Accueil > La fatigue gagne pompiers et policiers après dix nuits de violences
La fatigue gagne pompiers et policiers après dix nuits de violences
Publie le lundi 7 novembre 2005 par Open-Publishing5 commentaires

Les milliers de pompiers, gardiens de la paix et CRS, engagés dans la lutte contre les incendies et les violences en région parisienne depuis le 27 octobre, commencent à ressentir les effets de la fatigue, certains craignant même qu’elle ne conduise à des dérapages.
"Quand on est fatigué, relève un responsable policier sous le couvert de l’anonymat, la discipline se relâche et les réflexes sont moins bons, et du coup, la fatigue, alliée au stress, peut devenir source d’accidents et de bavures".
Selon le capitaine Laurent Vibert de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), dont la zone de compétence comprend la capitale et les trois départements de la petite couronne (Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine, Val-de-Marne), les pompiers sont "fatigués" après ces nuits passées à combattre les incendies dans les banlieues, tout en étant la cible de jets de projectiles.
Du coup, des renforts venus de province ont été envoyés en Ile-de-France afin d’ »épauler » les hommes de la BSPP et de leur »permettre de souffler et de remettre en état » un matériel éprouvé par ces nuits de violences, précisait samedi ce porte-parole de la BSPP. »On a besoin de cette bouffée d’oxygène pour tenir le choc si ça dure », ajoutait le capitaine Vibert.
Jeudi matin, devant la concession Renault d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) à moitié détruite, une jeune policière de 25 ans, en service depuis dix-huit heures, faisait état de sa fatigue et racontait : »Dans le 93, on est en sous-effectif et on n’a pas envie de risquer notre vie tous les jours. Je n’ai jamais vu ça ici. Même les collègues qui sont ici depuis dix-quinze ans le disent ».
»Je suis inquiet, je sens la fatigue gagner les policiers », lâche Jean-Claude Delage, secrétaire général adjoint d’Alliance, premier syndicat des gardiens de la paix.
»C’est vrai, confirme Joaquin Masanet, secrétaire général de l’Unsa-police, très fortement implanté dans les unités de CRS, nous sommes fatigués, mais nous devons rétablir l’ordre républicain ». Selon ce responsable, dix-neuf compagnies républicaines de sécurité (80 hommes par unité) sont actuellement déployées en région parisienne et restent sur le terrain en moyenne une douzaine d’heures, de 17H00 à 05H00.
Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, qui rend régulièrement visite aux pompiers, policiers et gendarmes sur le terrain depuis le début des émeutes le 27 octobre, est visiblement soucieux d’éviter tout dérapage, dû à la fatigue ou au stress.
A l’issue d’une visite-surprise à des policiers à Viroflay (Yvelines), dans la nuit de vendredi à samedi, il leur a demandé de conserver leur »calme » et les a appelés à un strict respect de leur »déontologie ». »Ne répondez pas aux provocations », leur a-t-il dit.
A la direction de la gendarmerie, on assure »ne pas observer pour le moment de fatigue ou de difficultés particulières » au sein des sept escadrons (80 hommes) confrontés aux violences en région parisienne, ajoutant »suivre avec vigilance » l’évolution de leur état physique.
Les gendarmes mobiles, des »militaires », sont habitués à travailler de longues heures, selon les demandes des autorités, relève-t-on de même source.
Les escadrons de »moblots » (surnom des gendarmes mobiles), rappelle un officier, sont rompus aux opérations de maintien de l’ordre dans des conditions difficiles, comme ils l’ont prouvé au Kosovo ou en Côte d’Ivoire.
Messages
1. > La fatigue gagne pompiers et policiers après dix nuits de violences, 7 novembre 2005, 12:14
Il ne me semble pas que les policiers aient attendus d’être "fatigués" pour se comporter violemment !! Depuis plusieurs années leur entrainement est orienté vers la lutte et la répression de tous les mouvements de lutte d’où qu’ils viennent et pour ce faire il n’y a pas de cadeaux. Leur seul objectif étant la protection de l’état, le reste est accessoire.
2. Ce qui manque aux forces de l’ordre..., 7 novembre 2005, 16:08
Des syndicats de police unanimes
Les syndicats évoquent le manque d’expérience des jeunes policiers et leur absence d’encadrement. Bruno Beschizza, secrétaire général du syndicat Synergie Officiers. "Historiquement, la police nationale est le parent pauvre de l’administration pour ce qui est de la formation. Avant 1995, la formation des policiers était si peu importante qu’elle ne faisait même pas l’objet d’une direction. Puis, avec Jean-Pierre Chevènement, il y a eu une prise de conscience du problème. Il y a vingt ans, l’instruction d’un gardien de la paix n’était que de deux mois. Elle est aujourd’hui d’un an. Par contre, au niveau de la formation continue, deux logiques s’opposent : celle du ministre, qui veut lui donner la priorité, et celle du chef de service, qui veut faire du chiffre tout de suite. Il faudrait prendre des mesures coercitives pour obliger les chefs de service à envoyer leurs fonctionnaires en stage. D’autre part, il faudrait mettre en place des formations plus longues, avec à la clé un diplôme valorisant pour les jeunes, et faire une plus grande placeàl’immersion.Par exemple, après un mois de cours sur la gestion du conflit, envoyer les jeunes sur le terrain à Aubervilliers pendant quinze jours pour mettre en pratique ce qu’ils ont appris. Histoire qu’ils comprennent qu’on n’est pas à Disneyland !" Laurent Forini, secrétaire national chargé du social et du médical du Syndicat général de la police. "Il est vrai que la formation des ADS est très sommaire. Mais sur le papier, les missions d’accueil du public et d’îlotage confiées aux ADS ne sont pas difficiles, et subordonnées aux personnels encadrants. Le problème vient de ce que leurs fonctions ont été étendues au fil des ans, faute d’effectifs de gardiens de la paix pour les assurer. Les ADS sont donc devenus des sortes de policiers pas chers. Créer des emplois-jeunes dans la police n’était pas une très bonne idée. Ce n’est pas un endroit propice pour cela, car il y a énormément de risques à être en bleu marine. A fortiori, pour les jeunes venus des cités, qui sont considérés comme des traîtres passés dans l’autre camp. Leur travail principal, qui était l’amélioration des rapports entre police et cité, n’a pas fonctionné à cause de ce rejet." Jean-Luc Garnier, secrétaire national d’Alliance. "Le problème des ADS, c’est qu’on ne les emploie pas comme on le devrait. En raison du manque d’effectif, ils sont considérés comme des policiers. Nous étions contre le principe des ADS. C’est un problème récurrent que l’on dénonce depuis des années. Mais aujourd’hui, ils sont là, et on ne peut pas les virer. Quant à la formation des jeunes policiers, elle est excellente ! Le problème est dans la gestion et l’affectation de ces jeunes, qui se retrouvent parfois dans les banlieues, sans encadrement. Le fait est qu’on n’incite pas les anciens à rester dans les zones difficiles. Il faut espérer que la réforme des corps et carrières de la police nationale va faire évoluer les choses." Michel Gastaldi, secrétaire général de la CGT police. "Aujourd’hui, on laisse les jeunes sur la voie publique dès la sortie de l’école, sans aucune expérience. Il faut qu’ils soient tout de suite efficaces, opérationnels et rentables. S’il est clair qu’on apprend davantage le métier sur le terrain, encore faut-il être bien encadré. Le problème est que, sur Paris, il y a un turnover de personnel très important, et ceux qui ont l’expérience et l’ancienneté n’y restent pas. De plus, les jeunes venus de province sont en décalage culturel avec les populations parisiennes. Pour la CGT, la solution passe par une politique de l’emploi et par l’abandon de la recherche du rendement à tout prix. Pour attirer les jeunes et fidéliser les anciens, il faut aussi améliorer les conditions de travail et de vie des policiers." Johakim Masanet, secrétaire général de l’UNSA police. "Le métier est de plus en plus difficile. Cette année, huit policiers ont été tués et cinq mille blessés. Et depuis le 1er janvier, dix-neuf policiers se sont suicidés. De plus, il y a un gros problème de management dans la police, et la communication passe mal entre les échelons hiérarchiques. Dans les régions parisienne, lyonnaise et marseillaise, les jeunes sont mal encadrés. Rallonger la formation des jeunes ne sert à rien s’il n’y a pas d’effectifs pour les encadrer sur le terrain. Cela devrait changer avec la réforme des corps de police, qui prévoit la création de vingt-cinq mille postes de brigadiers à partir de 2005."
" Le problème n’est pas technique mais humain"
Selon le psychosociologue Charles Rojzman, " il faut créer des rencontres, des échanges avec la population". Entretien avec Charles Rojzman, psychosociologue spécialisé dans la formation des responsables, personnels et agents de services publics à la gestion de la violence, des conflits et du racisme, dans les quartiers en difficulté. En votre qualité de psychosociologue, quelles remarques formuleriez-vous sur la formation des jeunes policiers ? Charles Rojzman. À mon avis, une dimension manque totalement à cette formation : celle de la relation avec les publics qui mettent les policiers en difficulté, c’est-à-dire ceux des quartiers. Si vous parlez avec les formateurs, ceux-ci vous diront qu’on forme les jeunes policiers de manière scolaire, en leur donnant des cours sur l’islam ou sur la sociologie des banlieues. Mais cela ne les aide pas à affronter les difficultés ni à vaincre les préventions qu’ils ont à l’encontre des jeunes des quartiers. Les jeunes policiers vivent des situations très difficiles sur le terrain. Ils doivent se débrouiller tout seuls et, par manque de formation, ne sont pas en mesure d’intervenir de manière adaptée. Vous avez été amené à travailler avec des formateurs de la police. Quelles sont les instructions qui leur sont données en haut lieu ? Charles Rojzman. Les directives données aux formateurs sont très théoriques et "politiquement correctes". Les instructions techniques sont classiques, et positives, dans le sens où elles doivent apprendre aux policiers à se sécuriser eux-mêmes tout en sécurisant les populations. Cependant, le problème n’est pas technique. Il est humain. Je vous donne un exemple : on m’a raconté une intervention de policiers, dans une banlieue, pour rechercher une personne. Ils entrent dans une maison, où se trouve une jeune femme enceinte, et l’obligent à s’allonger par terre. Cette manoeuvre, qui était destinée à la protéger déventuelle balle perdue, a été très mal interprétée par les gens de la cité qui y ont vu une humiliation gratuite. Que préconiseriez-vous pour améliorer de manière concrète la formation des fonctionnaires de police ? Charles Rojzman. Il faudrait partir des difficultés éprouvées par les policiers. La priorité, c’est de vaincre la méfiance et les préjugés des formateurs et des formés à l’égard des habitants des quartiers. Et réciproquement. Pour cela, il faut créer des rencontres, des échanges avec la population. Dans cette perspective, les jeux de rôles sont un moyen parmi d’autres de se mettre en situation. Ils permettent d’avoir un regard critique sur sa propre attitude, et de prendre ses responsabilités au lieu de se poser en victime. Favoriser les rencontres entre jeunes et policiers permet de travailler sur leurs images respectives. Les policiers ont tendance à croire que travailler sur les relations équivaut à être gentils, et ils se défendent d’être des assistantes sociales. En fait, il faut qu’ils apprennent à se faire respecter par leur comportement, et non plus seulement par l’aura que leur confère leur fonction. Le manque de communication se retrouve-t-il à l’intérieur des commissariats ? Charles Rojzman. Oui, malheureusement, on retrouve ce problème dans toutes les branches professionnelles. Les policiers se plaignent d’une absence d’écoute, d’un certain mépris de leur hiérarchie. Celle-ci est souvent décrite comme déconnectée de la réalité et trop carriériste. La solidarité est absente des commissariats, à quelques exceptions près, quand un commissaire arrive à l’instaurer. D’ailleurs, la formation des commissaires devrait aussi comporter la promotion du travail en équipe.
Jawad voulait être flic...
Sous effectif, manque de formation... Jawad Mahjoubi, ex-adjoint de sécurité au commissariat de Longwy (Meurthe-et-Moselle), témoigne. Longwy (Meurthe-et-Moselle) envoyée spéciale. Blouson de cuir, cheveux ras, Jawad a le genre de carrure massive qui force le respect. Mais son physique de malabar et son look de gosse des cités n’en font pas un gros dur pour autant. Marié et père de famille à vingt-quatre ans, il officiait, il y a deux mois encore, au sein de la police. Aujourd’hui, cet ex-policier en devenir pointe au chômage. Engagé comme adjoint de sécurité (ADS) en 1999 au commissariat de Longwy, il fait partie de ces emplois-jeunes à qui l’on a fait miroiter la perspective d’un engagement dans la police nationale, puis que l’on a débarqués sans ménagement.Dépourvu d’amertume, avec justesse et sincérité, il décrit la formation quasi inexistante des nouvelles recrues, le choc de l’arrivée sur le terrain, la violence à laquelle il est confronté tous les jours, mais aussi les déceptions, l’individualisme et le mépris des "gradés" envers ceux qu’ils considèrent comme de la "police au rabais". C’est lorsqu’il voit Jean-Pierre Chevènement annoncer sur France 3 la mise en place d’emplois-jeunes dans la police que Jawad a le déclic. Le ministre de l’Intérieur déclare que l’entrée des jeunes issus des quartiers difficiles sera facilitée. Le jeune homme, âgé de dix-neuf ans, y voit une occasion inespérée de tordre le cou aux idées reçues sur les jeunes des banlieues. "J’en avais marre des idées préconçues sur nous. Il n’y a pas que des mauvais jeunes dans les quartiers, et les bons jeunes ne sont pas que sur les terrains de sport." Il passe avec succès une série de tests psychologiques (les mêmes que ceux de la SNCF pour l’embauche) avant d’être auditionné par un jury. Les autres candidats sont en costume- cravate, lui en jean-baskets. "J’ai compris qu’ils cherchaient des gens d’origine maghrébine, ou asiatique." Formation sur le terrain Après six semaines d’une formation plus que succincte, le jeune ADS débarque au commissariat de Longwy. Et prend toute la mesure du problème d’un seul coup. Les ADS incarnent la nouvelle police de proximité. En mission d’îlotage, il leur faut établir le contact avec la population, sécuriser les quartiers et les transports en commun. Ils doivent toujours être accompagnés d’un gardien de la paix et ne sont pas censés participer aux interventions de lutte antidélinquance. Pourtant, le jeune homme réalise très vite que sa participation à la vie du commissariat va de loin dépasser le champ de ses attributions d’ADS. "Les commissariats de province souffrent d’un manque d’effectifs chronique. Donc, on utilise des ADS pour pallier." Jawad est amené à participer à des interventions à risque. Il s’occupe du transfert de prisonniers, "des gens dangereux". Souvent, on le laisse seul sur le terrain, ou bien accompagné d’un autre ADS. "Ça m’est arrivé de tourner des journées entières, seul sur une mobylette, pour surveiller la cité. C’est pas normal." Au bout d’un an et demi, le jeune adjoint de sécurité est muté à la deuxième brigade. Là, il est utilisé comme un vrai policier, en brigade d’intervention. Un jour, il est envoyé en renfort sur le braquage d’une bijouterie. "C’est moi qui ai permis d’interpeller l’individu", déclare-t-il fièrement. Mais il arrive que la situation le dépasse. "Une fois je me suis retrouvé avec un gardien de la paix au milieu d’une foule de forains en furie. Ils étaient au moins quatre-vingt- dix. J’ai cru qu’ils allaient nous tuer. Les renforts sont arrivés trop tard et nous avons dû reculer." Rétrospectivement, le jeune homme regrette : "Nous n’étions pas formés pour la lutte antidélinquance. On ne l’avait pas appris à l’école de police." De même, il dénonce le manque de formation psychologique : "On ne nous a jamais appris comment discuter, gérer un différend. C’est très important durant une intervention de savoir calmer la situation." En fin de compte, le jeune adjoint apprend sur le tas ce qu’il n’a pas acquis en formation. À la brigade de police-secours, il a la chance d’être pris en main par des policiers expérimentés. "Eux auraient fait de bons formateurs. Mais aujourd’hui cette génération est partie à la retraite", déplore-t-il. Ces hommes, auxquels il voue une admiration non dissimulée, Jawad les appelle avec respect les "anciens". Ils prennent le temps de lui apprendre le travail, lui montrent comment garder son calme lors des confrontations. Stagiaires inexpérimentés Si Jawad arrive à surnager, ce n’est pas le cas de tous les stagiaires, qu’ils soient ADS ou gardiens de la paix. "Sur le terrain, vous devez gérer et être fort psychologiquement. Vous n’avez pas droit à l’erreur." Pour les nouvelles recrues, se retrouver catapultés dans une banlieue difficile peut vite tourner au cauchemar. "Jeter des jeunes flics sans expérience dans ces zones-là, c’est les envoyer à l’abattoir. Ils n’arrivent pas à se faire respecter par les gars des cités. Il y en a beaucoup qui partent en dépression." Ou qui partent tout court : d’après lui, seuls 30 % à 40 % des ADS deviennent gardiens de la paix à l’issue de leur CDD. "On est des dangers pour nous, nos collègues, et pour les gens qu’on est censé défendre", assène Jawad. Tout frais émoulus de leur formation (six semaines pour les ADS, onze mois pour les gardiens de la paix), l’inexpérience des jeunes recrues est un vrai handicap pour elles comme pour les autres. Pas étonnant donc que les gardiens de la paix rechignent à faire équipe avec les bleus. "Les policiers ne sont pas en confiance pour intervenir avec un stagiaire sur les bras. Des fois, ils ont peur d’intervenir et laissent passer les choses." Mais la détermination du jeune homme reste intacte. Depuis son intégration dans la brigade, il a pris quarante kilos. "Le stress", confie-t-il. Il a aussi récolté plusieurs blessures en intervention, subi une agression qui lui a valu une clavicule cassée et s’est fait menacer physiquement à son domicile. Il a aussi pas mal déprimé... Malgré tout il n’a jamais baissé les bras. Jawad connaît aussi ses heures de gloire, fugitives. Au terme d’un nouveau stage de quinze jours, il devient agent de police judiciaire (APJ). En fait, comme il le dit avec humour, il est "payé au SMIC pour faire le même travail qu’un gardien de la paix". Le nouvel agent reçoit plusieurs témoignages de satisfaction, écrits et officiels, pour des interventions durant lesquelles il s’est illustré par son courage et son esprit d’initiative. Pourtant, malgré la motivation et l’efficacité dont il fait preuve, il ne se sent pas reconnu par ses supérieurs. En cinq ans, mis à part ces lettres ampoulées qui reconnaissentuneaction ponctuelle, il ne reçoit jamais de retour positif, ni de compliments sur son travail de la part de ses gradés. Pourtant, il ne réclamait pas grand-chose. Une simple tape sur l’épaule aurait suffi. Ou un coup de fil pour prendre de ses nouvelles alors qu’il était cloué sur son lit d’hôpital après son agression. "Il y a un manque de communication, un manque de dialogue évident dans les brigades. De toute façon, quand vous dites ce que vous pensez dans la police, on vous casse", regrette Jawad. Les rapports humains ne semblent pas faire partie du quotidien de son commissariat. L’ancien agent décrit un univers sans pitié, où l’on fait peu de cas des subordonnés. "C’est un milieu difficile, ingrat, où règne le chacun pour soi. Et on n’a pas droit à l’erreur." " mes origines maghrébines " Le jeune homme va l’apprendre à ses dépens. Son erreur aura, sans doute, été d’être trop zélé et d’avoir voulu "faire son boulot correctement" en faisant un rapport contre un gardien de la paix un peu trop porté sur la boisson pendant les heures de service. Et puis, sans doute aussi, d’être issu de ces mêmes quartiers où il allait patrouiller. "Moi, j’avais la connaissance de la langue du quartier. Mais certains flics n’aiment pas qu’on parle arabe devant eux." Ce qui aurait pu être une chance d’améliorer le dialogue entre les jeunes des banlieues et la police n’est pas exploité. Au contraire, on s’en sert pour écarter Jawad lorsqu’il passe le concours interne pour devenir gardien de la paix. "On m’a demandé si je parlais arabe à la maison, pourquoi je m’étais marié au Maroc... toutes les questions tournaient autour de mes origines maghrébines. Le jury m’a fait comprendre que je ne correspondais pas au profil." Aujourd’hui,Jawad pourrait être amer. Après avoir patrouillé le quartier pendant cinq ans, il se retrouve seul. Sa famille et lui-même sont menacés par des personnes qu’il a interpellées. Les jeunes de son quartier se moquent de lui, convaincus qu’il s’est fait "virer". Et bien entendu, il ne bénéficie d’aucune protection. que les choses changent Heureusement,quelques anciens collègues lui ont conservé leur amitié. Aujourd’hui, le jeune homme se défend de vouloir "cracher dans la soupe". Sa vocation était de devenir policier et, s’il tient à s’exprimer dans les médias, c’est pour que les choses changent dans les commissariats. "S’il peut y avoir, ne serait-ce que 10 % de positif dans ce que j’ai fait, alors c’est gagné", déclare-t-il. Lucide, il n’arrive pourtant pas à comprendre les véritables raisons de son rejet. Nous non plus, d’ailleurs... Quand les commissariats se débarrassentd’éléments jeunes, dynamiques et motivés comme Jawad Mahjoubi, on est en droit de se demander : "Mais que fait la police ?"
Articles parus dans le Web de l"Huma : http://www.humanite.fr en Août 2004
Isabelle
1. > Ce qui manque aux forces de l’ordre..., 20 février 2006, 19:21
bonjour ,je m’appelle mahjoubi jawad je suis intervenu dans la presse pour que certaines idees passe apparement les politique se foute de tout ce que j’ai dit c l’omerta complet il y a de grande chance que je quitte la france vous pouvez me contacter je vous en dirais plus.
3. La fatigue n’est pas le seul problème de nos forces de police...l’humanité est bien loin devant., 7 novembre 2005, 16:14
J’encourage tout le monde à aller faire un tour sur le Site d’Amnesty International-France :
http://amnesty.asso.fr
et y consulter le Rapport public "France : pour une véritable justice.Mettre fin à l’impunité de fait des agents de la force publique",
figurant dans la rubrique "France" dans le menu de gauche...
Isabelle
1. > La fatigue n’est pas le seul problème de nos forces de police...l’humanité est bien loin devant., 7 novembre 2005, 21:53
Merci pour ce lien, le rapport est éloquent...