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Le Grenelle de l’environnement, beaucoup de bruit pour rien !

Publie le samedi 11 octobre 2008 par Open-Publishing

de Michel MENGNEAU

La semaine à l’assemblée a vu la fin de l’épisode du RSA cher à Martin Hirsch. Comme il fallait s’y attendre les députés de la majorité ont voté pour un projet complètement dépouillé de son concept premier, donc de sa véritable nature sociale, il en ressort qu’il s’agit d’une nouvelle aide aux entreprises qui vont pouvoir par ce biais et de façon légale embaucher de la main-d’œuvre rétribuée à bas prix.

Les socialistes qui ne savent plus quoi inventer pour ne pas prendre de décision se sont une nouvelle fois abstenus. C’est à se demander si de manière générale il n’approuve pas la politique de ce gouvernement et qu’ils s’abstiennent pour ne pas perdre de nombreux électeurs. Quoi qu’il en soit, ils sont de plus en plus inconsistants.

Devant l’iniquité de cette loi les communistes ont voté « non » et ont pris leurs responsabilités malgré une sorte de chantage larmoyant faisant passer comme abject le fait de ne pas cautionner la fausse charité publique d’état. Fausse charité qui, elle, favorise sans vergogne l’intérêt de quelques uns, les nantis. D’ailleurs le débat sur le financement de ladite loi fut tout à fait significatif pour démontrer quels étaient les intérêts que ce gouvernement voulait privilégier. Pour l’explication de vote des communistes c’est Roland Muzeau qui s’en est chargé, voici une partie de la fin de son intervention :

« Ce dont notre pays a besoin, ce que nos concitoyens attendent, ce n’est pas que vous incitiez les entreprises à proposer des petits boulots et contraignez les plus pauvres à les accepter, c’est une authentique politique de l’emploi.

La priorité doit être aujourd’hui au relèvement des minima sociaux, au relèvement du SMIC, à la lutte contre l’emploi précaire, à l’amélioration des conditions de travail, à l’amélioration de l’offre de formation, à l’allocation de moyens décents aux politiques d’insertion...
Au prétexte de venir en aide aux plus pauvres, vous ne proposez aujourd’hui que de faire peser sur eux de nouvelles contraintes, de nouvelles sujétions. Or la pauvreté est l’affaire de tous. Elle implique que l’Etat prenne ses responsabilités et qu’il exige également des entreprises que celles-ci prennent les leurs. »

Que dire de plus, car là sont les bonnes propositions !

On peut rappeler que la semaine avait commencé par un débat -si l’on peut considérer cela comme un débat dans la mesure où cette suite d’allocutions ne fut pas soumise à l’approbation du parlement- sur la crise et qui ne restera pas dans les anales. Fillon nous a psalmodié une suite de propos insignifiants sur le fait qu’il fallait aller vers un capitalisme à visage humain, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes !. Cela fait songer à l’avènement d’une nouvelle religion, que l’on devrait au patron du premier ministre qui faisant de plus en plus dans la spiritualité aurait converti celui-ci en une sorte de prêcheur pour servir la messe d’un soi-disant nouveau capitalisme réformé, nous n’avons pas fini d’entendre des incantations toutes aussi oiseuses les unes que les autres.

On a eut l’impression pendant un temps que Hollande montait sur ses grands chevaux pour nous faire la démonstration des effets néfastes du capitalisme, en somme une opposition ferme et farouche au libéralisme, erreur, c’était simplement pour nous donner quelques solutions de replâtrages à ses yeux salvatrices, de plus en plus minables ces socialistes.

Comme ce débat sonnait faux même le discours de Jean-Pierre Brard n’eut pas l’emphase qu’on lui connait, on peut néanmoins noter quelques passages significatifs d’opposition au libéralisme dont celui-ci :

« L’Union européenne, paralysée par ses dogmes libéraux, dont celui de la concurrence libre et non faussée, est impuissante dans une situation où l’action publique est décisive, et elle se garde bien de s’attaquer aux paradis fiscaux ou bancaires qui prospèrent en son sein, ou à ses frontières. »

Il y avait aussi au programme de la semaine la mise en chantier de la loi concluant le premier Grenelle de l’environnement.

Depuis le début nous sommes un certain nombre à considérer cette initiative comme une mascarade, une sorte de cache misère n’abordant pas le fond du problème ; c’est-à-dire qu’il n’y aura pas d’écologie véritable sans une remise en cause politique et par conséquence une autre optique économique pour la société que le productivisme capitaliste.

Déjà le débat a été tronqué en l’absence de concertation sur le nucléaire, c’est même une fin de non recevoir, puis en parallèle a été voté une loi qui dans l’avenir est la porte ouverte à la prolifération des OGM. Quand il s’agit de défendre les grands lobbies industriels on passe outre le Grenelle qui en fait sert de fourre tout à quelques « mesurettes » que l’on proclame haut et fort, en oubliant d’ailleurs qu’elles ont été limitées dans leur efficacité par quelques amendements comme celui de Ollier. De la poudre aux yeux ! Mais écoutons se qu’en pense André Chassaigne :

« En définitive, c’est une écologie « Canada dry » que l’on nous propose d’adopter aujourd’hui. Nous nous retrouvons pour débattre d’un texte boiteux, qui a la couleur supposée de l’écologie, le goût de l’écologie, mais qui est bien loin de répondre aux véritables enjeux écologiques.

Mes chers collègues, le fantasme d’une révolution écologique guidée par le marché et à coût « zéro » pour l’Etat imprègne l’ensemble de ce texte. Pensé au « Palais », stratosphère de l’Etat, relooké à Matignon, édulcoré boulevard Saint-Germain, idéalisé avenue de Ségur, ce rêve désormais incarné du « libéralisme écologique » ne s’apparente-t-il pas à un véritable « hold-up environnemental », à un « fiasco en gestation », et à un renoncement à toute ambition écologique résolue, faute d’être soutenu par des politiques publiques efficaces ? Le fil du texte égraine pour chaque domaine la volonté permanente du législateur de laisser au capitalisme, qui a si bien fait ses preuves, le soin illusoire de résoudre grâce à sa fameuse « main invisible » l’ensemble des problèmes environnementaux. »

La semaine prochaine verra la suite de ce feuilleton sur une loi qui ne sera qu’un faire-valoir !