux actions contre l’OMC. Aujourd’hui membre de l’organisation d’extrême gauche suisse Solidarités rassemblant les courants trotskistes, maoïstes et autonomes - " Je crois que nous sommes le seul pays au monde où nous sommes parvenus à nous unir et à participer à une alliance de gauche ", vante-t-il - , Juan anime le Forum social alémanique et, à ce titre, il a présidé, avec un flegme tout espagnol, la plupart des assemblées chahutées de la coordination européenne contre le G8. " À Genève, on commence à avoir une longue expérience de travail en commun. Depuis plusieurs années, en particulier sur l’OMC et son accord général sur le commerce des services (AGCS), nous lançons des campagnes ensemble et après, chaque organisation s’approprie le thème et le décline à sa guise. On a une tradition forte de consensus, c’est très helvétique : au sein du Forum social alémanique, entre les différentes réalités qui le composent, on n’a jamais voté parce qu’on trouve toujours un accord avant d’en arriver là. " Un soir après un débat télévisé, le chef de la police cantonale lui serre la pince, l’air entendu. " Mais comment faites-vous pour faire autant de choses ? " l’interroge-t-il. Juan se demande aujourd’hui encore si c’était un compliment ou une allusion à la perfection des fiches policières de renseignement.

T. L.

Comité d’accueil

Josiane Scheppler

C’est passager comme un soupir, comme dans un caprice de mioche : " J’aimerais qu’on soit déjà le 3 juin. " En fait, Josiane Scheppler, formatrice de français langue étrangère pour adultes, militante des Verts " depuis très longtemps, enfin 1986 ", dans le Faucigny, et chargée de la communication, des relations avec les médias pour l’unitaire Collectif haut savoyard de résistance au G8 (CHARG8), n’aimerait pas tant, corrige-t-elle, que cette semaine se consume en une minute par miracle, que tout soit derrière nous. Au sein du CHARG8, sa tâche reste proprement titanesque - convaincre les médias locaux de faire autre chose que nourrir la psychose, arracher une page d’expression directe dans un hebdo qui, en prophétisant des morts sur les barricades, crache à la gueule des altermondialistes. " On essaie de parler de notre opposition au G8, de ses raisons, mais on ne parvient à glisser que quelques gouttes d’eau dans des océans sensationnalistes et alarmistes, avance-t-elle. Dans les environs, les gens sont déjà tellement frileux que ces campagnes de presse ne font que renforcer leur méfiance. " Si la mobilisation nationale contre le sommet d’Évian ne la satisfait guère - " On a parfois l’impression, glisse-t-elle, que les organisations parisiennes ont sacrifié ce G8 au profit de la préparation du Forum social européen de Paris-Saint-Denis " -, Josiane envisage de poursuivre le parcours collectif dans le Faucigny après le 3 juin. " Notre collectif local rassemble largement, du Parti communiste aux Verts, les associations, les syndicats, et jusqu’aux anars qui sont très sympas chez nous. On pourrait continuer de travailler sur nos façons de consommer, sur le commerce équitable qui peut permettre d’aller vers un monde plus juste et plus solidaire. "

T. L.