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La dégringolade du Snes : l’analyse de Front unique

par Front unique

Publie le vendredi 12 décembre 2014 par Front unique - Open-Publishing
13 commentaires

LETTRE DE LIAISON des militants combattant pour le FRONT UNIQUE des syndicats de l’enseignement public

Lettre de liaison N° 239 - 10 décembre 2014

Le gouvernement prolonge et amplifie son offensive contre les personnels de l’Education Nationale, et les fonctionnaires.

L’orientation de coopération de la direction nationale de la FSU, de ses syndicats nationaux (SNES, SNUIPP...) seule responsable de la large défaite subie aux élections professionnelles

(- 5% en moyenne, - 6,4% chez les professeurs certifiés).

Cette défaite conforte l’offensive gouvernementale.

Il est nécessaire que les syndiqués se regroupent pour une autre orientation syndicale :

Rupture avec le gouvernement ! Défense des statuts et de l’enseignement public.

Le feu roulant de l’offensive gouvernementale

Dans le primaire , décret "rythmes scolaires" : mise sous la coupe des collectivités territoriales des professeurs d’école, pulvérisation du caractère national de leurs obligations de service, annualisation des services pour les remplaçants, remise en cause de la gratuité scolaire (activités périscolaires payantes dans de nombreuses communes), remise en cause de la laïcité (activités périscolaires animées par des associations confessionnelles ici ou là).

Dans le secondaire, liquidation des décrets de 50. Avec le nouveau décret, pouvoir pédagogique aux chefs d’établissement, multiplication à l’infini des réunions hors temps d’enseignement, l’enseignement n’étant plus qu’une activité parmi d’autres, diminution de salaires pour certains collègues (en particulier les enseignants en BTS).

Pénurie désastreuse d’enseignants. Dans certains départements (le 93 par exemple), élèves sans enseignants. Le ministère au mépris de l’intérêt des élèves met devant les classes des personnels vacataires dénués de toute qualification. Il utilise cette pénurie pour prévoir des modalités de recrutement dérogatoire, au mépris complet des règles statutaires. Voilà la réalité des prétendus 60 000 postes !

Offensive tous azimuts contre l’enseignement disciplinaire et son évaluation, contre les programmes et les diplômes nationaux. C’est le sens du nouveau "socle" qui fait disparaître la notion de discipline. C’est le sens des propositions du Conseil Supérieur des Programmes (où siège l’ancien secrétaire général du SNES, Denis Paget) qui propose benoîtement la suppression de la notation (donc de toute notion de niveau à atteindre pour les élèves, donc de tout diplôme délivré par l’Education Nationale attestant de ce niveau, les "certifications" ne pouvant alors être délivrées que par les patrons).

Les dirigeants de la FSU, du SNES, du SNUIPP ont soutenu et soutiennent l’offensive gouvernementale avec une ardeur inédite dans l’histoire de notre fédération et de nos syndicats.

Refus obstiné de la direction du SNUIPP et de la FSU d’exiger le retrait du décret rythmes scolaires, et au contraire participation à tous les niveaux au "Comité de suivi" qui le met en œuvre.

Présentation frauduleuse du nouveau décret sur les enseignants du secondaire comme "sécurisant" le statut, la direction du SNES ayant comptabilisé 14 "acquis du SNES FSU" dans le nouveau décret. Participation au Comité technique ministériel qui constituait le "laissez-passer" dont avait besoin le gouvernement et, mieux même, abstention des représentants du SNES permettant au gouvernement de se targuer d’un vote majoritaire.

Appel aux collègues à répondre favorablement à toutes les questions du gouvernement sur le "nouveau socle".

Propagation de la fable gouvernementale des 60 000 postes (Le Monde lui-même, qu’on ne peut suspecter d’hostilité envers le gouvernement, n’en a trouvé qu’à peine plus de 3 000, tout le reste relevant d’une opération de carambouille gouvernementale).

A l’échelle de la Fonction Publique, participation aux "négociations" qui visent à la liquidation de la Fonction Publique de carrière, notamment de la progression à l’ancienneté. Soutien ouvert à la ministre Lebranchu créditée d’avoir "choisi de défendre le statut" (dans POUR revue de la FSU)

La défaite du SNES, du SNUIPP aux élections professionnelles est un point d’appui pour l’offensive gouvernementale.

Les résultats des élections professionnelles, avec l’affaiblissement dans des proportions inédites du SNES, du SNUIPP, est une aubaine pour le gouvernement. Car ce qui est en cause, c’est la possibilité pour les enseignants de se saisir de leur syndicat majoritaire (et qui, dans le cas au moins du SNES et du SNEP, sont la continuité du syndicat archi majoritaire de l’ancienne FEN). La pulvérisation syndicale ne peut servir que le gouvernement !

Qui est responsable de la défaite ?

A peine la défaite annoncée, les dirigeants de la FSU, du SNES, du SNUIPP se sont dépêchés de désigner le responsable. Pour eux, le responsable, c’est le corps enseignant lui-même, accusé de tous les maux : "repli sur soi », "corporatisme" (sous ce dernier vocable, sont mis en accusation les collègues coupables de vouloir défendre leur statut). Mais la vérité, c’est que les seuls responsables de cette défaite, ce sont les dirigeants syndicaux eux-mêmes, leur orientation de soutien éhonté au gouvernement et à sa politique, gouvernement et politique rejetée par la masse des collègues.

Il faut que se regroupent les syndiqués qui veulent que cesse cette orientation de soutien au gouvernement, qu’ils se regroupent dans le but de prendre possession de leur syndicat dont ils sont dessaisis par l’appareil dirigeant.

Les premières déclarations des directions de la FSU et de ses syndicats en attestent. Non seulement à aucun moment, elles ne remettent en cause l’orientation qui a donné ce résultat, mais elles entendent continuer de plus belle, comme le confirme le communiqué de la direction de la FSU : "La FSU continuera avec force à porter la nécessité des évolutions nécessaires à conduire pour transformer le système éducatif afin d’assurer la réussite de tous les jeunes et défendre tous les personnels. ". On a vu plus haut ce qu’il en est des "évolutions nécessaires" !

La continuation de cette orientation non seulement prépare de nouveaux désastres mettant l’existence même du syndicat en péril, mais elle ouvre toutes grandes les portes à de nouvelles attaques contre nos professions.

Voilà pourquoi le courant Front Unique considère qu’il est urgent que les syndiqués se regroupent pour une toute autre orientation :

 Rupture du dialogue social avec le gouvernement !

 Défense des statuts : abrogation des décrets "rythmes scolaires" et du nouveau décret statutaire dans le secondaire ! Retour aux décrets de 50 !

 Défense de l’enseignement disciplinaire, des programmes et des diplômes nationaux et en particulier du bac, premier diplôme universitaire

 Défense du statut de la Fonction Publique, rupture de la concertation visant à le liquider

 Création des postes nécessaires statutaires. Non à tout recrutement dérogatoire au statut

Le courant Front Unique entend contribuer à ce regroupement en s’engageant dès maintenant dans le combat pour constituer une liste sur cette base lors des prochaines élections renouvelant les instances de la FSU.

Pour la défense de la Fédération, de ses syndicats nationaux, pour combattre et stopper l’offensive gouvernementale, portez-vous candidats sur la liste Front Unique.

(Le règlement intérieur de la FSU qui vise à rendre de plus en plus difficile l’expression d’une autre orientation que celle des actuels dirigeants, a augmenté le nombre de candidats nécessaires.... alors même que l’orientation de la direction aboutit à la diminution du nombre de syndiqués. Nous invitons donc aussi les collègues qui, sans nécessairement partager notre orientation et par souci de démocratie syndicale, veulent que notre point de vue puisse s’exprimer, à se porter candidats.)

Le formulaire de candidature se trouve ici

Il doit être complété soigneusement (le nom de notre liste est FRONT UNIQUE) et envoyé à :

Yves Ankaoua ; Le Petit Bard Bât C 11 ; 8, rue des Alisiers ; 34080 Montpellier

Messages

  • Pourquoi dans ces conditions rester au SNES ? J’ai dû mal à comprendre !

  • A peine la défaite annoncée, les dirigeants de la FSU, du SNES, du SNUIPP se sont dépêchés de désigner le responsable. Pour eux, le responsable, c’est le corps enseignant lui-même, accusé de tous les maux : "repli sur soi », "corporatisme" (sous ce dernier vocable, sont mis en accusation les collègues coupables de vouloir défendre leur statut). Mais la vérité, c’est que les seuls responsables de cette défaite, ce sont les dirigeants syndicaux eux-mêmes, leur orientation de soutien éhonté au gouvernement et à sa politique, gouvernement et politique rejetée par la masse des collègues.

    Il y a quelque chose de totalement contradictoire : le Snes aurait tort de mettre en cause le corps enseignant pour expliquer son recul. OK, pourquoi pas.

    Mais lorsque la tendance Front unique, qui signe l’article, participe aux élections internes, elle ne recueille quasi rien.
    Dans ce cas, ce serait la faute des votants pas assez lucides, ou bien la faute des positions de cette tendance ?
    Si de mauvais résultats sont imputés essentiellement à la direction du collectif qui sollicite les suffrages, il ne faut pas faire 2 poids 2 mesures, il faut aussi appliquer cette analyse à soi-même, non ?!

    • ""Si de mauvais résultats sont imputés essentiellement à la direction du collectif qui sollicite les suffrages, il ne faut pas faire 2 poids 2 mesures, il faut aussi appliquer cette analyse à soi-même, non ?!
      ""

      logique !!
      mais ont ils dit autre chôse ?

    • "La faute aux positions de Front unqiue" ?
      Pas clair, comme formule...!
      Une position peut être juste et ne pas recueillir les suffrages. ce sont les limites (très graves, d’ailleurs) de la démocratie. Quand on sait comment "fonctionnent" les instances du Snes, sa cogestion avec l’administration, on ne parlera même pas ici de démocratie.
      Et puis, vois-tu souvent les positions des tendances non majoritaires dans la presse de ce syndicat ? Jamais. Ou quasiment jamais : les scrutins sont verrouillés par Unité et action.

    • Et puis, vois-tu souvent les positions des tendances non majoritaires dans la presse de ce syndicat ? Jamais. Ou quasiment jamais : les scrutins sont verrouillés par Unité et action.

      Que de manichéisme ! Tout blanc ou tout noir, pffff...

      On sait bien que, comme toute direction, UA utilise sa position pour se maintenir. C’est vieux comme le pouvoir. Néanmoins on n’est pas en Corée du nord, les tribunes des tendances minoritaires sont régulièrement publiées sur les bulletins académiques, les élections internes sont libres etc. (moi je suis proche d’Ecole Emancipée)

      Pourquoi chercher Un coupable, un "père" (le syndicat mythifié) responsable, alors que c’est collectivement que la profession s’est laissée bouffer.
      Ce qui empêche les réactions qui seraient nécessaires face aux dégradations, ce n’est pas le positionnement du snes, c’est que, à l’instar de tout le mouvement ouvrier, on est tous (individuellement ou collectivement) "en panne" en ce moment.
      Le snes est le reflet de la profession. Je lui reproche de ne pas avoir trouvé les moyens pour lancer une réaction efficace, d’être aussi à la rue que tout le monde, mais pas d’être je ne sais quel traitre responsable du désastre. Trop facile de se défausser ainsi, de mon point de vue.

    • logique !!
      mais ont ils dit autre chôse ?

      Ben oui, il me semble...

      Quand on tire à boulets rouges sur une direction en la rendant responsable d’une dégringolade de 50 à 44% (vote concernant l’ensemble de la profession), qu’on prétend savoir que c’est son "mauvais" positionnement qui en est responsable etc.

      Et que dans le même temps, sur ses propres "bonnes" positions, on réunit 1 ou 2% (vote concernant les syndiqués), je trouve que c’est ne pas manquer d’air, c’est voir la paille pas la poutre etc.

    • tu écris :
      Et que dans le même temps, sur ses propres "bonnes" positions, on réunit 1 ou 2% (vote concernant les syndiqués), je trouve que c’est ne pas manquer d’air, c’est voir la paille pas la poutre etc.
      "
      "

      y a t il eu une chute de 6% ? non,alors le score ne peut être mis sur une mauvaise position il me semble ,il est faible certes mais pas de recul important .et si jamais il est interprété comme tel,ont ils refusé l’argument de de leur positionnement,je crois pas non plus.

    • y a t il eu une chute de 6% ? non,alors le score ne peut être mis sur une mauvaise position il me semble ,il est faible certes mais pas de recul important .et si jamais il est interprété comme tel,ont ils refusé l’argument de de leur positionnement,je crois pas non plus.

      Drôle d’argumentation : ils étaient presque tout en bas, ils le sont restés, donc... ils ont réussi à ne pas baisser, bilan positif...

      Pour clore définitivement mes commentaires à ce sujet, je peux résumer ma réaction ainsi :
      Je trouve un peu... étrange (euphémisme) de voir des gens ultra-minoritaires (Front Unique,1 à 2 % des syndiqués) tirer à boulets rouges et dénoncer un énorme échec de gens (le Snes) qui ont baissé sérieusement mais qui obtiennent néanmoins 44% des voix auprès de l’ensemble de la profession.

      Je n’approuve pas du tout les positions de la direction du Snes, je la combats en interne, pour autant je ne veux pas être l’hôpital qui se fout de la charité, je me sentirais un peu ridicule. Un peu de modestie ne nuit pas à « l’avant-garde ».

    • La prose de snes, pluraliste ?

      Pour affirmer ça, il faut ne jamais la lire !!

    • La prose de snes, pluraliste ?

      Pour affirmer ça, il faut ne jamais la lire !!

      Arrêtez de vous la jouer "goulag" et d’être si méprisants !

      Dans chaque bulletin académique, les différentes tendances (dont celle que je soutiens, l’école émancipée) ont une tribune. C’est un fait. Et lors des élections internes, toutes les tendances peuvent faire leur propagande. C’est aussi un fait.

      Mais j’ai également dit :

      On sait bien que, comme toute direction, UA utilise sa position pour se maintenir. C’est vieux comme le pouvoir.

      Être un peu nuancé, pour être crédible, non ?

      Dans la situation de merde où on est, chacun croit intelligent de taper sur l’autre, de le rendre responsable de tout, la guerre des chapelles bat son plein, c’est la faute à Sud, à la CGT, au Snes, au NPA, au Front de gauche, au PCF.
      Rendre les autres responsables de tout, pour s’exonérer soi-même, alors que nous sommes tous impliqués dans la situation, alors qu’il faudrait construire le neuf... Grosse fatigue...

    • Dans la presse nationale du Snes, aucune information sur les tendances minoritaires. Cela est un fait.

      Pour le reste, on est pas adorateur du goulag dès qu’est dénoncée la ligne collabo du Snes.
      Au contraire.

    • Dans la presse nationale du Snes, aucune information sur les tendances minoritaires. Cela est un fait.

      Oui c’est vrai, et on peut le regretter. C’est ce que j’inclus dans "UA utilise sa situation pour assoir son pouvoir" (et oui, c’est pas parce qu’on n’est pas d’accord avec une vision "tout noir" qu’on est sur une vision "tout blanc", la nuance, camarade !)

      Mais l’essentiel, sur le plan qualitatif, est que les syndiqués ont accès aux thèses des tendances. On pourrait préférer que cet accès soit quantitativement plus grand, mais honnêtement ça changerait quelque chose aux résultats ? J’en doute.

      D’autant que, en tant que militant, je pense que c’est par le dialogue direct, sur le terrain, avec les syndiqués qu’on peut faire avancer ses thèses.

      Il ne faut pas vouloir tordre la réalité : on peut le regretter (je préfèrerais que ma tendance Ecole émancipée recueille 50% des voix plutôt que 15%), mais de fait les tendances ont la représentativité que leur donnent les syndiqués. Ils ont tort, sans doute, mais faut-il pour autant les dissoudre ? Je ne crois pas, plutôt continuer d’essayer de les convaincre "en positif" de la justesse de tel ou tel positionnement, sans chercher à mettre "la faute sur les autres".