Accueil > Interview : "R. Hue claque la porte du CN du PCF"

Interview : "R. Hue claque la porte du CN du PCF"

Publie le samedi 29 novembre 2008 par Open-Publishing
31 commentaires

Dans une lettre très rude adressée à Marie-George Buffet, son prédécesseur à la tête du parti lui indique qu’il choisit de quitter le conseil national du PCF. Et qu’il ne croit plus à l’avenir du parti tel qu’il est, et tel qu’il fonctionne.

DEUX FOIS candidat à l’élection présidentielle (il a obtenu près de 9% des suffrages en 1995 et seulement 3,37% en 2002), Robert Hue a été secrétaire national du PCF de 1994 à 2001 et en a été le président de 2001 à 2003. Il est aujourd’hui sénateur du Val-d’Oise et président de la Fondation Gabriel-Péri.

Il reste, en 2008, une de figures d’un parti en crise. Sa décision — qu’il annonce dans une lettre en date du 26 novembre, adressée à Marie-George Buffet—de quitter le conseil national du parti ressemble, du coup, à une petite bombe politique. D’autant qu’elle intervient juste avant l’ouverture du 34e congrès du parti et qu’elle est accompagnée d’attendus très sévères. Pour Hue, le parti reste trop marqué par la « dogmatique stalinienne » et la « matrice bolchévique de 1920 », et il est incapable de « s’autotransformer ». Hue assure qu’il n’est pas devenu socialiste, mais il se dit décidé à vivre son communisme « autrement ».

A quel moment précis avez-vous décidé de quitter le conseil national du Parti communiste et, au-delà, de « prendre vos distances » avec le parti pour, probablement plus tard, rompre avec lui ?

Robert Hue.
Ma décision a été mûrement réfléchie. J’ai bien pesé ce qu’elle signifiait pour moi, pour les communistes, pour les femmes et les hommes de progrès. Dans l’exercice de mes responsabilités au PCF, j’ai conduit - ou tenté de conduire - une mutation dont j’espérais qu’elle permette à notre parti de retrouver une réelle influence à gauche et dans la vie politique française. Cette mutation a échoué, mais elle a eu cependant des résultats importants. Je n’en citerai que deux : d’une part, la réhabilitation pleine et entière de toutes celles et de tous ceux que le parti avait exclus ou poussés à partir ; d’autre part, la reconnaissance des « sensibilités », des courants si vous préférez. Jusqu’en 1994, quiconque affichait une position divergente de celle de la majorité était écarté ou devait s’écarter. Grâce à nos efforts, il est aujourd’hui plus difficile de faire taire les différences au sein du parti. Je constate cependant, et je le déplore, de sérieuses régressions par rapport à l’époque où j’étais secrétaire national.

Vous quittez donc l’instance dirigeante du parti dont vous avez été longtemps le patron...

Si je la quitte, c’est aussi parce que je ne me retrouve pas dans les orientations stratégiques de ces dernières années. Je me suis, pendant une longue période, interdit de les commenter publiquement. Aujourd’hui, à quelques jours du congrès, je fais part de ces désaccords à Marie-George Buffet et aux communistes. Mais je n’abandonne ni mes convictions ni les valeurs qui fondent mon engagement : celles des centaines de milliers de mes camarades depuis 1920. Je serai désormais communiste autrement.

Vous dites qu’il n’est possible ni de « réformer le PCF » ni de parier sur son aptitude à « s’autoréformer » et qu’il faut en finir avec le « fétichisme » du mot communisme. Mesurez-vous que votre prise de conscience sera jugée historiquement tardive ?

En disant cela, je prends mes responsabilités, et je le fais avec gravité. J’ai beaucoup réfléchi et ma réflexion a été, naturellement, très en appui sur mon expérience de près de dix ans à la tête du Parti communiste. Je ne me dispense d’aucune critique : la mutation fut sans doute trop marquée de volontarisme et trop « tirée d’en haut ». Mais je vois aussi que d’autres obstacles ont rendu la tâche extrêmement difficile, qui sont le produit d’une tradition, d’une culture que je redoute figées. Je ne sais pas si je suis, historiquement, en retard. Je sais simplement, j’insiste, que j’avais besoin de réfléchir à tout cela, et je m’en suis donné le temps. Ce que j’ai entrepris au milieu des années 1990, je l’ai fait parce que j’y croyais, même si - compte tenu de l’ampleur des transformations à accomplir et des obstacles auxquels j’étais confronté - le doute m’habitait parfois. Je ne regrette rien.

« Je ne crois pas que le parti soit réformable »

Le temps est donc venu aujourd’hui, pour vous, de tirer les conclusions de ce que vous avez vécu ?

Au terme d’une longue période de réflexion, je me sens confirmé dans les doutes que j’avais en débutant la tâche immense que je m’étais imposée : je ne crois pas, désormais, en dépit de la richesse humaine et du dévouement de milliers de militantes et militants communistes, que le parti soit réformable.

Est-il temps, à vos yeux, de reconsidérer le bilan de la « gauche plurielle » ? Vous suggérez que c’est une commodité pour les communistes d’attribuer la responsabilité du déclin du parti à cette alliance...


Le déclin du PCF a commencé bien avant 1997 et le gouvernement de la gauche plurielle. Bien avant l’implosion de l’Est. Il s’est produit par érosions successives, avec des décrochages plus marqués et de plus en plus répétés depuis 1981. Il tient à la crise du communisme, elle-même entamée à la charnière des années 1920-1930 avec l’ascension de Staline et la liquidation, partout, de toute opposition interne. Je ne nie pas que l’échec de la gauche plurielle ait joué dans ce déclin, mais il reste, selon moi, très marginal.

Vous revendiquez donc le bilan - pourtant contesté par les communistes - de cette « gauche plurielle » ?

Le gouvernement de la gauche plurielle entre 1997 et 2002 est désormais un objet de l’histoire. Or, l’histoire ne relève pas du principe de la balance : sur un plateau le « bon », sur l’autre le « mauvais ». Il est faux de prétendre que le PCF n’a pas agi pour combattre certaines mesures prises par une équipe dans laquelle le PS dominait. Rappelez-vous : j’ai alerté Lionel Jospin et nos alliés sur les risques d’échec. « La gauche va dans le mur », ai-je moi-même déclaré en 2001. Par ailleurs, il faut se poser deux questions. Primo : pourquoi la droite, une fois revenue au pouvoir, s’est-elle empressée de revenir sur nombre de réformes introduites par la gauche, comme les 35 heures ou la loi sur le contrôle des fonds publics que j’avais fait voter, et qui serait bien utile aujourd’hui ? Secundo : la France de 2002 ressemblait-elle à la France de 1997 ? La parité, le Pacs, les 35 heures et les RTT, la CMU... Est-ce que la société, durant ces cinq années-là, a changé ou non ? En la circonstance, je ne pense pas qu’il soit judicieux de faire table rase du passé. J’ajoute, face à la violence de l’offensive antisociale de Nicolas Sarkozy, que, pour moi, oui décidément, la gauche et la droite, ce n’est pas la même chose.

Ne seriez-vous pas, pour autant, devenu social-démocrate ?

Sans aucune ambiguïté, non ! Ma conviction, c’est qu’il existe à gauche un espace entre un communisme plus ou moins dogmatisé ou une extrême gauche strictement protestataire et une social-démocratie s’accommodant pour l’essentiel du capitalisme. Et je travaille à faire des propositions constructives, susceptibles de sortir la gauche de cet enfermement (http://roberthue.wordpress.com) . D’ici quelques jours, je m’exprimerai à ce sujet publiquement. Je ne vois pas plus Obama que Sarkozy réformer le capitalisme dans un autre but que le consolider.

http://www.leparisien.fr/politique/...

Messages

  • c’est pas ine grosse perte pour le PCF !!!!

    • c’est pas une grosse perte pour le PCF !!!!

      Ce n’est pas très gentil d’attaquer un si bon camarade sur son physique !

      (Un si bon camarde, si, si, je l’ai gouté, même que si je n’en ai pas repris c’était par manque d’apétit !)

      Kafka nous quitte, bon vent aux métamorphes.

      Salut fraternel.

      Le Rouge-gorge

  • Donc robert tu pars
    Tu as eu une longue réflexion redis tu plusieurs fois : en effet robert un peu longue

    Tu choisis le moment du congrés pour partir en prétendant que le aprti ne eut pas s’auto réformer QUEL COURAGE

    Et puis c’est hyper pratique surtout ca prmet d’éviter de te retourner sur tes responsabilités

    Donc personnellement je ne vais pas pleurer

  • Un des plus fameux responsables du naufrage idéologique du PCF claque la porte ? Mais c’est plutôt une bonne nouvelle !

  • A quoi peut bien servir un congrès au PCF, puisque dans sa lettre, Robert Hue décline l’offre de MGB de figurer à nouveau dans la direction APRÈS LE CONGRÈS ? Deux apparatchiks qui parlent de choses sérieuses pendant que la piétaille croit influer sur la ligne prochaine du Parti : on vient tout juste de terminer notre conférence de section avec amendements et tout.. Bon d’accord ce n’est pas nouveau, mais ça ne correspond pas tout à fait aux affirmations de Robert Hue sur sa contribution à l’amélioration de la démocratie dans le Parti.
    Rêvons un peu :
    J’espère qu’il démissionnera en même temps de tous les mandats obtenus avec l’étiquette PCF, ce serait plus honnête, pour revenir au boulot, comme infirmier à l’hôpital comme les travailleurs qu’il prétend représenter. Cela le radicalisera peut-être un peu plus.
    En tout cas le "PdG" de Mélenchon semble tomber à pic pour réceptionner ce type d’opérations : tout changer pour ne rien changer.

  • Au secours ! Il va s’exprimer bientôt publiquement ! Tous aux abris !

    Au fait, va-t-il nous dire combien il a emporté de la caisse du Parti lorsqu’il a crée la Fondation Gabriel péri ?

    PFFF

  • pauvre parti communiste ....comme tu es descendu bas.

    Varenne

  • Je ne comprens PAS tous les "commentaires"(sur le départ de Hue).

    Emanent-ils des mêmes qui n’ont pas de mots assez durs pour MGB ?

    R Hue n’est pas la "gauche en marche",c’est vrai, mais la Direction du Parti ?

    Ne serait-ce pas une (une de plus) illustration du désir de paraître et de mettre son Ego en vue ?

    Alors...on n’est pas près de réussir à changer la société...ni même à l’améliorer...

    Au fait, quid de la "Fondation Robert Hue" ?

  • Bon vent Robert ! les anciens qui ont quitté le parti à cause de toi t’en sont reconnaissants, maintenant ils vont pouvoir y revenir...

  • Sur la "gauche plurielle", RH rappelle les bon cotés, mais quid des privatisations (France Télécom..), du quinquennat, de l’inversion du calendrier, de l’Afghanistan, du droit de vote des étrangers,... et du bilan du ministère des sports !

    CN46400

    • T’aurais au moins pu donner l’interview à l’Huma,Bob,ça aurait fait vendre 3 numéros de plus...

      C’est dire comme il s’en branle du parti,de ses militants et de sa presse.

      Mais bon,comme c’est un gars sincère,et comme il ne supporte pas "l’archaïsme",ni le "dogmatisme",ni la "tradition figée",ni le"modèle politique inadapté et conservateur",ni "l’ambition personnelle",il ne tardera pas à rendre son mandat de sénateur dans les plus brefs délais...Si,si !...J’en suis sûr !

      Parceque au Sénat non plus il a pas réussit à "métamorphoser",à "rénover",à "faire muter",à "transformer",à "révolutionner".Et ça ,il supporte pas ,Bob,quand il n’y arrive pas ! Et donc en cas d’échec,il démissionne de ses responsabilités !

      Hein, Bob ?....

      Tu vas rendre ton mandat de sénateur,pas vrai ???

      Hein...???...

      OC

    • Ya qd meme EU la loi HUE sur le contrôle des aides publiques aux entreprises...faut pas tout NOIRCIR quand meme, meme SI j’aime pas Robert, mais au moins cette loi avait du bon, tellement que la premiere chose qui a sauté une fois la droite au affaire fut cette loi...dont on aurait bien besoin aujourd’hui...somme toute.

  • Etant trentenaire,j’ais vecus les années HUE et BUFFET au commande du PCF.
    Ayant des grand parents communistes,des parents communistes ,ma familles et amis communistes,j’ais bien sur entendu parlé de MARCHAIS , des mouvements de 36 du front populaire de tout ce que le PCF à apporté à notre chère France,mais malgrés tout cela jamais il ne m’était venu à l’idée de prendre ma carte au PCF .Pourquoi ? Justement parce que lorsque j’avais l’esprit un peu plus ouvert sur la politique j’ais justement connu HUE et BUFFET !!Je me disais à l’epoque de HUE ,comment un dirigeant du soit disant grand PCF,peut il allez dans une cité pour dénoncer une famille toute entiere à la police en les accusants de dealer de la drogue sans meme les connaitre ?
    Mais ceci n’était que se que moi j’ais pus appercevoir avec mes yeux de gamin non experimenté dans le monde politique.Ensuite je me suis un peu plus aperçus de la mutation du PCF,et je me suis dit que ce n’était pas possible que le PCF de mes grand parents deviennent ce que l’on voyait dans les medias ?Et c’est en rencontrant des camarades dans le movement syndicale qui eux ont vecus le grand PCF et qui m’ont expliqué qu’ils y croyaient encore et qu’ils se battaient de l’interieure pour retrouver le partis à 30 ou 40% aux elections et non plus à 1%, et là je me dit avec cet article BEN QU’ILS SE CASSENT TOUS CES MUTANTS ET LA JE LA PRENDRAIS MA CARTE ! QUE HUE SE CASSE C’EST PEUT ETRE LA MEILLEURE CHOSE QUE LE PCF AIT CONNU CES 20 DERNIERES ANNEES !AUX SUIVANTS !!

    • EDF/GDF.

      Si HUE quitte enfin le navire qu’en est-il de ses fidèles lieutenants qui sont réfugiés dans les structures du Parti et dans les puissantes Fédérations Syndicales telles que la Fédération CGT de l’énergie... Sic D COHEN, F IMBRECHT.?

      Ces soit disant "Camarades" ont vendu à des fins de carriérisme les entreprises publiques. De plus, ils n’ont pas hésité un seul instant à faire le sale boulot des Directions en Discriminant et détruisant la vie d’excellents Camarades.

      Leurs noms sont connus. Auront-ils assez de courage pour quitter le navire ?

      http://www.france-politique.fr/histoire-pcf.htm
      HUISTES

      Si le ménage est fait et si les réparations des victimes de ces "camarades" Reconnues.

      Le Parti retrouvera alors tous ses anciens Militants et le Capital aura bien du mal à s’en sortir.

      Un des anciens Camarades victime de ces pratiques.

      MB

  • Moi ce que je trouve grave c’est qu’on lui ait encore demande de rester au CN ;ça augure mal de la nouvelle direction .JYA

  • que Hue parte c’est la moindre des choses . mais les mutants sont encore légion dans les directions du parti a tous les niveaux ; et l’on voit bien qu’au travers de la préparation du congrès ils font tout pour tirer le PCF vers la social démocratie . et surtout n’ayons pas la mémoire courte , j’ai quand même souvenance que la mutation social démocrate du PCF a été initiée avec l’accord d’une majorité de communistes . alors bon , a méditer . sam 82 .

  • Hue s’en va et beaucoup de commentaires ici s’en felicitent... seulement comment ce liquidateur est -il arrivé a la tête du parti ? tout seul ? et il a liquidé tout seul ?

  • bonne nouvelle ! robert hue a été un des fossoyeur du Parti et dans pas tard on le trouvera chez les socs !

    • Condoléances à tous les nains de jardins !

      Leur meilleur bourrin quitte le terrain ? "Haut les mains !" Peau d’ lapin !
      Comme pour Amélie Poulain, il aurait fallut fouiller dans son sac à mains ?
      On peut lui conseiller Air Kouchner en couchettes Strauss Kahn juste histoire de Laguiller sur les rails du PC...
      Hey Bob fait gaffe aux caténaires sinon tu vas dérailler !

  • Moins il y aura de jaunes, plus le PCF sera rouge !
    Personne ne pleurera ton départ, Willy Balton !