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Le rendez-vous syndical du 4 octobre 1 300 000 manifestants

Publie le mercredi 5 octobre 2005 par Open-Publishing

Le rendez-vous syndical du 4 octobre
1 300 000 manifestants

En position de force après le succès de la mobilisation de mardi, les syndicats ont donné un court délai au gouvernement pour qu’il réponde aux revendications des salariés.

La mobilisation du 4 octobre a tenu toutes ses promesses. Salariés du privé et du public, demandeurs d’emploi et retraités ont répondu hier en masse à l’appel lancé le 8 septembre par les confédérations syndicales (FO, CFDT, CFTC, CGG et CGT) pour l’amélioration du pouvoir d’achat des salaires et une autre politique de l’emploi, contre la précarité et le démantèlement du droit du travail ou des services publics. Les 155 manifestations recensées à travers la France métropolitaine ont ainsi réuni 1,3 million de personnes, selon FO, soit une participation supérieure à celle enregistrée le 10 mars dernier (un peu plus d’un million de personnes). Il en est de même pour la participation aux grèves. Après cette nouvelle démonstration de force, le Premier ministre a assuré avoir « écouté le message » des Français alors que syndicats lui ont laissé un court délai pour qu’il leur apporte des « réponses concrètes ».

Selon les syndicats, plus de 150 000 personnes ont battu le pavé à Paris. Ils étaient plus de 100 000 à Marseille, 50 000 à Bordeaux, 35.000 à Nantes et à Toulouse ou encore 30 000 à Grenoble. Si les grandes métropoles ont drainé des foules importantes, des villes plus modestes ont aussi fait le plein à l’instar de Romans (15 000), d’Angoulême (10 000), de Pamiers (4 000) ou de Cherbourg (7 000).
Aéroports, SNCF, transports urbains de province, métro : c’est dans les transports que grèves ont été le plus visibles. À la SNCF, le taux de gréviste a dépassé ainsi les 30 %. Il y a eu aussi 30 % de grévistes à La Poste, plus de 28 % à EDF et près de 32 % à l’Éducation nationale. Au ministère des Finances, 38 % de grévistes ont été recensés, la Direction générale des impôts, étant très mobilisée avec 47,1 % des personnels en grève. Ces décomptes ne sont bien entendu pas exhaustifs. Les arrêts de travail ont aussi perturbé l’audiovisuel public, en particulier à France 3 et à Radio France, ainsi que la distribution des quotidiens nationaux absents de la plupart des kiosques.

Mais, le fait marquant de la journée reste l’implication significative des salariés du privé dans les cortèges. Cela a été le cas notamment à Grenoble où cadres et ingénieurs de Hewlett-Packard se sont joints en nombre au défilé et à Romans où les salariés de Jourdan et Kélian, deux entreprises de chaussures de luxe sur le point de fermer, ont également massivement participé à la manifestation locale.
« Tout le gouvernement écoute le message que nous adressent les Français. Nous voulons répondre à leurs inquiétudes et à leurs aspirations. Ils veulent des résultats et nous nous battons pour cela », a déclaré hier après-midi le Premier ministre Dominique de Villepin, selon qui, « c’est pour cela que toutes les marges de manœuvre de notre budget ont été dégagées pour l’emploi, pour le pouvoir d’achat et pour l’avenir ».

Reste que les syndicats ne réclament pas seulement d’être écoutés mais surtout d’être entendus. « Après la grève, il faut des négociations, sinon l’action se poursuivra », prévient Jean-Louis Walter (CFE-CGC), qui se félicite de la « forte mobilisation des cadres dans le privé, « une nouveauté, parce que dans l’entreprise, le pouvoir d’achat n’évolue pas ». François Chérèque (CFDT), lui, « attend aujourd’hui, (...) des réponses très claires sur l’emploi et le pouvoir d’achat » et « attend du gouvernement qu’il soit beaucoup plus exigeant avec les entreprises » en contrôlant « l’utilisation des 22 milliards d’aides aux entreprises ». Selon Bernard Thibault (CGT), « gouvernement et MEDEF ont quelques jours pour donner des signes tangibles qu’ils ont entendu le message », notamment sur le contrat nouvelle embauche, dont les salariés réclament le retrait.

« Lorsqu’on n’est pas entendus, il ne reste plus qu’à manifester. Ou gouvernement et patronat répondent aux questions, ou ils ne le font pas et alors nous verrons la suite. Tout le monde est bien conscient qu’il y a un profond malaise social aujourd’hui. La mobilisation inclut salariés du public et du privé, y compris des salariés de PME sans syndicats », résume Jean-Claude Mailly (FO). Tous les syndicats se disent maintenant prêts à envisager des suites aux 4 octobre qui dépendront des réponses que le gouvernement donnera dans les jours à venir. Et Jean-Claude Mailly d’avertir que les syndicats ne lui laisseraient « pas 15 jours »