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Gênes : G8, au tribunal sans Pericu

Publie le vendredi 12 mars 2004 par Open-Publishing



Di AUGUSTO BOSCHI

La mairie de Gênes exclue des parties civiles dans les procès aux 25 accusés
de dévastation. "Monsieur le maire, faites des excuses ". Le disent Agnoletto,
les Disobbedienti et le Prc, qui était sorti du gouvernement municipal après
le choix de se constituer partie civile contre les 26. Et Pericu : "Je ne dois
pas d’excuses"

" Maintenant que Pericu fasse des excuses". A gauche et dans le mouvement altermondialiste
le chœur est presque unanime après que le président de la deuxième section pénale
du tribunal de Gênes, Marco Devoto, a déclaré nulle la constitution de partie
civile de la commune de Gênes dans le procès aux vingt cinq manifestants accusés
de dévastation et pillage pour les faits du G8 de 2001. L’initiative, cela vaut
la peine de le rappeler, avait provoqué une crise dans la majorité dirigée par
Giuseppe Pericu, avec la sortie du gouvernement municipal des deux adjoints de
Refondation communiste. Et hier, au fur et à mesure que l’avocat de La Spezia,
Roberto Lamma, défenseur de deux jeunes Siciliens, expliquait au tribunal les
raisons de son refus de l’intervention de la mairie, on a compris que le premier
citoyen de Gênes avait glissé sur une gigantesque peau de banane et qu’il aurait
difficilement évité la chute. La constitution de partie civile du gouvernement
municipal Pericu a été refusée parce que trop générique. "Y manque totalement
l’explication des raisons qui justifient la demande", lit-on dans l’arrêté qui
liquide cet"acte dû", ainsi l’appelle-t-on à la mairie, qui a été le feuilleton
politique génois des dernières semaines. En substance, le tribunal a remarqué que
la prétention de la mairie ne se référait pas à des dommages spécifiques subis
par l’administration, mais au chef d’accusation tout entier.

"Il est incroyable que, outre l’erreur politique inhérente à la décision de constituer
partie civile la mairie de Gênes au procès pour les faits concernant le G8, le
maire Pericu ait commis une si grave erreur juridique, qui confirme le caractère
instrumental de sa décision", a commenté le chef du groupe de Refondation communiste
dans la Commission Justice (de la Chambre des Députés : NdT), Giuliano Pisapia. "Il
aurait suffi de tenir compte des indications qui lui venaient de plusieurs côtés
 a rappelé Pisapia - comme par exemple être présent au procès en sa qualité de
partie offensée, pour avoir un rôle sans soutenir de facto l’accusation vis-à-vis
des accusés qui finissent par être des boucs émissaires par rapport à tout ce
qui s’est passé à Gênes, à ces journées pendant lesquelles les règles de base
d’un état de droit ont été violées par ceux qui ne sont pas assis aujourd’hui
sur le banc des accusés".

Escomptée la satisfaction des défenseurs. Escomptée aussi la réaction du maire
qui, avant la séance du conseil communal, a maintenu son point de vue : "Nous
n’avons pas encore lu les raisons du rejet, mais l’accusation de généralité me
paraît infondée. Notre thèse était que, en ayant eu le dédommagement de la part
de l’Etat, nous devions le demander pour indemniser l’Etat lui-même - a dit Pericu
 et si le tribunal disait que non ne devions pas nous constituer parce que déjà dédommagés,
j’en serais très heureux.

Si Pericu se réfugie dans la certitude de n’avoir accompli qu’un "acte dû", purement "technique",
de la part de Refondation communiste pleuvent des critiques et des demandes d’excuses : "Il
devrait s’excuser auprès de la ville et du mouvement, mais surtout il devrait
changer d’avis politique", a dit Bruno Pastorino, secrétaire provincial génois
du Prc qui avait immédiatement contesté la théorie de l’"acte dû". "Une théorie
alambiquée - insiste Pastorino - en totale contradiction avec la jurisprudence
et avec l’avis de nombreux éminents juristes, qui a entraîné une grave fracture
politique sur le thème de la haute valeur symbolique qu’a représentée et que
représente le G8". Et un peu tout le monde les demandent, les excuses publiques
du maire : l’ex porte-parole du Genoa social forum, Vittorio Agnoletto les demande ;
les désobéissants les réclament, ilsi vont même plus loin : "C’est nous qui sommes
partie civile maintenant et le maire doit nous dédommager" affirment les ex "Tute
bianche" (les combinaisons blanches que portaient les "désobéissants" de l’époque :
NdT), qui demandent comme dédommagement que la piazza Alimonda soit rebaptisée
piazza Carlo Giuliani ou bien une plaque rappelant la mort du Génois de 23 ans
tué par un carabinier. Pericu a répondu clairement : "Je crois ne devoir d’excuses à personne".
Et il a dû faire face aussi aux oppositions de droite, qui réclamaient sa démission.

"Les crises peuvent faire naître des opportunités - a dit le sénateur des Verts
Francesco Martone - Aujourd’hui la mairie doit relancer un engagement pour la
vérité et la justice, en se constituant partie civile dans les procès pour les
faits de l’école Diaz et de Bolzaneto". Et Pericu a déjà dit qu’il le ferait,
mais seulement dans le cas où il y aura à demander des dédommagements pour des
dommages aux choses et non moraux ou aux images. Nous verrons bien. De toute
façon, dans la demande de mise en état d’accusation des 29 fonctionnaires de
police accusés de l’assaut à l’école et des fausses Molotov, la mairie est indiquée
comme personne offensée pour l’endommagement des ordinateurs du media center,
qui étaient de sa propriété.

Dans le procès aux 25 manifestants, hier, ont aussi été exclues des parties civiles
deux banques (Area Banca et Abc) pour des vices de forme de l’acte. Admises,
au contraire, la Caisse d’épargne de Gênes et San Paolo Imi. Parmi les parties
civiles, il y aura aussi Filippo Cavataio, le carabinier qui conduisait la jeep
blindée d’où son camarade Mario Placanica tira le coup de pistolet qui tua Giuliani,
le 20 juillet 2001.

Traduit de "Il Manifesto"
par Karl et Rosa

10.03.2004
Collectif Bellaciao