Accueil > « L’organisation se comporte comme un parti »
« L’organisation se comporte comme un parti »
Publie le lundi 8 août 2005 par Open-Publishing1 commentaire
Pour le politologue Dominique Reynié, cet électorat n’est pas extensible
Politologue et professeur des universités à l’Institut d’études politiques de Paris, Dominique Reynié revient sur la probable participation des « néopartis » d’extrême gauche à la présidentielle de 2007.
Bien qu’hétéroclite, le rassemblement des non à la Constitution peut-il, selon vous, porter un candidat commun à la présidentielle de 2007 ?
Dominique REYNIÉ. - On l’imagine difficilement. Pour les petits partis et les petits candidats, l’élection présidentielle, c’est le grand bal de Cendrillon. La soirée est magnifique, chacun veut y participer. Le PCF renoncera difficilement à présenter son candidat. On voit mal comment les altermondialistes accepteraient de se ranger derrière des organisations cacochymes. Le même raisonnement vaut pour la LCR. Quant à une candidature altermondialiste autonome, par exemple José Bové, ce serait une opération périlleuse. L’électorat n’est pas extensible et les clientèles se recoupent.
Pourquoi des organisations altermondialistes, Attac en particulier, hésitent tant à se convertir en parti politique ?
En 2005, pendant la campagne référendaire, Attac s’est comportée comme
un vrai parti po litique : interventions mé diatiques, mobilisation des militants, multiplication des réunions publiques, distribution de tracts, participation à des meetings. Le 29 mai a été le premier scrutin de « nos » altermondialistes, et ils se sont retrouvés du côté des vainqueurs. Cela dit, la question fait débat au sein de l’association. Ils savent que l’une des raisons de leur succès est précisément de ne pas être un parti politique. Dans le cas d’Attac, on observe une organisation, des militants, un réseau, des moyens et une cause à défendre. La seule différence avec les partis ou les syndicats, c’est l’absence, pour l’instant, de candidature aux élections. C’est ce que j’appellerai un mouvement partisan non partitocratique, c’est un néoparti.
Ces « néopartis » aspirent-ils vraiment à l’exercice du pouvoir ?
Pour eux, l’élection c’est le risque de perdre mais aussi le risque de gagner. C’est-à-dire l’épreuve des responsabilités. Pour une formation porteuse d’un discours antilibéral, l’exercice est fatal : reniement idéologique, comme le PC entre 1997 et 2002, inutilité dans la fonction comme le montrent les cas où l’extrême gauche a pu emporter des mandats, au Parlement européen ou dans les conseils régionaux.
Propos recueillis par S. M.
http://www.lefigaro.fr/politique/20050805.FIG0239.html
Messages
1. > un cas d’école des méthodes de certains grand médias, 8 août 2005, 14:17
Un cas d’école des méthodes de certains grands médias
Le Figaro lance une violente charge contre Attac
COMMUNIQUÉ DU BUREAU D’ATTAC
Comme il ne se passe actuellement rien d’important ni en France (tout juste le démantèlement du Code du travail) ni dans le reste du monde (seulement l’accélération de la guerre en Irak, les menaces de crise avec l’Iran, le retrait de Gaza, etc.), Le Figaro met à sa « Une » du 5 août, sur trois colonnes, un sujet d’une brûlante actualité : « Enquête : comment Attac infiltre l’école ». L’ « enquête » se poursuit avec 4 articles couvrant une page entière et avec un éditorial intitulé « Bourrage de crânes ».
« Enquête » ? Le terme n’est pas approprié, tant les articles sont truffés d’erreurs factuelles. Les « enquêteurs » n’ont même pas pris le soin d’interroger au moins l’un des responsables d’Attac qui aurait pu répondre par des faits et des chiffres avérés aux multiples contrevérités, directes ou par citations interposées, qui font de cette « enquête » un cas d’école de désinformation.
Le Figaro, dont la hiérarchie s’était totalement engagée dans la propagande en faveur du « oui » lors du référendum sur le traité constitutionnel européen, au point d’ailleurs de susciter des troubles au sein de sa rédaction, que la direction voulait embrigader, affirme, pour le déplorer, que l’action d’Attac « a joué un rôle non négligeable dans le résultat du 29mai » et tire à boulets rouges sur l’association et ses responsables.
Décidément, presque trois mois après le référendum, la campagne du « oui » continue !
Les 4 articles et l’éditorial portent sur deux sujets : Attac infiltrerait l’Education nationale ; l’association serait devenue de facto un parti politique qui ne penserait plus qu’à l’échéance présidentielle de 2007.
Sur ces différents points, Attac va exiger de la direction du Figaro un droit de réponse. En voici quelques-uns des éléments.
1.- Ce sont bien l’idéologie néolibérale, les grandes entreprises et le Medef qui infiltrent l’école
Attac combat l’idéologie néolibérale mise en oeuvre dans les politiques éducatives menées par les gouvernements successifs.
L’association s’oppose à la « marchandisation » de l’école, qu’elle prenne la forme de l’intrusion des firmes et des marques dans les établissements (comme le fameux « jeu » « Les Masters de l’économie » du groupe bancaire CIC, auquel ni Claude Allègre ni Jack Lang ni Luc Ferry ni François Fillon n’avaient voulu mettre un terme), ou qu’elle se traduise par un texte législatif (la loi Fillon) directement inspiré de la stratégie ultralibéraleeuropéenne dite « de Lisbonne ».
Attac n’ « infiltre » pas l’école. Elle compte, parmi les enseignants, des militants respectueux de la laïcité et de l’autonomie pédagogique des maîtres, mais qui sont bien placés pour mesurer les dégâts sociaux provoqués par les politiques néolibérales, et pas seulement par celles qui concernent l’éducation.
Entre autres exemples d’instrumentalisation de l’école, l’association dénonce la politique des « partenariats » public-privé. Parmi les « partenaires » officiels de l’Education nationale, on compte ainsi le Medef : directement à travers ses sections dans plusieurs départements, et indirectement, via son émanation, l’Institut de l’entreprise ; des marques (Morgan) ; des banques ; Disneyland Resort Paris ; des agences de publicité... Le ministère offre ainsi une couverture officielle à des pratiques strictement marchandes, conclut lui-même des « partenariats » et incite les établissements devenus « autonomes » et soumis à une décentralisation sans moyens à se tourner vers les entreprises.
Attac avait dénoncé en son temps la co-organisation, en octobre 2003, par l’Institut de l’entreprise et le ministère, d’une opération de propagande auprès des professeurs de sciences économiques et sociales, présentée comme une « Université d’automne » au cours de laquelle sont intervenus, sans contradicteurs, les patrons du CAC 40. Cette « université » doit tenir une deuxième session les 29 et 30 août prochain, et Attac va exiger qu’elle revête un caractère contradictoire.
Si « infiltration » de l’école il y a c’est bien par les grandes entreprises, le Medef et les gouvernements qui y ont mis en oeuvre les politiques néolibérales.
2.- Attac n’est pas et ne sera jamais un parti politique
Contrairement à ce que prétend Le Figaro, l’objectif d’Attac n’est pas de « répandre une idéologie d’extrême-gauche partout ailleurs discréditée ».
Attac n’est pas une organisation d’extrême-gauche ou de quelque obédience partisane que ce soit.
On comprend que, pour nourrir la copie, s’échafaudent au mois d’août mille hypothèses sur la candidature présidentielle d’un tel ou d’une telle en 2007, sur les coalitions au sein du PS ou sur les formes de recomposition de la gauche. Mais Attac n’a rien à voir avec ces supputations. Elle entend rester à l’écart de toute opération d’ingénierie, de rassemblement ou de recomposition politiques.
Attac, comme elle l’a déjà rappelé à de nombreuses reprises, ne présentera ni ne soutiendra aucun candidat à quelque élection que ce soit. A cet égard, le Bureau d’Attac réaffirme sa solidarité avec le président de l’association qu’il est ridicule de mettre sur les rangs pour 2007 comme l’annonce Le Figaro. Attac est un mouvement d’éducation populaire tourné vers l’action et entend bien le rester.
L’action d’Attac pendant la campagne référendaire, de ses adhérents et comités locaux, amène Le Figaro à considérer que l’association « s’est comportée comme un vrai parti politique ». Et le journal multiplie les exemples : « interventions médiatiques, mobilisations des militants, multiplication des réunions publiques, distribution de tracts, participation à des meetings [.] une organisation, des militants, un réseau, des moyens et une cause à défendre ». La seule différence avec les partis ou les syndicats, selon Le Figaro, serait « l’absence, pour l’instant, de candidature aux élections ».
Rappelons une évidence : ces formes d’action militantes ne relèvent pas seulement des partis politiques. C’est ce que font quotidiennement les organisations syndicales et de nombreuses associations.
En déconstruisant l’idéologie néolibérale, en combattant les mesures qu’elle inspire aux plans national, européen et mondial, et surtout en montrant que des alternatives sont possibles à ces différents niveaux, Attac se situe bien dans le débat politique, mais sur un registre différent, et non concurrent, du champ politique des partis. Elle l’a montré dans la campagne du « non », et elle va continuer à la faire dans les prochaines semaines et les prochains mois, avec les autres Attac d’Europe, en faisant des propositions précises sur le modèle social européen, sur la démocratisation des institutions européennes.
De la même manière, l’association continuera ses campagnes nationales, européennes et internationales pour, entre autres, l’annulation de la dette des pays du tiers-monde, pour l’instauration de taxes globales, contre les paradis fiscaux, pour l’éradication de la pauvreté dans le monde, pour une santé et une Sécurité sociale solidaires, contre la marchandisation et la privatisation de l’ensemble des activités humaines et donc contre l’AGCS pour des services publics de qualité et pour le plein emploi.
Même si Attac a divergé avec les partisans du « oui » socialiste au référendum, l’association souhaite avoir de bonnes relations avec le Parti socialiste, comme avec les autres formations démocratiques pour mener toutes les actions communes possibles sur les objectifs mentionnés plus haut.
Le Figaro compare de manière scandaleuse l’action de l’association à celle des sectes religieuses aux Etats-Unis, qui mènent campagne pour interdire l’enseignement de la théorie de l’évolution ; aux livres de géographie de certains pays arabes où Israël ne figure pas et est remplacé par Palestine ; ou à la Roumanie de Ceaucescu. Attac joue en réalité un rôle de salubrité publique en démontant les mécanismes des politiques néolibérales dont les résultats sont catastrophiques.
Quant aux « relents anti-sémites » dont Le Figaro accuse « certains » des membres de l’association, il s’agit d’une allégation d’une extrême gravité contre laquelle Attac se réserve le droit de donner les suites judiciaires qui s’imposent.
Manifestement les 30 000 adhérents d’Attac (et non, pour l’instant, 36 000 comme il le prétend) inquiètent beaucoup Le Figaro C’est une raison supplémentaire pour appeler nos adhérents à renforcer les effectifs de l’association en appelant tous ceux qui partagent nos combats à nous rejoindre !
Pour celles et ceux qui veulent réellement savoir ce qu’est Attac, qui sont ses militants, et ce que signifie pour eux « éducation populaire », le moyen le plus simple est de participer aux deux évènements organisés par l’association à la fin du mois d’août :
– les Chemins de découverte, à Châtellerault, du 20 au 22 août
( http://www.france.attac.org/r683 ) ;
– l’université d’été, à Poitiers, du 26 au 30 août
( http://www.france.attac.org/r681 ).
Contact : Matthieu 01.41.58.17.59
Attac, Paris, 6 août 2005