Accueil > Incursion terrestre turco-iranienne envisagée dans le nord d’Irak

Incursion terrestre turco-iranienne envisagée dans le nord d’Irak

par Maxime Azadi

Publie le vendredi 2 septembre 2011 par Maxime Azadi - Open-Publishing
3 commentaires

La Turquie et l’Iran s’apprêtent à mener une incursion terrestre dans le nord de l’Irak contre le PKK et le PJAK dans les prochains jours, selon des sources kurdes. L’armée iranienne a averti les villageois kurdes à la frontière de quitter leurs villages et les autorités kurdes d’Irak ont déjà bloqué les routes menant aux zones sous contrôle de

Alors que les bombements de l’aviation turque poursuivent depuis 17 Aout contre les zones du Parti des travailleurs du Kurdistan à l’intérieur de la frontière kurde irakienne, l’armée envisagerait une incursion terrestre en coordination avec l’Iran. La Turquie aurait également le feu vert et l’appui technologique de l’OTAN et des Etats-Unis.

ÉTATS-UNIS A DONNÉ FEU VERT POUR DEUX MOIS

Selon des sources kurdes bien informées, les Etats-Unis ont accordé l’autorisation pour une durée de deux mois afin que la Turquie mène des opérations contre le PKK. Les autorités kurdes irakiens ont également pris leurs places dans ce concept de guerre, affirme les mêmes sources. Ancien Premier ministre de la province autonome du Kurdistan et actuel numéro deux du parti au pouvoir KDP, Nechirvan Barzani a assuré au président iranien Mahmoud Ahmadinajad que l’Irak s’opposerait à toute attaque contre l’Iran depuis son territoire, lors de sa visite à Téhéran le 25 aout. Il a aussi appelé le PKK et le PJAK, Parti pour une vie libre au Kurdistan, à « déposer les armes », dans une interview accordée au journal kurde Rudaw.

Selon l’agence Firat, Barzani a autorisé l’Iran à pénétrer dans les territoires kurdes jusqu’à 7 km de profondeur depuis la région Khinere et 5 km à Qandil. Les avertissements aux villageois de quitter la région frontalière par des forces de sécurité du KDP confirment ce scenario. Le 1e septembre, le KDP a bloqué les routes menant aux zones du PKK. Les entrées et sorties sont interdites.

LE RÉGIME IRANIEN ENVISAGERAIT UNE OPÉRATION LE 5 SEPTEMBRE

Envoyant des milliers de soldats à la frontière avec l’Irak, le régime iranien a également averti les villageois kurdes de quitter la région. Des soldats ont saisi les mosquées et les écoles dans les régions entre les villes de Sardasht et Piranshar, pour les transformer en postes militaires, affirment des sources locales pour qui l’armée iranienne envisage une opération à partir de 5 septembre.

Il s’agirait d’une opération commune turco-iranienne et comprendrait trois régions (Khinere, Khakourk et Qandil) sous contrôle du PKK, où se trouvent des centaines de villages.

Les autorités kurdes d’Irak bloqueraient également l’aide logistique pour les combattants du PKK, en fermant ses frontières. Mais la participation iranienne dans l’opération terrestre à l’intérieur de la frontière irakienne n’a toujours pas été clarifiée. Il apporterait son soutien avec des bombardements intensifs de l’artillerie pour limiter les mouvements des combattants kurdes.

VIOLENTS AFFRONTEMENTS

Par ailleurs, de violents affrontements ont eu lieu vendredi 2 septembre à Zelê, dans la région de Qandil, entre les forces iraniennes et la guérilla kurde. L’affrontement a duré pendant plusieurs heures, dont on ignore pour l’instant s’il y a des victimes.

Le régime iranien mène des opérations depuis 16 juillet tout au long de sa frontière avec l’Iran sur une ligne de 15 km et bombardent régulièrement les villages kurdes. Trois civils dont un enfant ont été tués au mois de juillet à Sidekan et à Hadj Omran, au Kurdistan irakien, dans les bombardements de l’artillerie iranienne.

De son coté, la Turquie bombarde la région depuis 17 Aout, causant des victimes et d’importants dégâts matériels. Le 21 aout, sept membres d’une famille kurde irakienne ont été tués dans les bombardements turcs contre le village de Kortek, à Rania. Une semaine plus tard, le 28 aout, un membre de l’assemblée de la province de Van, au Kurdistan de Turquie, a été tué à Cukurca, dans la région de Hakkâri près de la frontière irakienne, par la police turque lors d’une grande marche contre les bombardements.

25 OPÉRATIONS TERRESTRES SANS SUCCÈS

La Turquie a lancé 25 opérations terrestres transfrontalières contre le PKK, dont la première en 1983 et la dernière en février 2008. Le but de chaque opération était la liquidation définitive du PKK, mais cette organisation armée, considérée comme un groupe « terroriste » par de nombreux pays, est sortie renforcée après chaque opération terrestre, gagnant la sympathie des millions de kurdes dans tous les partis du Kurdistan et en Europe. Aujourd’hui dans chaque famille kurde, il y a au moins un mort, tué par les forces de l’Etat. La dernière opération transfrontalière avait duré huit jours, toujours sans succès, et s’était soldée par la mort de 125 soldats et neuf combattants du PKK, ainsi que la chute d’un hélicoptère.

http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/

Messages

  • Sainte alliance pour écraser un des plus grands peuples du moyen orient.

    Encore une leçon pour ceux qui font de l’anti-impérialisme sans les peuples et qui sont tellement contraint de changer de fois de positions (tout autant de fois que l’impérialisme change son fusil d’épaule) que leurs mouvements permanents suscitent un courant d’air et qu’on les surnomme des ventilateurs.

    Touchante cette sainte alliance turco-iranienne, avec la bénédiction US pour casser du maquisard Kurde (ce qui ne transforme pas en saints les PKK et PJAK, mais...).

    • accord complet avec Copas

      j’aimerais la même position sur la Libye ou la Syrie. J’ai cherché en vain tes réactions , je crois que j’en ai quand même vu une, un peu emberlificotée, ce n’est pas un reproche, c’est une attente, car en général je les apprécie beaucoup.

      µarc

    • Je suis largement intervenu sur la Libye et intervenu également sur la Syrie en déplorant que la gauche européenne, comme sur la question libyenne, se tripote la nouille pour ne pas soutenir des insurrections populaires, et laisse ainsi le champ libre aux manœuvres impérialistes.

      Je ne change pas d’avis là dessus et suis toujours du côté des combats des peuples contre leurs tyrans.

      Sur la question libyenne l’anti-impérialisme qui s’est fait sans peuple a été une profonde erreur d’une partie de la gauche radicale européenne largement campiste, pendant que l’autre partie de la gauche se mettait derrière l’intervention impérialiste franco-anglaise.

      On ne se trompe pas beaucoup quand on se met aux côtés des peuples insurgés.

      Sur la question kurde, l’impérialisme a changé plusieurs fois de position, et se positionner seulement par rapport à la position de l’impérialisme, c’est être contraint de changer sans cesse de position (c’est de ce ventilateur là que je parle) et passer d’une façon certaine et justifiée pour des salauds par un peuple qui est écrasé.