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de ichlo
Pendant que Chirac tançait la berlusconade à l’Elysée lors du 24ème Sommet franco-italien à Bruxelles, les salariés français défilaient entre rues et bannières fortement décidés à combattre la précarité et la dégradation du climat social que lui inflige un gouvernement droitier qui n’a de cesse de se succéder à lui-même et qui pourtant persiste à faire la sourde oreille.
Chronique d’une casse politique
Qu’ils furent 1 million ou seulement 400 000 auprès des administrateurs qui prennent toutes ces revendications au rabais, en dessous de ce que trois gouvernements désavoués successivement remettent inlassablement sous des formes différentes, mais bien circonscrites par des programmes politiques appliqués, à des résolutions ultérieures comme pour s’en débarrasser - peut-être pour seulement 20% des français mais certainement pas pour la majorité des citoyens - ; la grande manifestation de ce 4 octobre 2005 attendue par une large part des salariés plus que jamais solidarisés par leurs mouvements syndicaux respectifs (CGT, CFTC, UNSA...) ne fut pas le lieu de revendications injustifiées ni d’une contestation de principe mais bien la lente éclosion d’un militantisme qui prend, jour après jour et au fil des luttes sociales disséminées et parcellisées par les exigences du capitalisme libéral, une nouvelle importance au niveau de son droit de cité.
Même si ce n’est pas la voix de la rue comme aiment à les citer de rudimentaires reporters mais une voie politique qui utilise la rue pour se faire voir et valoir à défaut d’être prise en considération - ne faut-il pas rappeler ici que dans certaines bases on parle d’un « soviétique à 82%... » - ce mardi représentait la quintessence résumée et alourdie d’un entêtement quasi princier de la part d’une tournante matignonesque dont on se demande bien où elle finira par trouver encore un temps soit peu une once de validité tant les mécontentements prennent de l’ampleur et les secteurs menacés sont de plus en plus nombreux ; à preuve tous ces salariés du privé également adjoints à la manifestation.
A en croire les directives officielles il ne devrait pourtant pas y avoir de quoi s’inquiéter puisque nous répète-t-on depuis trois ans que les priorités sont « l’emploi et l’Europe » : l’Europe comme une instance désavouée et l’emploi comme un paramètre lucratif où les licenciements vont bon train pour permettre au patronat de recapitaliser ailleurs...
Et pourtant le mécontentement gagne du terrain et les raisons n’en sont pas moins fondées sur de solides analyses... A preuve du contraire les inquiétudes croissantes de la majorité des salariés quant à leur retraite, les questions que tout un chacun est en droit de se poser en ce qui concerne son pouvoir d’achat... Sans se prendre pour Marx et loin d’établir « les grandes fractures schizoïdes constitutives de la modernité capitaliste » comme aime à nous le rappeler Daniel Bensaïd dans Fragments mécréants, mythes identitaires et république imaginaire (p.80), force est de constater que l’écart se creuse entre le politique et le social où le premier n’est là que pour servir l’intérêt rentabiliste tandis que le second voit sa condition tenue au prorata de l’égoïsme des premiers qui ne trouvent comme réponse à donner aux enjeux qu’une sempiternelle « crise » savamment orchestrée et organisée au travers de laquelle les quelques possédants seraient amenés à devenir de plus en plus riches ; gonflement des profits toujours à la clé. Pour les bas salaires, on croyait qu’il suffisait de se laisser « tirer (de la France) d’en bas vers le haut » alors qu’on savait pertinemment dès le départ que pour accéder à ces hauteurs, encore faut-il y être né !
Alors ils ont répondu à l’appel de l’intersyndicale. Cheminots, fonctionnaires, employés, métallurgistes, pompiers, personnes âgées ; tous présents et approuvés par presque 75% de l’opinion publique, battent le pavé aux cris de « Villepin démission » comme à Marseille par exemple. Slogan quelque peu plus direct que le trop timide « journée de la colère » annoncé par quelques banderoles qui affichaient l’état de populations excédées par le sort auquel les vouait ce gouvernement.
Dans la lignée de l’action du mois de mars aux accents de revendications certainement identiques, la présence effective et massive des syndicats marque de façon prépondérante le rôle qu’ils occupent entre les salariés qu’ils représentent et un pouvoir politique qui ne tient plus compte que d’une seule politique, dénigrant son opposition, la poussant même à défiler en rangs serrés de manifestations avec ses vieux !
Dans ces conditions précaires l’UMP saura-t-elle non plus seulement tendre l’oreille mais prendre des mesures effectives capables de répondre à l’angoisse salariale malgré son entreprise pharaonique et sa titanesque volonté de réformer l’Etat ? Oui, mais à quel prix ! Et ce ne sont certainement pas les inquiétudes croissantes du Président Chirac vivement préoccupé et intéressé par le problème de Hewlett-Packard qui changeront grand-chose puisque la situation de rachat et de licenciements par poignées de mille où se retrouve cette entreprise n’est pas due au hasard - quoi qu’en prétendent les attitudes d’étonnement du sphinx de l’Elysée - mais constitue le produit de longues et lentes préparations concoctées de main de maître par quelques clubistes éhontés, réunis en cercle restreint où l’on ne fait pas que vendre des centrales nucléaires, de l’aviation militaire mais aussi des entreprises lorsque le besoin s’en fait ressentir et que le coup paraît juteux...