Accueil > L’imposture croissanciste.

L’imposture croissanciste.

Publie le jeudi 4 mars 2010 par Open-Publishing
7 commentaires

Après avoir ingurgité divers pamphlets dénonçant "l’imposture" et le "mythe" climatiques, le chroniqueur s’est intéressé au colloque du conseil scientifique du Front national sur le réchauffement climatique, qui s’est tenu à Nanterre, le 30 janvier.

On doit à la journaliste Jade Lindgaard, qui l’a signalé sur Médiapart, de ne pas avoir ignoré cette nouvelle aventure de la pensée.

Jean-Marie Le Pen a conclu le colloque. Citant Claude Allègre, il a exposé combien était fausse la théorie selon laquelle l’activité humaine causait le changement climatique en cours : "Il s’agit d’un dogme. Un dogme, par définition, se passe de toute preuve rationnelle."

Mais plus intéressant que ce renfort de poids aux climato-sceptiques est que M. Le Pen a révélé l’enjeu idéologique de l’affaire : "Sachant que la dépense d’énergie est à la base de la croissance économique, la recherche de la croissance entraîne donc le réchauffement climatique", a-t-il expliqué. En effet, "il ne peut y avoir croissance s’il n’y a pas développement de l’économie, et donc de l’énergie qui la sous-tend".

Conclusion implicite : comme il ne faut pas remettre en cause la croissance économique, il est nécessaire de ne pas reconnaître la responsabilité de la consommation d’énergie dans le réchauffement climatique.

Par coïncidence, c’est la semaine où les climato-sceptiques occupaient micros et caméras que Nicolas Sarkozy a relancé la Commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali. Il faut, indique l’Elysée, le 23 février, que la France "s’inscrive sur un chemin de croissance forte et durable".

La croyance dans les bienfaits de la croissance est-elle un dogme ? Je laisse ce point à la sagacité des lecteurs.

En tant qu’objecteur de croissance, notons que deux illusions animent les "croissancistes".

 La première illusion est de croire que l’on peut revenir à une croissance forte du PIB (produit intérieur brut). Comme le montre bien Pierre Larrouturou (« Crise, la solution interdite », édition Desclée de Brouwer, 2009), le rythme de la croissance, en France, diminue régulièrement depuis 1960, c’est une tendance historique de fond dont rien ne permet de penser qu’elle peut s’inverser.

 La seconde illusion est de croire que la croissance entraîne nécessairement une baisse du chômage. Au contraire, l’économiste Jean Gadrey démontre dans Alternatives économiques de février 2010 qu’il faut découpler ces deux grandeurs. "Produire des biens (ou des services) de façon écologiquement durable ou socialement préférable exige plus de travail que produire les "mêmes" biens en détruisant les ressources naturelles et le climat, ou en industrialisant les services."
Eh oui : on créera plus d’emplois en accordant plus d’importance à l’écologie. Encore faut-il reconnaître la gravité du changement climatique et la crise écologique.

Hervé Kempf.

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/02/27/l-imposture-croissanciste_1312165_3232.html

Messages

  • Be oui, beaucoup pensent qu’en créant des richesses par une croissance exponentielle on resoud le chômage, ne serait-ce que pour prendre cet exemple. Le chômage est avant tout la variable d’ajustement du système capitaliste qui s’en sert pour augmenter la rentabilité du capital. Le problème est simple, doit-on avoir une croissance qui sera à long terme dévastatrice, ou alors éradiquer le système capitaliste pour construire une socièté ou la notion de "bien", par conséquence de profit, ne seront plus la préocupation majeure des individus...On déplacera alors les priorités vers plus de lien, et une société qui par réflexe donnera la primauté à l’usage d’où en découlera par la force des choses la véritable écologie !

    Nous n’aurons de réponses qu’en renversant le capitalisme, rasons d’abord les bourses...(hum, je sais pas si l’expression est heureuse, et ne risque pas d’attiser les sarcasmes des obsédés des pensées scabreuses !)

  • Quelqu’un peut il me dire une fois pour toute ce qu’il/elle entend par

    "croissance" et

    "décroissance"

    tant qu’on ne sait pas de quoi on parle ...il n’y a pas de débat possible.

    J’ai bien cherché je n’ai pas trouvé grand chose ni d’un côté ni de l’autre sur ce point "de base"...

    LL

  • Ce débat sur la croissance ou la décroissance doit sortir du brouillard.
    Croissance de quoi ? et décroissance de quoi ? L’accès à une vie digne nécessite une forte croissance dans les pays pauvres et pour les classes défavorisées des pays développés. Les indicateurs comme le PIB ne correspondent plus à cette problématique. L’indice de développement humain IDH est déjà un progrès.

    Pour la croissance en faveur de logements mieux isolés thermiquement.
    Pour la croissance de la formation et de la culture, biens souvent immatériels.
    Pour la décroissance de consommation énergétique et notamment des énergies d’origine fossile.
    Pour la décroissance de la pollution des riches qui gaspillent sans compter.

    Le mode de vie qui associe bonheur et consommation est à remettre en question. Mais attention à ne pas imposer la vie monastique comme modèle ou à interdire aux pays émergents de se hisser au niveau des grands. C’était un point de conflit du sommet de Copenhague.

    La gauche est dans l’obligation de proposer une voie de développement qui rejette le productivisme.

    Voici , en bref, quelques considérations concernant le débat Croissance / Décroissance.

  • moi je suis "objecteur de croissant"... ca va bien docteur ?

  • tu monte sur une échelle dont on enlève le barreau inférieur dés que le pied est posé sur le barreau supérieur .

    En haut de l’échelle une carotte , en bas ceux qui regardent en disant " vas y " .

    tout les barreaux inférieurs se transforment en or dés qu’ils sont enlevés et ramassés par les mecs du bas ( en fait du haut ) .

    Quand tu arrives sur le dernier barreau tu te demande comment et pourquoi tu en est là.

    la décroissance , t’es pas assez con pour prendre une échelle pour aller chercher une carotte .