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Grèves dans la grande distribution : une première ébauche de bilan
Publie le jeudi 14 février 2008 par Open-PublishingLe 1er février 2008 a été une journée historique dans le secteur de la grande distribution : évidemment, les taux de grévistes varient d’une source à l’autre, mais certains ont avancé les chiffres de 80% de grévistes dans les hypermarchés, 65% dans les supermarchés, 20% dans des enseignes de plus petites tailles, et la moitié des travailleurs de la logistique était également en grève. Au moins une vingtaine de magasins ont dû fermer. Bien sûr, les grandes enseignes ont été plutôt avares de détails. La plus communicative a été Carrefour, qui a indiqué avoir comptabilisé des grévistes dans une centaine de magasins sur les 226 qu’il y a en France sous cette marque. Il serait difficile de recenser tous les magasins mobilisés, mais voici quand même un condensé de quelques initiatives de cette journée de grève nationale du secteur de la grande distribution, qui on le rappelle compte 37% de salariés à temps partiel. Dans la plupart des magasins mobilisés, des pétitions recueillent de nombreuses signatures, et les clients se montrent généralement solidaires ou compréhensifs.
Dans l’Oise, au Carrefour de Venette, une centaine de salariés (sur 600) ont fait grève toute la journée. Ils ont reçu le soutien de leurs collègues du SAV Carrefour d’Arsy, menacé de fermeture. Un magasin qui avait déjà connu des mobilisations en septembre 2007, contre les pressions exercées par certains chefs. Le Ed de Bondoufle (91) a fermé ses portes pendant que les employés manifestaient devant l’entrepôt du plessis Pâté.
A Condé sur l’Escaut, 90 % des employés du Carrefour sont en grève. Un barrage filtrant est organisé sur le parking, avec le soutien de la CFDT (comme quoi la base n’est pas forcément sur les mêmes lignes que la direction de la confédération, qui, on le rappelle, a porté plainte contre des précaires en lutte). La direction du magasin n’apprécie guère, et envoie un huissier constater les faits, et une plainte n’est pas à exclure.
Dans le sud-ouest, dans plusieurs villes, des rassemblements avec des salariés de différentes antennes sont organisés : à Anglet, c’est devant le magasin Carrefour que 500 salariés de cette enseigne, mais aussi de Géant Casino, Castorama ou Champion manifestent. A Saint Jean de Luz, 80% des employés de Carrefour débrayent entre 9 et 11h. Des collègues d’autres enseignes les rejoignent, pour un rassemblement où différentes personnes s’expriment, soulignant souvent les bons résultats de l’entreprise, mais aussi les exonérations de cotisations sociales dont bénéficient les patrons sur les bas salaires, pour en conclure que des augmentations de salaire de 150 à 300 euros sont techniquement possibles. C’est le manque de motivation des employeurs qui coince...
Et puisqu’on parle des bénéfices des enseignes de la grande distribution, indiquons que la hausse de la productivité n’y est sans doute pas pour rien. Elle se manifeste, selon les cas, par une spécialisation qui rend le boulot plus répétitif, ou au contraire via une polyvalence accrue, et tout simplement avec plus de tâches à faire en moins de temps. Ainsi, dans l’hypermarché Auchan de Trignac, en quelques années, les effectifs sont passés de 420 à 380 salariés, alors que la surface de vente augmentait de 2000 m²...