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LA "REVOLUTION" NEO CONSERVATRICE

Publie le vendredi 18 mai 2007 par Open-Publishing
9 commentaires

de Patrick MIGNARD

Matière à réflexion

Il y a quelque chose de logique dans ce qui est entrain de se passer aujourd’hui en France… Après l’Angleterre, les USA,… après les virages conservateurs dans tous les pays Européen, la France est entrain de faire le sien. Ne nous laissons obnubiler par les particularismes locaux, et en particulier par la spécificité française. L’ « économie française », issue de l’ « Etat-nation France » fait partie du grand mouvement du capital à l’échelle mondiale, à ce titre elle n’échappe pas à ses lois de développement.

La marche forcée économique, et politique vers un aménagement institutionnel – internationalement avec l’évolution du FMI et la création de l’OMC, mais aussi nationalement avec l’accession des « conservateurs » aux pouvoirs – c’est tout cela que le nouveau Président incarne.

Essayons de comprendre et de raisonner logiquement, sans à priori ni préjugés.

LES CONTRE TEMPS DE L’HISTOIRE

Lorsque la gauche accède au pouvoir en mai 1981, le monde est au seuil de la vague libérale qui va le submerger. Le programme de nationalisations de la Gauche, son programme social, sont parfaitement à contretemps de la tendance générale imposée par la mondialisation du capital au travers des politiques impulsées par Reagan et Thatcher. Le mythe de la Gauche ne tiendra que trois ans (les deux gouvernements Mauroy), ce sera ensuite Fabius et son plan de rigueur et la première cohabitation en 1986.

Dès lors, la Gauche fait sienne, sans l’avouer, le libéralisme économique… Apparaît ce que l’on nommera à juste titre le « social libéralisme ».

Dès lors, tous les grands thèmes qui fondaient les « politiques de Gauche » vont être battus en brèche : nationalisations, défense du service public, protection sociale, retraites, pouvoir d’achat… les programmes économiques et de la Gauche vont étrangement se ressembler,… pas seulement en France, mais dans tous les pays européens… La tendance est générale. Tous les pays européens occidentaux, et d’une certaine manière ceux d’Europe de l’Est, plus les USA, suivant les spécificités de chacun, passent par cette phase

Il serait évidemment faux d’en conclure à une quelconque fatalité. Il ne s’agit pas de cela mais d’une logique dans le développement mondialiste du capital.

Le système marchand se donne ainsi, ce qui est parfaitement logique, les conditions politiques et idéologiques de répondre au mieux à ses impératifs économiques. Que ce soit les salariés qui en fassent les frais est une conséquence logique de ce qu’est véritablement le système marchand.

LA « RUPTURE » CONSERVATRICE

Beaucoup se sont gaussés du terme de « rupture » employé par le leader de la droite… C’était une erreur. On a trop tendance à comprendre le terme de « rupture » dans le sens de « rupture progressiste », rupture avec un système pour plus de progrès social. On a oublié que ce terme peut se comprendre dans l’autre sens… et c’est bien dans celui-ci que se fait la rupture conservatrice.

Ne nous laissons pas tromper par les différences et particularismes locaux et nationaux.

La rupture qui s’installe en France avec le nouveau gouvernement est une phase nouvelle du développement du système tel que l’a connue l’Angleterre thatchérienne : fini les concessions, fini les acquis sociaux, fini le dialogue social aboutissant à un compromis. L’ « Etat providence » laisse désormais la place à l’ « Etat gendarme »., la juridiciarisation des conflits sociaux devient la norme.

Tout affrontement direct, central, est voué à l’échec. Le système a les moyens politiques, judiciaires, militaires et même psychologique et idéologique avec les médias, de déjouer toute action de déstabilisation du modèle classique : grèves… même insurrectionnelles, manifestations… même violentes, pétitions, élections,…

Les outils de la contestation classique qui a fait les beaux jours des syndicats et partis politiques sont désormais obsolètes.

UNE OPPOSITION INEXISTANTE

Face à cette nouvelle phase de développement du capital, la pensée de Gauche est totalement désarmée et même divisée… c’est le moins que l’on puisse dire – sa stratégie purement électorale est en lambeaux.

Soit elle adhère peu à peu à la nouvelle logique sans l’avouer mais sans ambiguïté quant aux conséquences,… c’est le cas du PS. Qui tient un double discours peu crédible, ni dans un sens ni dans l’autre.

Soit elle s’accroche aux vieilles formes de contestations de l’époque des « trente glorieuses » et avant… et c’est le cas de la « gauche de la gauche » qui tient un discours radical, vindicatif, mais est impuissante sur le terrain… et sans perspective même et surtout électorale… sans parler de la pratique alternative concrète.

Entre les deux, un Parti Communiste complètement déboussolé, sans stratégie, ayant perdu sa base ouvrière, ses bastions, ses référents, et qui ne sait plus s’il doit d’allier à son ancien allié, le PS pour sauver ses élus locaux, ou rompre sachant qu’il n’a plus le leadership à gauche.

A la fin des années 90 un courant, mouvement, dit altermondialiste a pris conscience du changement, des perspectives inquiétantes et de l’urgence d’un nouveau type de mobilisation… Soulevant un immense espoir, il s’est rapidement englué dans les problèmes bureaucratiques, les compromissions politiciennes, l’expression des égos surdimensionnés des nouveaux leaders. Il a subit l’assaut plus qu’intéressé des organisations politiques traditionnelles qui voyaient là un vivier de militants et d’idées. Il a finalement fini exsangue aux marges d’une classe politique de gauche débile et d’un mouvement social désorienté, incapable, sinon dans les formes anciennes de penser un nouveau rapport au politique.

On en est là aujourd’hui alors que les gestionnaires du capital, profitant d’un évanouissement du mouvement social épuisé par de vaines mobilisations, de vains débats, de vaines querelles partisanes, passent à la vitesse supérieure pour « moderniser l’économie et la politique », autrement dit, liquider les acquis sociaux de plus d’un siècle et soumettre notre société aux exigences de la valorisation du capital.

UN INCOMPREHENSION TOTALE DE LA NOUVELLE SITUATION

La vieille tactique qui consistait à dire, « faisons de la propagande, accédons au pouvoir, et mettons en place une politique progressiste sur le plan économique et social »,… ne marche pas,… et donne encore moins l’illusion de marcher car le système ne peut plus, dans le cadre de la mondialisation s’acheter la paix sociale par des concessions.

Cette vieille tactique a plus ou moins fonctionné tant que le système se satisfaisait de son existence dans le cadre des « états nations » : la Gauche accédait au pouvoir et faisait des réformes sociales que le système pouvait économiquement supporter.

Avec la mondialisation, qui est en fait la mondialisation de la valorisation du capital, tout change : le coût économique des acquis sociaux entrave le bon fonctionnement du capital qui a d’autres horizons pour se valoriser. L’arrivée de la « Gauche » au pouvoir dans les différents pays européens montre que cette pratique politique aboutit inéluctablement à la gestion libérale du système. Les programmes politiques sociaux tels que pouvait les proposer la Gauche ne sont plus crédibles… car, comment expliquer autrement leur rejet par le plus grand nombre et l’adhésion de celui-ci à des programmes qui sont parfaitement contradictoires avec ses intérêts ?

Il nous faut repenser notre rapport au politique et donc à la politique de manière totalement différente.

Le problème, c’est qu’un tel bouleversement non seulement transforme notre vision de l’action politique, mais va à l’encontre des intérêts bien établis des bureaucraties politiques qui font de leur pratique électorale de parlementaires et de notables, un véritable fond de commerce. Or, ces bureaucraties verrouillent le champ et le débat politique. Demandez à un sénateur, député ou notable local de changer sa vision de l’action politique !...

Fonctionner avec ces bureaucraties c’est à coup sur se réduire à l’impuissance. La plupart ne comprennent pas la nouvelle donne, mais surtout, parmi ceux qui comprennent, ils ne veulent surtout pas changer une situation dont ils tirent personnellement milles avantages et privilèges.

Le champ de l’action politique est ailleurs…dans le champs de l’économique et du social. Nous ne pourrons convaincre au changement, et le plus grand nombre ne pourra se convaincre de la nécessité et de la possibilité du changement que si une alternative économique et sociale crédible s’impose.

Face à un capital internationalisé, incapable de dépasser ses contradictions dans le domaine du lien social et de la préservation de l’environnement, et disposant d’une puissance militaire et médiatique sans égal dans l’Histoire, nous ne pouvons jouer que sur son pourrissement et donc à partir des structures alternatives que nous construirons.

Messages

  • une lueur d’espor :
    Je suis d’accord avec toi boycottons !

    Non pas pour boycotter mais pour montrer que si Sarko a pris le pouvoir politique il nous reste le pouvoir suprême : le pouvoir d’achat !!!

    Sans lui il n’est rien , lui et toute sa bande de financiers ...

    Alors sans attendre allons plus loin et résilions par exemple nos abonnements Bouygues SFR.

    Essayons de trouver un autre fournisseur ?? Sinon jetons nos portables par dessus bord ..

    Cela pourrait aussi s’appliquer a tout les produits des groupes suivants Lagardere , Bolloré , etc etc ...

    Il suffit de lire la liste de tous les industriels et hommes d’affaires qui l’ont soutenu pour autant que possible éviter de consommer leur produits en essayant de les remplacer tant bien que mal par d’autres produits de substitution.

    Maintenant que j’ai dit ca je vais m’y mettre de ce pas ..
    J’ai le temps ! Cinq ans devant moi pour mettre en application mon programme...
    Tout seul comme un grand, en toute liberté et respectant la démocratie ...
    La vie n’est pas belle ?

    • Bonjour tout le monde,
      Je suis un militant UMP, je suis profondément choquée par vos remarques.

      Tout d’abord, je ne comprends pas votre logique, vous êtes dans une position défensive avec une envie "dépassée" de militants révolutionnaires. Vous donné l’exemple de vous priver de votre forfait Bouygues sous pretexte que le PDG est un ami de Sarkozy ! Supposons que les forfait Bouygues sont les moins chers, vous seriez prêts a payer plus pour freiner la consomation et la demande ?
      Cette démarche est inutile car vous êtes trop peu nombreux et puis si vous faite de même avec tout les autres secteurs !! Vous allez perdre de votre pouvoir d’achat pour ensuite, sûrement, manifester votre mécontentement face à cette situation ! Vous tournez en rond !
      Et puis sachez que Bouygues est avant tout une entreprise en charge de la construction de réseau de transports par exemple ! Vous allez donc éviter de passer par les routes construites par Bouygues !!

      Ensuite, vous critiquez ce monde mondialisé, or la France est un des pays qui profite le plus de cette mondialisation ! Croyez-vous que la France puisse survivre en autharcie ?
      L’ouverture de l’économie au monde est un avantage pour les grands groupes français qui ensuite réinvestissent une partie de leur profit en France. Pourquoi accepter que les groupes français aient des marchés étrangers et refuser que les FMN étrangères investissent et prennent des part d’entreprises françaises.

      Voila !

      Cela m’étonnerait que ce message arrive sur votre forum mais comme l’on dit : Qui ne tente rien, n’a rien !

  • Cet article ,ainsi q’un autre intitulé :"parce qu’il existe un communisme en dehors du PCF"ont un particularisme commun, qui consiste à partir d’un constat (la droite a gagnée) et d’un verbiage pseudo révolutionaire,à nous faire passer un message qui ressemble fort à ce que nous venons de vivre au cours des dernières années.

     Les forces de gauches sont déorganisées et incapables de présenter un projet societal.

     Le capitalisme est a un degré de pourissement avancé.

     Seules les structures alternatives peuvent être le moyen de lutte et de résistance

    Pour ma part si je fais une analyse critique de la socièté actuelle ,avec ses évolutions, ses reculs sociaux et surtout l’insuffisance de lutte idéologique donc de lutte politique,il me semble indispensable de situer les responsabilités (voir sur ce site "Et maintenant" publié le 16 mai),il me parait d’autre part indispensable de ne pas dissocier,les luttes sociales et politiques et le rôle des élus indispensable à bien des égards.Il ne s’agit pas d’électoralisme bourgeois, mais de se servir de tous les leviers de la "démocratie bourgeoise" pour faire avancer la lutte émancipatrice .Les attaques contre les partis politiques et plus particulièrement le PCF font partie de cette lutte de discrédit permanente ,qui soutend une incapacité d’action donc de changement, à ce titre est partie intégrante de la bataille idéologique de la droite.

    La lutte contre le système, doit être menée à tous les niveaux et sur tous les fronts,ce qui suppose donc de n’exclure aucune force et à fortiori les mieux organisées,toute démarche contraire ,affaiblit globalemment,cette lutte, c’est la principale analyse que devraient faire les forces de gauche dans notre pays.

    Roger bretagne

    • c´est avec notre argent que nous pouvons faire aussi quelque chose , et etre dans un parti et syndicat (a i, greanpeace, attac) salut j f dieux

    • Mais non Roger, tu n’as rien compris, tu veux recommencer les mêmes erreurs du passé avec les mêmes acteurs pour les mêmes élections qui aboutirons aux mêmes impasses. Vous autres au PC (sans parler du PS et même de la gauche de la gauche) vous êtes indécrottables et ne savaient tirer aucune leçon de l’Histoire.

      Tu veux mobiliser pour les législatives et vous allez prendre un nouveau bouillon, et alors ? qu’est ce qu’on fait après ? On pleure ? on adhère au PC ? au PS ? à la LCR ?à LO ? ça va nous faire une belle jambe tu crois pas ?

      Organiser l’alternative ce n’est pas recommencer les mêmes conneries, c’est trés concrètement organiser un autre modèle économique et social alternatif, mais ça tu ne le comprend manifestement pas.

      Magda

    • Les militants du PCF sont au charbon,ils sont dans les luttes actuelles et seront dans les luttes futures et toi tu es où Magda ?mis a part essayer de mettre a mort ceux qui,malgrés leurs erreurs,essayent de relever la tête ?

      Jean Claude des Landes

    • Je suis dans les luttes aussi mais au lieu d’avoir la tête courbée, plein de tous les slogans des organisations politiques qui nous ont mis dans la merde, j’essaye de comprendre les raisons des échecs et me rend compte que jusqu’à présent on ne nous a raconté que des conneries.

      Je me rend compte que tous les acquis sociaux sont entrain d’être bouffés et que l’on est incapable de les défendre sinon à pétitionner et à protester, ce dont le pouvoir se fout complètement.

      Je me rend compte qu’une fois de plus on nous demande d’être sage, de croiser les doigts et de croire aux prochaines élections, qui j’en suis convaincu comme toi (sic) seront un plein succés (resic).

      Je me rend compte que si on ne fait pas travailler nos méninges pour élaborer une stratégie politiquedifférente de celle des bureaucrates qui nous manipulent on prendra du Sarko pendant dix ans et plus.

      Voilà ce que je fais, et si tu faisais pareil avec tes copains au lieu de baisser la tête et de pleurnicher, on arriverait peut-être à changer les choses.

      Magda

    • que proposes tu MAGDA , alternatif ? ca veut dire quoi , etre encarte attac ( j´y suis aussi) , la gauche ou si vous preferez la gauche de la gauche ( deja c´est faux car le ps est au centre (? ou deja a droite ? a chacun sa reponse)) : DONC la gauche (lo lcr pcf) a deja propose des alternatives ; UN SOCIALISME democratique. il y ale capitalisme ou le socialisme , entre les 2 , pour moi du moins je ne vois pas ce qu´il y a , salut a vous tous j f dieux

  • A Magda, si tu avais pris le temps de lire mon article "Et maintenant"paru sur ce site le 16 mai,tu aurais pu constater que mon analyse globale tenait compte de trés nombreux éléments d’actualité qui se concrétisent de plus en plus ces derniers jours.La recomposition à droite semble plus rapide que celle à gauche ,encore faut-il savoir ce que l’on veut !

    Tout le problème,c’est qu’il ne s’agit pas seulement de rejeter quelque chose :un système économique ,mais bien de construire et là les divergences de fond apparaîssent et trés rapidement on s’aperçoit qu’une trés grande partie de ceux qui se disent "antilibéral" ne sont plus d’accord pour changer le système ,mais plutôt pour un aménagement de type social démocrate,sauf que la situation actuelle ne permet plus ce type d’amménagement.

    Je peux comprendre ,l’impatience et même l’amertume de ceux qui pensent qu’il s’agit seulement de personnes ou d’appareil,la réalité c’est un problème de fond :oui ou non ,voulons nous la fin de l’exploitation capitaliste et si oui comment ? "La gauche" dans notre pays a souvent été majoritaire,lorsque le PC était fort des avancées notables ont été obtenu,ce n’est pas suffisant !Car remis en cause avec son affaiblissement.Encore faut-il savoir ce qu’on veut,ce n’est pas une simple question électorale,c’est lutter pour changer la societé,changer radicalement.

    Aujourd’hui le contexte politique et idéologique doit nous conduire à mener les luttes sociales et politiques en recherchant ce qui peut unir,en gardant notre identité,mais en ayant à l’esprit et en permanence qui est l’adversaire.Les luttes se mènent d’abord dans la tête,c’est ainsi que la droite a gagnée !L’anti-communisme qu’il soit primaire ou élaboré ,distillé par la droite ou par des relais sociaux démocrates,"alternatif" historico-philosophiques ou tous autres reste de l’anti-communisme : cela a toujours été la cible préférée du Capital,Pose la question :pourquoi ?et je l’espère pour toi tu trouveras ton chemin.

    Fraternellement

    Roger bretagne